Le Bearcat connut son baptême du feu durant la Guerre d'Indochine. Par un curieux hasard, dans le seul conflit majeur auquel il participa, il ne se battit pas sous les cocardes de son pays d'origine, mais sous celles de la France ; et alors qu'il avait été conçu comme intercepteur, il ne livra aucun combat aérien, mais fut employé exclusivement comme chasseur bombardier, rôle pourtant considéré comme secondaire lors de son développement.
Les Bearcat furent cédés par les États-Unis à la France dans le cadre de leur aide militaire, afin de remplacer les chasseurs américains Grumman F6F Hellcat reçus en 1950. Ils furent livrés en deux tranches : une première tranche de 44 appareils en février 1951, puis une seconde tranche de 46 avions en mars 1951. Soit un total de 90 appareils modernes, livrés à Saïgon, dans un laps de temps très court. Le F8F devint l’avion standard de l’armée de l’Air durant la seconde et dernière partie de la guerre, avec 160 machines livrées (sur 197 accordées). Cependant aucun avion ne servit dans la Marine nationale, qui demeura fidèle au Grumman F6F Hellcat jusqu'à la fin de la guerre : aux avions qu'elle avait reçu en 1950, elle ajouta en 1951 ceux cédés par l'armée de l'Air.
L'armée de l'Air française n'utilisa pas le Bearcat après la Guerre d'Indochine : les appareils survivants, en juillet 1954, furent cédés aux forces aériennes du Sud-Vietnam, nouvelle nation résultant de la dissolution de l'Indochine française. Ils furent utilisés quelques années, au moins jusqu'en 1956, puis remplacés par des avions fournis directement par les États-Unis.
Les premiers prototypes furent commandés en novembre 1943 et volèrent moins de 9 mois plus tard, le 21 août 1944. Les premiers exemplaires de série ont été livrés en février 1945 et la première escadrille fut opérationnelle le 21 mai, mais les F8F ne connurent pas le feu de la Seconde Guerre mondiale.
Après guerre, le Bearcat devient le principal chasseur de la Navy, équipant 24 fighter squadrons. Souvent mentionné, comme un des meilleur (si ce n'est le meilleur) chasseur à moteur à piston jamais construit. Ses performances étaient telles, qu'il surclassait les premiers avions à réaction. Sa capacité aux acrobaties aériennes fut confirmée par le choix de la Navy d'équiper ses Blue Angels avec des Bearcats en 1946, qu'ils ont utilisés jusqu'en 1950, date à laquelle l'équipe fut temporairement dissoute à cause de la Guerre de Corée. Le Grumman F9F Panther et le McDonnell F2H Banshee ont alors largement remplacé le Bearcat au sein de l'US Navy, leurs performances et d'autres avantages éclipsant définitivement les chasseurs à pistons.
Un exemplaire de série non modifié d'un F8F-1 battu le record de vitesse ascensionnelle en 1946, en montant à l'altitude de 3 048 mètres en 94 secondes (en partant de l'altitude 35 mètres ou 115 pieds). Le Bearcat a détenu ce record pendant 10 ans avant de se faire battre par un chasseur à réaction (qui n'aurait pas pu le concurrencer sur la distance de décollage.).