Georges Dumézil est d'abord un linguiste ; outre le français, il a appris, à chacun de ses voyages, plusieurs langues (tout au moins, il était capable de les "manier", c'est-à-dire de les lire) :
À partir des années 1960 et surtout au cours des années 1980, des historiens comme Arnaldo Momigliano et Carlo Ginzburg accusent Dumézil, apparemment pour des raisons idéologiques, d'affinités avec l'extrême droite, voire de témoigner d'une certaine sensibilité (le même reproche est aussi adressé a Marc Bloch) aux idées nazies, attaquent qui furent réfutées en profondeur. Dumézil a fait partie du comité de patronage de Nouvelle École — revue liée à la Nouvelle Droite accusée d'entretenir un mythe indo-européen — de mai-juin 1972 à novembre 1973 : « [p]lusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer aussi bien l'entrée dans le comité de patronage de Nouvelle École que la décision d'en sortir ».
Pour eux, Dumézil est suspect en raison de son thème de prédilection, les Indo-Européens, que le GRECE mettait en avant dans les années 1970-80. Pourquoi s'intéresser, à partir des années 1930, à un peuple auquel les tenants de l'idéologie aryenne veulent identifier la « race » germanique ?
Aujourd'hui, notamment grâce aux arguments de Didier Eribon, on sait que Dumézil, vigoureusement opposé à toute forme d'antisémitisme, n'a rien d'un nazi. Par ailleurs, ses études sur les Indo-Européens, qui ne laissent rien présager de ses opinions politiques, remontent à une période antérieure à la popularisation de ce thème par les nazis, puisque son premier article sur le sujet date de 1930. Didier Eribon a montré dans cet ouvrage que les détracteurs et accusateurs de Dumézil ne s'étaient pas donnés la peine de lire ses livres et plus particulièrement celui qu'ils utilisaient pour l'accuser (Mythes et Dieux des Germains - Essai d'interprétation comparative, PUF, 1939).
Enfin, les adeptes des théories racistes n'ont jamais eu besoin de Dumézil pour récupérer les thèses sur les Indo-Européens, et ce depuis les premières découvertes sur ce sujet à la fin du XIXe siècle.
Dumézil a aussi entretenu des relations avec des écrivains aujourd'hui « sulfureux » tels que Charles Maurras, Pierre Gaxotte (dont il était resté l'ami), ou Pierre Drieu La Rochelle dans les années 1920, et collaboré dans les années 1930 au journal nationaliste Le Jour (où il signa de son pseudonyme de Georges Marcenay des éditoriaux dénonçant le danger de l'Allemagne hitlérienne).
Répondant aux questions de Didier Eribon, Dumézil dit : « J'ai eu une tentation politique quand j'étais jeune, au sortir de la guerre. Gaxotte me présenta à Maurras qui était un homme fascinant. » Question : « Vous vous êtes rapproché de l'Action française ? » Dumézil : « Je n'ai jamais adhéré. Trop de choses me séparaient d'elle. Le credo de l'Action française était un bloc : il interdisait aussi bien de goûter Edmond Rostand que de croire à l'innocence du capitaine Dreyfus... Très vite, il m'a semblé vain de me soucier de politique intérieure. En fait, dès 1924, le malheur était déjà dans l'air... Et je suis parti pour Istanbul où je me suis laissé pénétrer par le sage fatalisme oriental. » Il déclare aussi à Didier Eribon : « Le principe non pas simplement monarchique, mais dynastique, qui met le plus haut poste de l'État à l'abri des caprices et des ambitions, me paraissait, et me parait toujours, préférable à l'élection généralisée dans laquelle nous vivons depuis Danton et Bonaparte. L'exemple des monarchies du Nord (de l'Europe) m'a confirmé dans ce sentiment. Bien entendu, la formule n'est pas applicable en France. »