Frédéric II du Saint-Empire - Définition

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La lutte avec la papauté

Hermann von Salza, grand maître des Chevaliers teutoniques.

Le conflit entre Frédéric et le pape Grégoire IX, puis Innocent IV, reprit. Les cités italiennes de Lombardie qui prirent parti pour Frédéric constituaient le groupe dit des gibelins et les cités plus nombreuses qui s'opposèrent au pouvoir impérial et s'allièrent au pape était les guelfes (parfois, l'opposition entre les factions des guelfes et gibelins traversait la même ville selon les alliances politiques). Il triompha des villes lombardes le 27 novembre 1237 à Cortenuova. Sûr de sa force, il offensa alors le pape, à qui il réclamait une partie des villes lombardes en récompense de sa victoire, et écrivit aux Romains pour leur rappeler leur grandeur passée du temps de l'Empire romain.

Dès les années 1237-1238, il suit de près les affaires en Provence en nommant un vice-roi en Arles, puis en 1240 en demandant au comte Raymond VII de Toulouse d'intervenir militairement contre le comte Raimond Bérenger IV de Provence et Jean Baussan, archevêque d'Arles.

En 1244, Innocent IV fuit Rome et annonce la déposition de l'empereur au Ier concile de Lyon, accordant même à ceux qui partiraient en guerre contre lui le statut de croisés. Le pape montrait ainsi qu'il était le maître du pouvoir temporel aussi bien que spirituel puisqu'il pouvait priver un souverain de son pouvoir politique. Les évêques électeurs proclamèrent alors en 1246 empereur le landgrave de Thuringe Henri le Raspon, qui vainquit Conrad IV à la bataille de la Nidda (5 août 1246) mais mourut en 1247. L'anti-roi suivant fut le comte Guillaume II de Hollande, élu roi des Romains le 3 octobre 1247, qui prit Aix-la-Chapelle et y fut couronné le 1er novembre 1248, mais sans s'imposer en Germanie. La guerre civile continua, indécise en Germanie comme en Italie. Frédéric II mourut en 1250 avant d'en avoir vu la conclusion. Il repose dans la cathédrale de Palerme auprès de ses aïeux normands de Sicile et de sa première épouse, Constance d'Aragon. Son tombeau a été ouvert en 1781 et en 1998 : il contient la dépouille de l'empereur, d'un homme identifié comme Pierre III d'Aragon et d'une femme inconnue. Les analyses ADN envisagées en 1998 furent un échec.

Les premières années du règne de Frédéric II

La prise de pouvoir de l'enfant d'Apulie

L'empereur Frédéric II.

En 1211, une assemblée de princes et évèques du sud de l'Allemagne réunis à Nuremberg élut Frédéric roi. En 1212, il fit couronner son fils Henri roi de Sicile, le pape ne souhaitant pas l'union de la Sicile et l'Empire. Puis Frédéric partit avec une modeste suite, traversant Rome, l'Italie, les Alpes pour arriver à Constance, où il devança Othon IV de trois heures seulement. Il rallia ensuite les princes de la Souabe et de la Haute-Rhénanie, évitant les combats. Confirmé comme roi par une grande assemblée à Francfort le 5 décembre 1212, il fut couronné en la cathédrale de Mayence le 9 décembre par l'archevêque Siegfried II d'Eppstein, avec une copie des insignes, encore détenus par Othon IV. Battu à Bouvines, celui-ci y perdit son trésor, dont les insignes impériaux qui furent envoyés à Frédéric par Philippe II de France. Reconnu par tous les princes, Frédéric fut à nouveau sacré à Aix-la-Chapelle le 23 juillet 1215 par l'archevêque de Mayence. L'élection fut reconnue par Innocent III au quatrième concile du Latran
Lors du couronnement d'Aix-la-Chapelle, Frédéric utilisa le manteau royal de Roger II de Sicile, qui devint alors le manteau de sacre des empereurs, l'un des insignes impériaux utilisé par la suite jusqu'au 18ème siècle par quarante-sept empereurs. Le manteau est aujourd'hui conservé à la Schatzkammer (chambre du trésor) de Vienne (Autriche) avec les autres insignes et le trésor des rois de Sicile.

