Résident annuel Visiteur hivernal | Répartition de la sous-espèce C. f. hodgsoni, souvent considérée comme une espèce à part entière Certhia hodgsoni |
Le Grimpereau des bois est l'espèce la plus répandue de son genre, avec une aire de répartition estimée à 10 000 000 km2, voire à 20 500 000 km2. Il vit dans les régions boisées et tempérées d'Eurasie, depuis l'Irlande jusqu'au Japon. Le Grimpereau familier s'est étendu à l'ouest jusqu'aux Hébrides extérieures en Écosse, et plus au nord en Norvège, commençant à se reproduire aux Pays-Bas dès 1993.
L'aire de répartition du Grimpereau des bois recoupe celles de plusieurs autres grimpereaux, entraînant immanquablement des problèmes locaux d'identification. En Europe, il partage notamment une grande part de son aire de répartition avec le Grimpereau des jardins.
Le Grimpereau familier est une espèce non migratoire dans l'ouest tempéré et dans le sud de son aire de reproduction, mais en hiver, quelques oiseaux des régions nordiques se déplacent vers le sud, et les individus vivant dans les montagnes peuvent descendre à de plus basses altitudes, par exemple dans les Balkans. Ces déplacements hivernaux, ainsi que la dispersion suivant la période de reproduction peuvent mener au vagabondage en dehors de la distribution géographique standard. Par exemple, des oiseaux de la sous-espèce asiatique ayant migré en hiver ont été enregistrés en Corée du Sud et en Chine, et la sous-espèce type a été enregistrée à l'ouest de son aire de répartition jusque dans les Orcades, en Écosse. Il a également vagabondé sur les îles Anglo-Normandes (où l'espèce résidente est normalement le Grimpereau des jardins), à Majorque et aux îles Féroé.
Le Grimpereau des bois préfère les vieux arbres à l'écorce lisse, en forêt dense et garnie d'arbustes. Dans la majeure partie de l'Europe, là où il partage son territoire avec le Grimpereau des jardins, il semble préférer les forêts de conifères, et plus particulièrement les épicéas (pessières) et les sapins. En revanche, là où il est le seul grimpereau, comme dans la partie européenne de la Russie, ou dans les îles Britanniques, il fréquente les bois de feuillus (hêtraies, chênaies), ou les forêts mixtes, de préférence mêlées de conifères, telles les hêtraies-sapinières.
Il se reproduit à de basses altitudes, au niveau de la mer dans le nord de sa répartition, mais dans la partie sud peut nicher en montagne. Dans les Pyrénées par exemple, il se reproduit au-dessus de 1 370 mètres, en Chine entre 400 et 2 100 mètres, et dans le sud du Japon entre 1 065 et 2 135 mètres. Les aires de reproduction sont comprises entre les isothermes 14-16 °C et 23-24 °C en juillet.
Il est principalement insectivore, attrapant insectes, cloportes, araignées, larves, chrysalides et œufs. Il peut trouver de quoi se nourrir sur un même territoire en toute saison, sa petite taille limitant ses besoins, et sa méthode de prospection limitant la concurrence. Cet avantage lui permet de rester sédentaire dans certaines aires de sa répartition. Il peut cependant également ajouter quelques graines de conifères à son régime lors des mois plus froids.
Le Grimpereau familier trouve sa nourriture dans les fissures d'écorce des arbres. Il commence à fouiller depuis la base du tronc, puis remonte en décrivant une spirale. Il se sert de sa queue rigide comme appui, et de son bec fin et recourbé pour pénétrer dans les fentes les plus étroites et y dénicher ses proies.
Contrairement aux sittelles, il ne descend pas tête en bas : une fois arrivé au sommet au niveau des premières branches, il vole simplement au bas d'un arbre voisin et se remet à l'œuvre. Il cherche également de temps en temps ses proies sur des murs, au sol ou dans les aiguilles de conifères et autres débris végétaux, et peut également attraper quelques proies en vol.
Selon certaines estimations, ce petit oiseau pourrait visiter 250 à 300 arbres en une seule journée, grimpant donc sur deux à trois kilomètres de troncs et de branches.
La femelle inspecte principalement les parties supérieures des troncs, alors que le mâle fouille plutôt sur les parties inférieures. Une étude menée en Finlande a constaté que si un mâle disparaissait, la femelle esseulée se mettra à chercher au bas des troncs, passera moins de temps sur chaque arbre et sa prospection sera plus courte qu'une femelle appariée.
Durant l'hiver, ils se nourrissent parfois en volées mixtes d’alimentation, c'est-à-dire en compagnie d'individus appartenant à d'autres espèces, mais ils ne semblent pas partager les ressources qu'ils trouvent en accompagnant les mésanges ou les Roitelets huppés (Regulus regulus), et tirent simplement bénéfice de la vigilance accrue d'une bande.
Les fourmis rousses partagent le même habitat que le Grimpereau des bois, et se nourrissent également d'invertébrés, sur les troncs d'arbre. Les chercheurs finlandais ont constaté que là où les fourmis avaient prospecté, il y avait moins d'arthropodes, et que les grimpereaux masculins ont passé moins de temps sur les troncs d'épicéas visités par les fourmis.
Le Grimpereau chante au moins de février à juin.
Le cri de contact est très doux, fin et aigu, en ssrrî, mais l'appel le plus distinctif est un tsree profond, parfois répété comme une série de notes. Le chant du mâle commence par srrih, srrih, suivi alternativement de quelques notes gazouillantes, d'une plus longue ondulation en décrescendo, et d'un sifflement, tombant puis remontant, traduit en ti-t-ti-teu-toî-tititirrrrr…tui.
