Henry Toussaint - Définition

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Introduction

Jean-Joseph Henry Toussaint

Jean-Joseph Henry Toussaint, né le 30 avril 1847 à Rouvres-la-Chétive et décédé le 3 août 1890 à Toulouse, fut un médecin et vétérinaire français.

Il étudia le bacille du choléra des poules, alors connu depuis quelques années, et proposa des procédés de vaccination contre le charbon, notamment par atténuation de la virulence à l'aide d'un antiseptique (phénol), ce qui donne lieu à des accusations de plagiat contre Pasteur, qui, sans le dire, utilisa lui aussi un antiseptique (le bichromate de potassium) lors de la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort.

Biographie

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Né le 30 avril 1847 dans un petit village des Vosges, Rouvres-la-Chétive, Henry Toussaint est fils de menuisier et d'une brodeuse.

En octobre 1865, il commence ses études à l'École nationale vétérinaire de Lyon.

En 1869, il y obtient son diplôme de vétérinaire. Quelques mois après, il exerce dans son école comme vétérinaire jusqu'au mois de novembre 1876. En même temps, il concourt à l'École vétérinaire de Toulouse et passe le baccalauréat pour pouvoir postuler à un poste d'enseignement

En décembre 1876, il est nommé professeur d'anatomie, de physiologie et de zoologie à l'École vétérinaire de Toulouse, chaire qui devint plus tard celle de physiologie et de thérapeutique.

Il passe un doctorat ès sciences à Lyon et simultanément son doctorat en médecine. Ce dernier grade lui permet d'être nommé professeur de physiologie à l'École de médecine de Toulouse en 1878.

À partir de 1881, sa santé décline : atteint d'une maladie nerveuse dont le diagnostic exact ne fut jamais établi avec certitude, les facultés intellectuelles d'Henri Toussaint se détériorent progressivement. Il est mis en disponibilité le 1er juillet 1887.

Le ministère de l'Agriculture, reconnaissant ses services rendus à la science, lui attribue une généreuse allocation annuelle. Malgré son état de santé, les sociétés savantes de son époque ne l'oublient pas : elles se montrent également généreuses en lui accordant plusieurs prix : prix de la fondation Montyon (physiologie expérimentale, médecine et chirurgie), prix de la fondation Bréant décernée par l'Académie des sciences (1877, 1880, 1881), prix Barbier décerné par l'Académie de médecine (1882), prix Vaillant (1883), prix de Behague par la Société nationale d'Agriculture (1885), prix Gegner (1889).

Grâce à ces divers concours, il est sauvé de la misère et un traitement décent peut lui être assuré à la fin de ses jours.

Après 9 ans de maladie, il décède à 43 ans, le 3 août 1890, entouré de l'affection et des soins de son épouse.

Chronologie des travaux de Toussaint

Henry Toussaint, vétérinaire et jeune professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse, fait des recherches sur le bacille charbonneux. Il prend comme point de départ les travaux de Casimir Davaine qui avait présenté de nombreux articles à l'Académie des sciences sur cette maladie.

1877

À partir de 1877, Toussaint présente deux communications qui sont lues par M. Bouley, inspecteur général des Écoles vétérinaires à l'Académie des sciences.

1878

Cette année-là, Toussaint présente de nombreuses communications à l'Académie des sciences, toujours lues par M. Bouley.

Le 18 mars 1878, Toussaint y présente un nouvel article sur le charbon. Il présente des preuves de la nature parasitaire du charbon et montre que les lésions de la maladie sont identiques chez le lapin, le cobaye et le mouton.

Le 4 avril 1878, Bouley présente une autre communication de Toussaint. Celui-ci démontre l'action inflammatoire du sang charbonneux.

Le 15 avril 1878, il propose une théorie de l'action des bactéries charbonneuses. Le 8 juillet 1878, Toussaint envoie une autre note.

1879

En 1879, il se rend en Beauce (France) pour y étudier la maladie charbonneuse (appelée aussi "sang de rate") et il publie ses résultats dans un rapport adressé au ministre de l'agriculture : il y montre clairement que cette maladie se communique par les aliments, qu'il n'y a pas de charbon spontané, et que l'inoculation est toujours la condition nécessaire de l'apparition de la maladie.

