Une hémorragie peut être minime et n’avoir besoin d’aucune prise en charge médicale. Au contraire, lorsque le saignement est abondant (s’il peut imbiber un mouchoir de papier ou de tissu en quelques secondes), la perte de sang est en elle-même dangereuse : le sang amène l’oxygène aux organes, s’il n’y a plus de sang pour alimenter les organes (ischémie), ceux-ci meurent, entraînant la mort.
Si une hémorragie abondante n’est pas arrêtée, elle va induire un collapsus cardiovasculaire, qui va irrémédiablement évoluer vers la mort de la personne en l’absence de traitement efficace.
Une hémorragie minime peut être caractérisée par l’arrêt du saignement, soit spontané, soit après une courte compression, chez un patient se portant bien. Si elle est d’origine traumatique, son traitement relève de la bobologie : nettoyage et désinfection (penser à la prévention du tétanos chez une personne non vaccinée). Si elle est spontanée, elle requiert dans tous les cas un avis médical rapide mais non urgent ; une rectorragie, par exemple, est le plus souvent conséquence d’hémorroïdes sans gravité, mais peut révéler parfois une maladie plus grave.
Une hémorragie moyenne est un saignement peu abondant qui ne cède pas, ou difficilement à la compression, mais la tolérance générale reste bonne : la compression est efficace, la victime se sent bien mais le saignement reprend dès qu’on la relâche. La victime doit alors se déplacer, si possible, pour une consultation médicale urgente tout en maintenant la compression (éventuellement relayée par un tampon maintenu en place par un lien large, ou un pansement compressif).
Une hémorragie, même bénigne, peut se traduire par un malaise, avec parfois une perte de connaissance, chez certaines personnes sensibles. Le pouls est dans ce cas lent (contrairement à ce qui se passe lors d’un collapsus), témoin d’un malaise vagal, en règle bénin.
Une hémorragie grave comporte des signes de mauvaise tolérance pouvant faire craindre un collapsus cardiovasculaire : sensation de malaise, sueurs, pâleur… Un appel au SAMU est alors indispensable.
Dans le cas d’une hémorragie externe abondante, le principe du traitement repose sur :
Dans tous les cas, laisser la victime à jeun.
Voir Arrêt d'une hémorragie.
Le premier but est d’arrêter le saignement ; les techniques sont similaires aux techniques de secourisme (pansement compressif à préférer au garrot, ce dernier ne devant être fait qu'en cas d'échec de la compression directe). Le second but est d’assurer une oxygénation des organes. Si l’état du patient est satisfaisant (l’hémorragie est arrêtée, la perte de sang est faible, on ne constate pas de signe d’aggravation), la prise en charge ne requiert aucune médicalisation particulière.
Si l’on constate un collapsus cardiovasculaire, la première mesure est de mettre en place une oxygénothérapie.
Ensuite, il faut maintenir une pression artérielle stable jusqu’à l’arrivée de l’hôpital. L’objectif est d’atteindre une pression artérielle minimale permettant un transport sans danger. Pour cela, une voie d’abord veineuse (perfusion) est posée, de préférence sur une grosse veine. Un liquide de remplissage, contenant des ions et des macromolécules (empêchant le passage direct de l’eau du soluté vers les tissus en maintenant une pression osmotique correcte) est perfusé de manière plus ou moins rapide, selon la pression artérielle.
Idéalement, le médecin profite de la voie veineuse pour prélever quelques tubes de sang pour analyse : hémogramme et recherche du groupe sanguin particulièrement en vue d’une éventuelle transfusion.
Il peut être également fait usage de vasopresseurs et d’un pantalon anti-choc ; ceci permet de réduire le délai avant transport, et donc avant la prise en charge hospitalière. Ce facteur temps est critique pour les situations nécessitant de la chirurgie en urgence (notion d’heure d'or), notamment dans les cas d’hémorragie interne ou de polytraumatismes ; dans ce cas, le rétablissement d’une pression artérielle « correcte » est parfois illusoire, et le temps perdu sur place réduit les chances de survie. Il faut donc trouver un compromis entre pression artérielle pour éviter le décès durant le transport, et délai de médicalisation pour préserver des chances de survie.
L’attitude thérapeutique varie selon la partie du corps qui saigne, ainsi que l’abondance du saignement :
Si le saignement a été abondant avec des signes de mauvaise tolérance, devra être discutée une transfusion sanguine après contrôle du groupe sanguin et accord de la victime, s’il peut être recueilli.
Il est très important de ne jamais oublier de vérifier le statut vaccinal contre le tétanos en cas de plaie liée à un traumatisme !
Dans tous les cas, en dehors de cette prise en charge d’urgence, les hémorragies causée par une maladie sous-jacente doivent recevoir un traitement spécifique (après le contrôle de l’hémorragie).
Les principes d’un traitement chirurgical d’une hémorragie sont :
Cas particuliers :
Un certain nombre de molécules ont été utilisées en cas d'hémorragie afin d'en limiter l'importance. Ce sont essentiellement des agents anti-fibrinolytiques. Les principaux représentants en sont l'aprotinine, l'acide amino- caproïque et l'acide tranexamique. Ils sont d'une utilité démontrée avec un besoin moindre en transfusion sanguine. Ils sont utilisés souvent en chirurgie dans ce but. L'aprotinine provoque parfois une insuffisance rénale grave.
Le facteur VII activé recombinant (produit par génie génétique) stimule la coagulation et semble prometteur également dans la maîtrise des saignements graves.
D'autres médicaments ont également été testés, dont la desmopressine.