Le chant peut faire penser à celui du Troglodyte mignon (Nannus troglodytes) et aux trilles de la Mésange bleue (Cyanistes caeruleus). Le Grimpereau des bois peut également imiter le Grimpereau des jardins.
C'est un oiseau discret, au plumage à la coloration cryptique et au cri d'appel calme. Il est facilement remarquable lorsqu'il saute à cloche-pied, grimpant vers le haut d'un tronc vertical, progressant par petits bonds et utilisant sa queue raide et ses pattes aux longs doigts effilés pour se soutenir. Néanmoins, il est peu farouche, et en grande partie indifférent à la présence humaine.
Il a un vol erratique et ondulatoire distinctif, alternant les battements d'ailes semblables à ceux d'un papillon avec des glissades et des chutes. Les individus migrants peuvent voler de jour comme de nuit, mais l'ampleur des déplacements n'est pas mesurable, car brouillée par les populations sédentaires.
Ce sont des oiseaux peu sociables, souvent solitaires en dehors de la période de reproduction. Par temps froid, ils peuvent toutefois se regrouper en dortoirs d'une douzaine d'individus voire plus, se perchant ensemble dans une crevasse abritée, souvent près d'un lieu riche en nourriture.
À la mi-avril, la femelle du Grimpereau des bois construit son nid derrière une écorce détachée, dans une cavité telle un trou dans un arbre, dans la fente d'une souche, ou même dans le trou d'un mur, ou encore dans des nichoirs, notamment dans les bois de conifères. Le nid à deux entrées est constitué de brindilles, d'aiguilles de pin, d'herbe ou d'écorce, et le fond est tapissé de poils et de plumes, de lichen, de mousse ou même de toiles d'araignées. Cet oiseau apprécie tout particulièrement les conifères, mais aussi les vieux arbres, qui présentent davantage de fissures dans l'écorce ou des décollements de celle-ci, ainsi que de plus nombreuses cavités.
En Europe, la femelle pond en mai-juin cinq à huit œufs, généralement cinq ou six, mais au Japon la ponte a plutôt lieu de mai à juillet, ne comprenant que trois à cinq œufs. Ces œufs sont ovales, blancs tachetés de rouge-brun ou de gris, de manière plus dense en allant vers le bout le plus arrondi. Leur taille a pour valeurs extrêmes : 14,0-16,7 mm × 11,0-13,0 mm, pour un poids de 1,2 g, dont 6 % de coquille.
D'après des observations de biologistes finlandais, la répartition des sexes semble être influencée par certains facteurs environnementaux. Ce phénomène serait expliqué par la plus grande taille des mâles, plus difficiles à nourrir, et accusant alors un taux de mortalité deux fois supérieur à celui des femelles. La proportion de jeunes mâles serait directement reliée à l'abondance de nourriture, et donc au type d'habitat. En effet, les araignées, nourriture importante chez le grimpereau, sont par exemple de 38 % plus concentrées sur les troncs lisses que sur des troncs de conifères. Dans ce genre de biotopes, la fréquence de nourrissage est également plus faible, et les couvées produisent davantage de femelles que de mâles. En revanche, les nichées sur des territoires couverts d'arbres à feuilles caduques ou de forêts mêlées ont tendance à produire des mâles en plus grand nombre.
La femelle couve les œufs seule, durant 13 à 15 jours. Les petits sont nidicoles, et sont donc nourris par leurs parents, d'insectes, de larves et d'araignées. Ils quitteront le nid à l'âge de 15 ou 16 jours, errant à proximité, mais la femelle continuera à les nourrir le temps qu'ils s'emplument. Durant cette période, ils reviendront passer quelques nuits dans leur nid d'origine.
Une fois l'élevage des jeunes terminé, les parents pourront avoir une seconde couvée, généralement en juin, ce comportement ne s'observant que dans 20 % des couples, généralement dans le sud et dans l'ouest de la distribution. Les jeunes sont matures au bout d'un an, et commenceront donc à se reproduire dès l'année suivant leur naissance.
Parmi les prédateurs des œufs et des jeunes, on compte des oiseaux tels que le Pic épeiche (Dendrocopos major) ou certains rapaces (Éperviers, Chouettes hulottes), ainsi que des mammifères comme l'Écureuil roux (Sciurus vulgaris) ou de petits mustélidés. Le taux de réussite des couvées n'est pas connu avec précision, mais il se pourrait que seule la moitié des couvées aboutissent à l'envol des jeunes.
Cette prédation est environ trois fois plus forte dans les secteurs morcelés que dans les secteurs boisés compacts : respectivement 12,0 % et 32,4 % des couvées sont importunées par les prédateurs. Le taux de prédation est d'autant plus fort que le nid est installé près d'une lisière de forêt, et augmente avec la présence de terrains agricoles à proximité, dans les deux cas probablement en raison d'une plus grande prédation par les mustélidés, alors plus nombreux.
L'espèce peut être parasitée par le trématode Collyriclum faba, notamment lors de ses migrations, le parasite en profitant pour étendre sa répartition.
Le Grimpereau des bois a une espérance de vie moyenne de deux ans, pouvant atteindre 7 ans, l'âge record enregistré étant de 8 ans et 10 mois. Seuls 47,7 % d'adultes survivent chaque année.