En 1879, à la Faculté de médecine de Lyon, il présente une thèse qui résume ses travaux sur le charbon. Ce mémoire contient également un travail sur le choléra des oiseaux de basse-cour : il démontre la présence du microbe de cette maladie et l'analogie avec celle-ci avec la septicémie (autre maladie décrite à l'époque d'Henry Toussaint).

Le 2 juin 1879, Toussaint adresse à l'Académie des sciences, pour le concours Bréant, son mémoire sur ses Recherches expérimentales sur la maladie charbonneuse. Sur le choléra des oiseaux de basse-cour. Étude au point de vue du microbe parasite de cette maladie : pour ces travaux, il reçoit le prix l'année suivante.

1880

Début 1880, Toussaint utilise dans ses premiers essais un procédé à base de filtration de sang charbonneux. Il abandonnera ce procédé parce que « C’est un moyen dangereux et nullement pratique, car souvent les filtres laissent passer des bactéridies que le microscope reconnaît difficilement, parce qu’elles sont très rares, et l’on tue les animaux que l’on voulait préserver ».

Par la suite il remplace le procédé de filtration par un chauffage à 55°C du sang charbonneux défibriné pendant 10 minutes, en présence d’une concentration faible d’acide phénique (0,25 %).

Il constate, début mai 1880, l’efficacité de chauffage à 55°C, et constate qu’il faut, pour obtenir l'efficacité de son procédé, renouveler une fois l’injection du produit.

Le 12 juillet 1880, Henri Toussaint dépose un « pli cacheté » à l’Académie des sciences : il parle de la possibilité de faire acquérir une immunité contre le charbon.

Le 2 août 1880, il envoie une note sur le choléra des poules.

En raison de l’importance de la communication du 12 juillet 1880 sur le procédé d'immunisation contre le charbon, et à la demande de quelques académiciens, le secret est vite levé.

À cet effet, Toussaint adresse une note le 2 août 1880, pour demander l'ouverture du pli cacheté qu'il avait déposé le 12 juillet 1880.

On y apprend qu’il préconise le chauffage du sang charbonneux défibriné à 55°C pendant 10 minutes. Il réussit grâce à ce procédé à obtenir l’immunité du jeune chien et du mouton.

Les 6 et 8 août 1880, Toussaint organise une vaccination à la ferme de l'école d'Alfort à Vincennes (double inoculation de vingt moutons).

Le 19 août 1880, Toussaint fait à Reims une communication au congrès de l’Association pour l’avancement des Sciences : il y parle de ses procédés de vaccination ; il pense que son vaccin a une action immunisante et postule que cette action est due soit à la production de substances antibactériennes, soit à l'action de l’antiseptique (acide phénique) présent dans son procédé.

1881

Il publie encore un article sur quelques points relatifs à l'immunité charbonneuse et sur un procédé nouveau de vaccination du choléra des poules.

Mais il ne publiera plus que quatre articles sur la tuberculose : par la suite, en raison de son problème de santé, il ne produira plus de publications.

En mai 1881, à Pouilly-le-Fort, près de Melun, Pasteur réalise une grande expérience de vaccination contre le charbon sur 50 moutons. Il prépare deux lots de 25. Le premier lot reçoit, à 15 jours d'intervalle, deux injections de vaccin anti-charbonneux préparé par Louis Pasteur et ses collaborateurs. Puis les deux lots reçoivent une injection de culture vivante de bacille charbonneux. Tous les animaux non vaccinés meurent. Tous les vaccinés survivent. Pasteur, qui n'est pas médecin mais chimiste, est désormais célèbre.

Dans son livre À l'ombre de Pasteur publié en 1938, Adrien Loir, neveu de Pasteur, écrit clairement que le vaccin utilisé lors de l'expérience de Pouilly-le-Fort est un vaccin atténué par le bichromate de potassium, c'est-à-dire selon un procédé semblable à celui du vétérinaire et médecin Henry Toussaint, qui avait publié une méthode d'atténuation par un autre antiseptique, l'acide phénique.

Voici ce que raconte le neveu de Pasteur sur l'expérience de Pouilly-le-Fort :

« En même temps qu'il [= Pasteur] cherchait l'atténuation de la bactéridie charbonneuse par l'oxygène de l'air, Chamberland et Roux essayaient l'action des différents antiseptiques sur ce microbe.

