Frankenstein ou le Prométhée moderne - Définition

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Introduction

Frontispice de l'édition de 1831

Frankenstein ou Le Prométhée moderne (Frankenstein or The Modern Prometheus) est un roman gothique et considéré a posteriori comme le précurseur de la science-fiction, publié en 1818 par la jeune Britannique Mary Shelley, maîtresse et future épouse du poète Shelley.

Le roman est le récit d'une tentative d'exploration polaire par Robert Walton. La majeure partie de ce récit est constituée par l'histoire de la vie de Victor Frankenstein que Walton a recueilli sur la banquise, histoire qui n'est elle même que le cadre d'une narration à Frankenstein par le « monstre », auquel il a donné vie, des tourments subis par celui-ci qui justifient sa haine envers son créateur.

Historique

Mary Shelley s'était enfuie en 1814 de chez son père, le philosophe anarchiste William Godwin, à l'âge de 16 ans, avec un ami de celui-ci, le poète et libertin Percy Bysshe Shelley.

L'idée du roman date de 1816. John William Polidori et Lord Byron résidaient à la Villa Diodati à Cologny près de Genève sur le bord du lac Léman et reçurent la visite de Shelley, Mary et sa demi-sœur Claire Clairmont. Etant retenus à l'intérieur par la pluie incessante de l'année sans été (qu'il a décrite dans le poème Darkness), Byron proposa à ses hôtes d'écrire chacun une histoire de fantôme. Chacun s'acquitta plus ou moins de sa tâche, Byron écrivit un scénario fragmentaire dont Polidori s'inspira pour écrire « en deux ou trois matinées » The Vampyre, le roman qui est à l'origine du genre et qui inspirera Dracula. Percy Bysshe Shelley écrivit une historiette dont il se désintéressa rapidement et qui n'a pas été conservée.

Mary, quant à elle, se trouva incapable d'en inventer une. Mais quelques jours après, entre le 10 et le 16 juin 1816, sous l'influence de la lecture des Fantasmagoriana (dans leur version française), du Vathek de William Beckford et d'une bonne dose d' opium, elle fit un cauchemar où elle eut la vision de « l'étudiant pâle penché sur la chose qu'il avait animée ».

Le 10 décembre 1816, Harriet, l'épouse de Shelley, enceinte, se suicida après que celui-ci lui eut proposé de vivre en ménage à trois. Le 30 décembre Shelley et Mary se marièrent, et Godwin accepta de revoir sa fille. Mary, sous ce nouveau nom de Shelley, termina Frankenstein au printemps 1817. Elle le fit publier anonymement l'année suivante.

Thèmes abordés

Mary Shelley aborde différents thèmes comme l'ombre & la lumière - les orphelins - la solitude - l'amour et l'amitié - l'éloquence - l'éducation - l'injustice - l'innocence - la monstruosité - la science et la conscience - l'apparence et les préjugés - la condition de la femme - les paysages et les humeurs - les risques et les progrès.

La science comme hybris (Ou bien Hubris)

La science en devenant opérative place l'homme hors de sa fonction naturelle dans l'ordre du monde, l'exposant ainsi à la vengeance de Némésis. Tout ce qu'il fait pour améliorer le monde suppose par là que celui-ci n'est pas parfait, mettant en cause l'infaillibilité des dieux et provoquant un retour de bâton qui annule, voire inverse, les bienfaits supposés de son œuvre.

Frankenstein, comme Prométhée (ou comme le serpent de la Génèse), crée un être pourvu du feu sacré, qui a la « connaissance du bien et du mal ». Et c'est ce don lui même, conçu a priori comme une bénédiction, qui est a posteriori la cause de sa chute.

Dans tout le roman la crainte quasi-religieuse qu'inspire la beauté et la puissance de la nature vierge, personnage à part entière du roman, par opposition à l'horreur qu'inspire le monstre-artefact souligne cette démarcation entre le bien et le mal, entre la vision correcte du monde et l'erreur constituée par l'utilisation opérationnelle de la science.

La psychologie du chercheur

L'analyse du comportement de Frankenstein va bien au-delà de son cas particulier. Tous les chercheurs sont soumis à cette attitude qui leur fait se battre sans relâche contre le dernier obstacle avant la connaissance absolue, sans prendre le temps et le recul pour réaliser que ce dernier obstacle n'en est qu'un de plus et ne débouche que sur des problèmes à chaque fois plus complexes et plus nombreux, ni pour réaliser que les obstacles renversés ouvrent la porte à des conséquences à chaque fois plus néfastes sans permettre encore de résoudre les misères humaines qui motivent la recherche.

Jamais, en fabriquant le monstre, Frankenstein n'a une vision claire ni même globale de ce qu'il est en train de faire. Il est motivé par l'horreur que lui a inspiré la mort de sa mère, horreur qu'il veut éviter de revivre ou de voir revivre en découvrant le secret de la vie. Mais ce n'est que quand il est bien trop tard et que son œuvre détruit tout ce qui avait de l'importance pour lui qu'il commence confusément à réaliser sa responsabilité dans la génération de ce qu'il cherchait à abolir.

La relation Créateur créature

Le fait que le monstre soit végétarien comme Mary et Percy Shelley donne un indice sur le fait que l'auteur se projette non pas dans Frankenstein mais dans sa créature. Le monstre est donc un symbole de l'être humain et Frankenstein celui du Créateur, ce qui est confirmé par le sous-titre.

Mary Shelley dit que l'homme est devenu mauvais parce qu'il a été chassé du jardin d'Eden et non le contraire. Elle dit aussi que le destin du Créateur et de sa créature sont indissolublement liés. Frankenstein ne peut abandonner le monstre quel que soit le désir et le besoin qu'il en éprouve, et le monstre n'a plus de raison de vivre quand Frankenstein meurt, alors même que toute sa vie n'a tendu qu'à le détruire.

Le pessimisme politique

Frankenstein est une œuvre profondément pessimiste. Le pire semble inévitable alors même qu'on voit clairement ce qu'il faudrait faire pour l'éviter.

Après Frankenstein Mary Shelley a écrit Le Dernier Homme, une œuvre où elle décrit la fin de l’humanité qu’elle situe en 2100 , ajoutant que la Nature ne cesse de nous envoyer des signes. Dans ce roman Mary et tous les penseurs qu'elle a aimés sont mis en scène d'une manière transparente et sont incapables d'éviter cette fin.

Premier roman de science fiction

On considère souvent qu'il s'agit du premier roman de science-fiction. L'époque était celle des débuts de la maîtrise de l'électricité (alors appelé le Galvanisme) qui semblait magique et touchant à la puissance divine. En résidence près de Genève, entre le Jura et la vallée de l'Arve, Mary Shelley, avait eu certainement connaissance des efforts de maîtrise de l'énergie hydro-électrique, la houille blanche qui allait assurer la richesse des Alpes du Nord.

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