Le garrot est un dispositif destiné à arrêter une hémorragie d'un membre lorsqu'aucune autre méthode n'est efficace. La technique consiste à comprimer l'artère du membre contre l'os en utilisant un lien de tissu large et non élastique. C'est une méthode dite de « compression à distance ».
La pose du garrot n'est possible qu'au bras (entre l'épaule et le coude) pour les hémorragies au membre supérieur, et sur la cuisse (entre la hanche et le genou) pour les hémorragies au membre inférieur. Il est important de noter l'heure de pose du garrot sur un papier épinglé aux vêtements de la victime (cette information sera précieuse pour l'équipe médicale).
Un garrot doit se poser sur un membre qui saigne abondamment, après la protection, lorsque l'on ne peut pas arrêter l'hémorragie d'une autre manière. Les cas typiques sont :
L'hémorragie est la seule raison pour laquelle un non-médecin peut poser un garrot. Un médecin peut en poser un dans certains cas bien spécifiques, par exemple le syndrome d'écrasement (crush) qui survient lorsqu'une personne reste trop longtemps sous un objet lourd tel que les décombres d'un bâtiment qui s'est effondré.
Contrairement à une idée reçue, en cas de morsure par un serpent par exemple, il ne faut pas mettre de garrot. En effet, il n'empêche pas le venin de circuler dans l'organisme de la victime car il y est déjà. En revanche, il empêche le système immunitaire de la victime de lutter contre le venin.
Le temps pendant lequel le garrot reste posé conditionne le protocole utilisé par l'équipe médicale pour le desserrer.
Lors de la pose d'un garrot, on coupe la circulation sanguine afin d'arrêter l'hémorragie. Or les cellules contiennent, dans leur liquide intracellulaire, une concentration d'ions K+ plus importante que dans le milieu extracellulaire, provoquant donc un gradient d'ions K+ qui sortent en grand nombre. Ceci s'explique de la manière suivante:
z étant la charge, F le nombre de Faraday, T la température , R une constante et [K+] la concentration de K+
g étant la conductance et la présence de Na s'expliquant par le fait que les deux cations s'échangeant dans la cellule sont Na et K, Na entrant et K sortant.
On remarque donc que si [K+]extracellulaire augmente, comme dans le cas d'un garrot puisque cet ion ne peut circuler. Le danger se trouve donc si on enlève le garrot après 20 min c'est-à-dire le temps où K+ s'est accumulé de manière très forte dans le liquide extracellulaire. L'augmentation de la concentration de K+ à l'extérieur des cellules va entrainer une augmentation de E(K) (cf formule ci dessus) et cette dernière entrainant une augmentation de Vm (cf formule). Ce qui va avoir pour conséquence, un équilibre de l'ion K+ de part et d'autre de la membrane cellulaire et donc une sortie de la cellule vers l'extérieur moins importante de K+ . Cependant la sortie de ces ions ont un rôle important dans la repolarisation de la cellule cardiaque. La sortie moindre de K+ par équilibre de part et d'autre de la membrane entraîne une repolarisation mois efficace, une perte de potentiel d'action et donc l'arrêt cardiaque.
Dans une situation où le garrot est indispensable pour l'arrêt du saignement, ce dernier sera retiré par une équipe médicale qui desserrera doucement le garrot pour permettre une irrigation progressive du membre tout en contrôlant le flux de K+ remontant au cœur afin de prévenir un arrêt cardiaque.
Un arrêt cardiaque provoqué par les ions K+ est irréversible.