Ils avaient obtenu, avec le bichromate de potasse, une atténuation évidente. Ils inoculèrent deux moutons avec cette culture atténuée, et constatèrent, après inoculation virulente, que ces deux moutons étaient vaccinés. Au laboratoire de la rue d'Ulm, on travaillait chacun de son côté. Tous, la même question, mais avec la directive particulière de son esprit propre. On parlait peu des détails des expériences faites individuellement.

Pasteur, à ce moment, poursuivait l'atténuation des virus par l'oxygène de l'air. C'était une théorie qu'il avait conçue. L'oxygène détruisait la virulence de tous les microbes. Ce n'est, en effet, que longtemps après que Chamberland et Roux obtinrent l'autorisation de publier leurs propres expériences.

Mais, à l'époque, Pasteur fut entraîné à l'Académie de Médecine à faire la célèbre expérience de Pouilly-le-Fort. Ses ennemis lui firent signer le protocole d’une expérience qu’ils ne jugeaient pas possible d’être réalisée. Pasteur, dans sa fougue, signa le protocole. Sur cinquante moutons, il devait en vacciner vingt-cinq, et, à l’inoculation virulente, seuls les témoins qui n’avaient pas été vaccinés, devaient mourir.

En revenant au laboratoire où il annonça la chose, ses collaborateurs lui demandèrent, en faisant des objections, de quel vaccin il allait se servir. Il répondit : « Celui au bichromate de potasse ». C’est en effet celui qui fut utilisé. Il n’avait du reste pas parlé dans le protocole du moyen employé pour obtenir l’atténuation.

Pour lui, la vaccination jusque là était secondaire, et elle venait de prendre la première place. »

Adrien Loir écrit plus loin dans son livre :

« Plus tard, à ceux qui travaillent dans son laboratoire et lui disent qu’ils ont obtenu l’atténuation de la bactéridie charbonneuse par un antiseptique, il [= Pasteur] répond : « Moi vivant, vous ne publierez pas cela, avant d’avoir trouvé l’atténuation de la bactéridie par l’oxygène. Cherchez-la.  »

Les notes secrètes de Pasteur, déposées par celui-ci à l'Académie des Sciences, et connues aujourd'hui depuis 1988, ont expliqué qu'en fait, il avait employé le vaccin chauffé et atténué au bichromate de potassium, suivant en cela une idée dont Toussaint avait la priorité, au moins quant à la publication : l'atténuation par un antiseptique.

Dans son compte rendu d'expérience à l'Académie, au contraire, Pasteur déclare (ou en tout cas laisse entendre) que c'est son vaccin atténué à l'oxygène qui lui a permis de réussir l'expérience sur les moutons charbonneux.

Signalons qu'en 1883 Charles Chamberland et Émile Roux publient une note dans les Comptes Rendus de l'Académie des Sciences : ils commencent l'article en écrivant :

« Dans de nombreuses recherches que nous avons faites, sous la direction de notre maître, M. Pasteur, sur la bactéridie charbonneuse et ses germes, nous avons été conduits à examiner l'action exercée par un grand nombre de substances antiseptiques. Nous avons rencontré dans cette étude de nouvelles conditions d'atténuation de la virulence. »

Ils parlent dans la note de l'utilisation d'acide phénique et de bichromate de potassium, qui sont des procédés mis au point par Henry Toussaint dans la mesure où ils recourent à des antiseptiques (Toussaint avait utilisé l'acide phénique).

Sur le site de l'institut Pasteur, on apprend également (dans la biographie de Chamberland, un des collaborateurs de Louis Pasteur) que le vaccin utilisé à Pouilly-le-Fort fut celui qui avait été atténué par du bichromate de potassium.

Toussaint avait bien déposé un pli à l'Académie au sujet de son vaccin révolutionnaire à germe tué. Il va le modifier en remplaçant le bichromate de potassium[réf. souhaitée], trop violent, par l'acide phénique permettant, cette fois, un vaccin stable et efficace. Hélas, sa mort prématurée (à 43 ans) va l'empêcher de breveter en temps voulu cette découverte. Et c'est Pasteur qui va en profiter pour s'attribuer la paternité d'un vaccin qu'il ne comprenait d'ailleurs pas, puisqu'il ne pouvait admettre qu'un germe tué puisse déclencher une immunité qui, selon lui, ne pouvait venir que d'une forme vivante.

Dans le cas de la rage, c'est encore le vaccin chauffé de Toussaint qui va sauver Pasteur des désastres provoqués par le sien[réf. souhaitée].

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