Le pape Honorius III couronna finalement Frédéric II empereur à Rome en 1220. Cela devait être la fin de l'entente entre l'Empire et la papauté puisque Frédéric II n'avait pas l'intention de séparer ses deux héritages, la Sicile maternelle et la Germanie paternelle. Frédéric renouvela le serment d'allégeance envers la papauté, confirma le versement d'un tribut annuel de 1 000 pièces d'or par la Sicile, et promit de partir en croisade dans les lieux saints. Toutes ses promesses lui permirent d'asseoir son pouvoir solidement.

En Germanie, Frédéric II accorda à quatre-vingt-dix évêques et abbés royaux, une charte, la Confoederatio cum principibus ecclesiasticis de 1220, dans laquelle il confirma l'abandon des droits de dépouille; il renonça aussi à influencer les élections, à exercer ses droits régaliens sur les territoires ecclésiastiques comme la construction de châteaux, les tonlieux... Il donna aux princes laïcs le statutum in favorem principum de 1232 qui en faisait les maîtres de la terre et de la justice[réf. incomplète]. Son règne fut très largement occupé par les affaires italiennes et les conflits avec la Ligue lombarde puis la papauté. Il séjourna en Germanie de 1212 à 1220, en laissant ensuite le gouvernement à son fils Henri VII, enfant de six ans élu roi des Romains. Il y revint pour faire face à la rébellion d'Henri en 1236, et continua par la suite de gouverner à travers ses représentants. Héritier du royaume normand de Sicile qu'il tenait de sa mère, Frédéric II le réorganisa en un État centralisé de caractère moderne doté d'un droit rénové (Constitution de Melfi). Il s'en servit comme appui pour tenter de soumettre le royaume d'Italie.

La croisade

L'empereur Frédéric et le sultan Muhammad al-Kamil.

Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric avait promis au pape de partir en croisade. Son vœu reprenait en fait celui de son grand-père et de son père. Mais son échec devant la résistance des communes lombardes en 1225-1226 retarda son départ. Or, la papauté espérait desserrer l'étau que faisait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux en éloignant l'ambitieux souverain. Frédéric fut donc excommunié par Grégoire IX en 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Il partit l'année suivante alors que son excommunication n'était pas levée. Sa brève croisade se termina en négociations et par un simulacre de bataille avec le sultan Malik al-Kamel (« le Parfait »), avec qui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa. Il récupéra sans combattre la ville de Jérusalem et fut couronné roi de Jérusalem le 18 mars 1229.

L'affirmation du pouvoir impérial

En 1231, il promulgua les Constitutions de Melfi ou Liber Augustalis, un recueil des lois de son royaume qui devait unifier les lois complexes de l'Empire, soumis aux droits régaliens multiples que possédaient les princes et autres souverains du Saint-Empire. Ce recueil n'avait pour autre but, sous couvert d'une uniformisation des systèmes politico-judiciaires, que d'empêcher la mainmise des petits seigneurs sur les villes et leurs corps de métiers. Le Liber Augustalis, s'ouvre sur l'énumération des titres de Frédéric. Il est Imperator Fridericus secundus, Romanorum Caesar semper Augustus, Italicus Siculus Hierosolymitanus Arelatensis, Felix victor ac triumphator. À travers la présence des titulatures romaines, on peut voir la volonté d'affirmer le pouvoir impérial. Frédéric fit frapper des monnaies d'or, les « augustales ». Sur l'une des faces, entourée de l'inscription IMP. ROM. CAESAR AUG, il était représenté, à l'instar des empereurs romains, vêtu du manteau impérial avec une couronne de laurier sur la tête. Sur l'autre face, figurait l'aigle impériale avec l'inscription Fridericus.. Frédéric II, comme les empereurs romains, affirmait sa domination sur le monde mais il n'avait pas les moyens de sa prétention. Il se heurtait aussi au pape, qui depuis le XIe siècle voulait imposer à l'Occident son dominium mundi.

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