Herculanum - Définition

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Introduction


Mosaïque de Neptune et Amphitrite.
Coordonnées 40° 48′ 21″ Nord
       14° 20′ 51″ Est
/ 40.80583, 14.3475
Pays Italie Italie
Région** Europe et Amérique du Nord
Type Culturel
Critères (iii) (iv) (v)
Superficie 980 500 ha
Numéro d'identification 829
Année d’inscription 1997

Herculanum (en italien moderne Resina puis Ercolano depuis 1969) était une ville romaine antique située dans la région italienne de Campanie, détruite par l'éruption du Vésuve de l'an 79, conservée pendant des siècles dans une gangue volcanique et remise au jour à partir du XVIIIe siècle.

La cité était petite avec une superficie de 12 hectares, dont environ 4,5 ha ont été dégagés, et une population estimée à quatre mille habitants. La cité n'est connue qu'en partie, la plupart des édifices publics ou cultuels étant inconnus à ce jour.

À partir de 1738, les premiers fouilleurs creusèrent des tunnels dans la gangue qui emprisonne la cité, à la recherche d'œuvres d'art et de marbre. Le roi des Deux-Siciles organisa les fouilles de ce premier chantier archéologique du monde occidental, dont les produits contribuèrent à la diffusion du néo-classicisme dans la seconde moitié du siècle. La décision de faire les fouilles à ciel ouvert fut prise en 1828, celles-ci ne prenant une ampleur particulière qu'au XXe siècle. La fin de ce siècle vit des découvertes importantes avec la découverte d'un grand nombre de squelettes dans les abris à bateaux bordant la plage, permettant de mieux appréhender le destin de la population, et la reprise des fouilles de la grande villa des Papyrus.

Ses remarquables vestiges apportent cependant une considérable connaissance de terrain sur la civilisation romaine au Ier siècle de par les circonstances de la destruction de la ville : les fouilles ont livré un matériel archéologique exceptionnel, en particulier en bois, et également des œuvres littéraires inconnues par ailleurs dans les papyri de la bibliothèque d'une vaste villa suburbaine.

La notoriété d'Herculanum est éclipsée par celle de Pompéi, mais le site offre pourtant sur un périmètre concentré des vestiges très évocateurs, grâce à leur élévation et la restauration de nombreuses couvertures.

À l'occasion du trois centième anniversaire de la découverte du site, une importante exposition s'est tenue au musée archéologique de Naples d'octobre 2008 à avril 2009, qui a fait sortir des réserves de magnifiques statues trouvées dans la villa des Papyri.

Origine et histoire

Fondation et développement

Comme le révèle clairement son nom, l’origine d’Herculanum est liée à la figure mythique du demi-dieu Hercule. D’après la légende rapportée par Denys d'Halicarnasse, c’est lui qui a fondé la ville lors de son passage en Italie de retour d'Espagne avec les bœufs de Géryon.

La région fit l'objet d'une active colonisation grecque, avec la prépondérance régionale de Cumes, fondée en 740 av. J.-C.. La poussée étrusque vers le sud, marquée par la fondation de Capoue en 524 av. J.-C., se heurte à la présence grecque. La défaite étrusque de -474 contre la coalition de Cumes et de Hiéron de Syracuse fait passer Herculanum et Pompéi sous l'influence grecque, pour quelques décennies seulement. Vers 420 av. J.-C. d'après Diodore de Sicile et Tite-Live, des montagnards samnites prennent le nom de Campaniens, s'emparent de Cumes et des cités de la baie de Naples, dont Herculanum et Pompéi, s'y installent à la place des anciens habitants et y exercent une influence durable.

Avec l'expansion romaine vers la Campanie et les guerres samnites, Herculanum et Pompéi passent dans l'alliance romaine, qui se maintient lors des incursions en Italie de Pyrrhus et d'Hannibal. Mais malgré leur fidélité à Rome, les habitants d'Herculanum et de Pompéi se voient refuser le droit de cité romaine, ce qui les pousse à la révolte en 90 av. J.-C. lors de la guerre sociale. En juin 89 av. J.-C., T. Didius, légat de Sylla, prend d'assaut Herculanum qui reçoit ensuite le peuplement de vétérans de Sylla.

Si en 80 avant J.-C., Pompéi devient une colonie de droit romain, Herculanum a dû attendre la fin des années 30 avant notre ère pour obtenir le statut de municipe.

Herculanum et Pompéi connaissent une phase de remarquable développement urbain sous Auguste, et si à Rome le fonctionnement républicain s'est arrêté, Herculanum continue d'élire chaque année ses magistrats, les duumvirs. L'évergétisme de certains de ces magistrats se manifeste par les installations publiques dont ils dotent la ville à leurs frais, ainsi qu'en témoignent les statues honorifiques et les inscriptions trouvées sur le site : Marcus Nonius Balbus, tribun en 32 av. J.-C. qui fit une belle carrière sénatoriale sous Auguste, fit bâtir une basilique et fit effectuer des travaux de réparations sur les remparts de la cité, qui en retour lui fit ériger des statues, ainsi qu'à d'autres membres de sa famille. M. Spurius Rufus construit un marché (macellum, non découvert), rénové par L. Mammius Maximus, augustale de l'époque augustéenne. Annius Mammianus Rufus construit ou rénove le théâtre et M. Remmius Rufus équipe la ville d'une balance publique (pondera), d'une horloge et d'un lieu de réunion (schola). Les riches affranchis ne sont pas en reste, et les frères Lucii financent un petit sanctuaire (sacellum) en l'honneur d'Auguste. Les deux mille places du théâtre laissent estimer par extrapolation une population d'environ cinq mille habitants, moitié moindre que celle de Pompéi.

