Le grès bigarré est l’étage stratigraphique inférieur du Trias tel qu'il s'exprime en Europe centrale (« trias vosgien »). Ce terme est quelque peu trompeur, puisqu'il ne désigne pas vraiment un type de roche (un grès qui serait de différentes teintes), mais plutôt une formation géologique, épaisse souvent de plusieurs centaines de mètres, qui comporte surtout du grès. C'est pourquoi on parlait autrefois souvent de « grès bigarré » (et, pour l'étage suivant, de « calcaire coquillier ») pour désigner la formation géologique du Trias inférieur. Or le grès bigarré s'interpose dans les strates de façon très différente d'un point à l'autre du globe et pour cette raison, il ne peut servir d'indicateur international pour la subdivision du Trias, et la limite entre le Trias inférieur et le Trias moyen, telle qu'elle est définie aujourd'hui, ne coïncide plus avec celle, trop élevée, du grès bigarré et du calcaire coquillier : la nouvelle limite sépare l'étage du grès bigarré en deux sous-couches. Pour cette raison, il faudrait aujourd'hui réserver l'emploi de l'expression « grès bigarré » à une unité lithostratigraphique. Le grès bigarré surmonte l’étage du Loping'ien et est lui-même recouvert par celui du calcaire coquillier.
En France, il est souvent représenté par des grès rouges de l'Ère secondaire:
L'expression « grès bigarré » (au sens de « grès multicolore », par opposition au grès rouge, ou Rotliegend en allemand) remonte aux travaux d'Abraham Gottlob Werner, qui l'introduisit vers 1780 dans ses conférences à l'École des mines de Freiberg. Avec la classification des étages du Trias en 1834 par Friedrich August von Alberti, la désignation « grès bigarré » (Bunter Sandstein) devint d'usage général. Mais depuis les années 1990, la formation du grès bigarré est entendue comme une hiérarchie lithostratigraphique, divisée à son tour en sous-formations, dont les datations et la succession sont définies avec précision. La stratigraphie séquentielle, cependant, divise l'étage du grès bigarré en périodes qui ne coïncident pas avec les différentes strates de la roche : stratigraphie séquentielle et lithostratigraphie sont en effet deux méthodes différentes d'analyse des couches géologiques.
Les roches du grès bigarré, en particulier celles du grès bigarré moyen, ont souvent été exploitées pour leurs excellentes propriétés (entre autres un clivage aisé) dans la construction des édifices de prestige (par ex. les églises, châteaux et ponts). Les cathédrales de Fribourg et de Strasbourg, le Château d'Heidelberg, le Lion de Belfort, l’Église Sainte-Foy de Sélestat et la chapelle du monastère d'Alpirsbach ont été construits dans ce matériau.
Certaines strates de grès bigarré sont parfois mêlées de façon marginale à des filons de cuivre. Par exemple, dans l'île d' Heligoland, on a longtemps collecté et mis à l'abri les pépites de cuivre natif du grès affleurant.