Une cité tranquille

Selon certains ouvrages, Herculanum se développe comme station balnéaire très appréciée par les riches Romains et comme ville résidentielle des grandes familles patriciennes, attirées par la splendide position panoramique du promontoire sur lequel elle est bâtie, par son climat et par les produits typiques de la campagne environnante. Cette interprétation doit être nuancée : toute la baie de Naples était un lieu de villégiature pour l'aristocratie romaine, la nobilitas, et les auteurs antiques consacrent Baïes comme la station balnéaire réputée.

La cité, outre ce visage de lieu de villégiature, possède aussi les caractères d'une cité provinciale de Campanie. Le site archéologique n'offre qu'une vue partielle d'Herculanum, un quartier où se côtoient des modestes habitations d'artisans et de pêcheurs, des petites demeures bourgeoises et des riches maisons luxueusement décorées avec vue panoramique sur la mer, mais néanmoins moindres que les vastes villae hors les murs qu'aménagent les plus riches.

L'ambiance des quartiers dégagés parait tranquille : assez peu de boutiques, de petits ateliers, pas d'usure de chaussée qui refléterait un trafic intense des rues menant à la mer, pas de trace dans les graffiti de campagne électorale enfiévrée comme à Pompéi. Herculanum que nous connaissons reste éloigné des grands échanges commerciaux et des luttes politiques, l'exiguïté de la cité n'a pas aboli la mixité sociale, et les belles demeures sont un agréable refuge pour les riches citoyens de la proche métropole napolitaine.

La destruction

Statue équestre de M. Nonius Balbus, désormais au Musée archéologique de Naples, inv. 6211

Comme Pompéi, Herculanum fut partiellement détruite lors du tremblement de terre du 5 février 62 après J.-C.. On reconstruisit ou on répara avec des techniques nouvelles comme l’opus reticulatum, ou plus rapides, employant la brique (opus latericium), c'est pourquoi on retrouvera tant de colonnes en briques revêtues de stuc. De nouveau, les riches citoyens, tel M. Nonius Balbus, ancien préteur à pouvoir proconsulaire contribuent aux réparations du domaine public. Balbus finance la remise en état des remparts et des portes de la ville, et de la Basilique. En reconnaissance, le sénat d'Herculanum lui fait élever des statues, dont une statue équestre à l'entrée de la Basilique, un autel de marbre sur sa sépulture et décide de dédier les jeux gymniques en son nom. L'empereur, accaparé par la reconstruction après le grand incendie de Rome, puis par les guerres civiles, n'intervient qu'en 76 : Vespasien contribue à la restauration du temple de la Grande Mère.

Inscription trouvée dans la Grande palestre, honorant la restauration du temple de la Grande Mère par Vespasien

Mais en 79 Herculanum est totalement détruite comme Pompéi, Stabies et Oplontis par l’éruption du Vésuve. Herculanum fut ensevelie sous une couche de matériaux volcaniques de plus de quinze mètres d'épaisseur. Pendant longtemps, l'insuffisance des connaissances en vulcanologie fit qu'on se ramena à des interprétations classiques, une coulée de lave aurait englouti Herculanum. Les progrès dans la compréhension des manifestations volcaniques ont donné lieu à deux théories : pour Maurice Krafft, Herculanum a été submergée par une coulée de boue brûlante et fluide (un lahar), engendrée par les pluies diluviennes qui ont entraîné des amas pyroclastiques instables sur le flanc du Vésuve. La fange brûlante noya les maisons, s'infiltra dans tous les interstices, brûla les arbres, les poutres, le mobilier. La couche d'une vingtaine de mètres recouvrit la cité, le rivage qui était à environ 200 mètres d'Herculanum est repoussé à plus de 500 mètres.

Selon une autre hypothèse, une nuée ardente a accompagné l'éruption principale. Une avalanche de roches et de cendres mêlées à un gaz à très haute température a dévalé la pente, et englouti Herculanum, avec les mêmes effets d'ensevelissement et de carbonisation que ceux décrits ci-dessus. L'étude stratigraphique des dépôts volcaniques lors des fouilles des années 1980 sur l'ancien rivage d'Herculanum fit constater une accumulation en deux étapes : les strates inférieures étaient composées de matériaux légers, cendres et éclats de roches avec des inclusions de petits débris, tels que des morceaux de tuiles et des fragments de crépi de mur. Les couches supérieures témoignent d'une force de charriage beaucoup plus puissante, entraînant des tronçons de colonnes et des blocs de maçonnerie issus de murs fracassés. Par ailleurs, lors de l'éruption du mont Saint Helens en 1980, on a pu observer que l'écoulement des nuées ardentes se dissociait en deux flux de vitesses différentes, le surge (terme anglais pour « vague »), coulée pyroclastique fluide et rapide et un flot puissant (en anglais flow). Selon l'observation stratigraphique du rivage d'Herculanum, on reconstitue le scénario suivant : en quelques minutes, une vague pyroclastique issue du Vésuve atteint Herculanum par le côté est. Son écoulement sur le sol abaisse sa température, qui reste suffisante pour calciner les matériaux organiques, mais plus pour les vaporiser et les pulvériser. Charriant des débris légers et très fluides, elle noie Herculanum sous plusieurs mètres, enrobe mobilier et victimes, mais ne les volatilise pas. Le flot pyroclastique principal suit peu après, massif et dévastateur, il achève l'enfouissement de la ville.

La dure croûte de tuf volcanique qui recouvrit l’antique Herculanum permit de construire la nouvelle ville de Résina au-dessus de l'ancienne cité. La violente éruption de 1631 ajouta une couche de lave sur Résina. Toutefois, en 1969, cette ville reprit son nom antique, Ercolano en italien.

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