François Guizot - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

François Guizot
22e président du Conseil des ministres français
François Guizot

Mandat
18 septembre 1847 - 24 février 1848
Monarque(s) Louis-Philippe Ier
Gouvernement(s) Guizot
Législature(s) VIIe législature
Prédécesseur Nicolas Jean-de-Dieu Soult
Successeur Mathieu Molé

Biographie
Naissance 4 octobre 1787
Nîmes,
Royaume de France Royaume de France
Décès 12 septembre 1874 (à 86 ans)
Saint-Ouen-le-Pin,
Drapeau français République française
Nationalité française
Parti politique Orléaniste
Profession Historien
Religion Protestant

Coat of Arms of the July Monarchy (1831-48).svg
Présidents du Conseil des ministres français

François Pierre Guillaume Guizot (4 octobre 1787 à Nîmes en France - 12 septembre 1874 au Val-Richer à Saint-Ouen-le-Pin dans le département de Calvados en France) était un historien et homme politique français.

Biographie succincte

Issue d’une famille bourgeoise et protestante huguenote et des Cévennes dont le père est guillotiné en 1794 sous la Terreur, François Guizot part alors en exil avec sa mère - femme de principes, libérale, et influencée par Rousseau - pour Genève, où il reçoit une bonne éducation.

Venu à Paris pour étudier le droit en 1805, à 18 ans, il se fait remarquer par ses qualités d’écriture, est félicité par Chateaubriand. Il se marie en 1812 avec un écrivain, Pauline de Meulan, qui meurt en 1827, et dont il garde un fils, appelé également François (1819-1837). Veuf, il se remarie en 1828 avec une nièce de Pauline, Elisa Dillon, dont il aura deux filles, Henriette et Pauline, puis un fils, Guillaume (1833). Sa seconde femme meurt peu après.

Son action politique

Il attend la Restauration pour débuter en politique. Entre 1826 et 1830, il publie une série de grandes fresques sur l'Histoire de France et aussi sur l'Histoire de l'Angleterre.

En janvier 1830, il est élu député de Lisieux, et signe l’adresse des 221 contre la politique de Charles X. Ses préférences allant vers une monarchie parlementaire, il se fait l’avocat de Louis-Philippe que la révolution de Juillet mène finalement au trône, et Guizot au gouvernement, en tant que Ministre de l'Intérieur (1830), puis Ministre de l'Instruction publique (1832-1836). Il marque son passage au gouvernement par une rénovation de l’instruction publique. Cette période se caractérise par une opposition pratiquement constante à Thiers.

Le retrait de Thiers — trop guerrier — met le maréchal Soult à la tête officielle du gouvernement, mais c’est Guizot qui en est le véritable meneur (1840-1847). Pacifique, considérant l’alliance entre la France et le Royaume-Uni nécessaire, il fait le sacrifice de l’orgueil de certains et permet — avec l'aide de Sir Robert Peel — la réconciliation des deux pays, à l’opposé de Lord Palmerston qui — guerrier comme Thiers — pense que la France doit être maîtrisée, affaiblie, dans l’optique d’une guerre future. Lord Palmerston remplacé par Lord Aberdeen, il trouve là un diplomate pacifique, simple et défenseur de l’érudition à sa mesure, scellant le rapprochement des deux nations libérales d’Europe en une entente cordiale. Les crises continuent, mais sont atténuées des deux côtés.

La chute du gouvernement britannique Peel, le retour de Lord Palmerston - anti-français - et la crise de succession espagnole rompent les liens franco-britanniques - libéraux - et posent la nécessité de se rapprocher de Metternich, réputé absolutiste. Il devient président du Conseil en 1847 et bien qu'en poste très peu de temps , il influence plus que tout autre la politique de l’époque en fédérant autour de sa personne un parti conservateur tentant de maintenir un équilibre entre une démocratisation de la société et un retour à la révolution.

Son bilan économique

Économiquement, il a encouragé les affaires en créant les conditions de la prospérité mais en pensant avant tout à l'agriculture, au négoce et à la finance. Tout au contraire des industrialistes comme Saint-Simon, il pensait que l'industrialisation était dangereuse dans la mesure où elle a comme corollaire d'entraîner la formation d'un prolétariat qu'il considérait comme socialement instable et politiquement dangereux.

Cependant, sous son ministère, la France s'industrialisa comme jamais :

  • Il a favorisé la collecte des capitaux en stimulant la fondation de plusieurs centaines de caisses d'épargne sur tout le territoire.
  • Il a aussi favorisé l'accélération des travaux d'infrastructures (routes, canaux, chemins de fer). En 1842, il fait adopter la grande loi organisant la constitution de réseaux ferroviaires irriguant la France en étoile depuis la capitale. En six ans le réseau ferré français passe de 570 kilomètres constitués de tronçons éparpillés un peu partout dans l'Hexagone à un premier réseau structuré de 1 900 km et la construction s'est accélérée sous le Second Empire.
  • La législation sur le travail fut très assouplie, les industriels purent comprimer les salaires et eurent la liberté de licencier ce qui leur permit de pouvoir s'adapter aux fluctutations de la demande. Cependant, il instaura le livret de travail que les travailleurs devaient obligatoirement présenter à chaque nouvel employeur, ce qui permettait à ces derniers de repérer les mauvais éléments et surtout les agitateurs.

En quinze ans, les productions de charbon et de fer doublèrent et le nombre de machines à vapeur industrielles fut multiplié par huit; les premiers bassins industriels se constituent autour des villes de Lyon, Paris, Mulhouse, dans le Nord de la France et en Basse-Seine; les premières concentrations aboutissent à l'émergence de puissants groupes textiles, métallurgiques et miniers.

Son bilan politique

Il était un conservateur libéral et considérait qu'il n'y avait pas forcément continuité entre le libéralisme politique et le libéralisme économique. Mais il n'était pas un libéral libre-échangiste car il considérait que le libre-échange n'était qu'une théorie venue d'Angleterre, qui dans les conditions de l'époque ne pouvait que favoriser les intérêts britanniques. Il estimait que l'agriculture française avait besoin d'être protégée et d'autre part les industriels eux-mêmes, organisés en associations, poussaient le gouvernement à relever les tarifs douaniers.

Pour Guizot, les problèmes auxquels la France devaient faire face n'étaient pas économiques mais avant tout politiques et sociologiques. Il estimait qu'après cinquante ans de guerres et de révolutions, le pays était dans une grande incertitude, partagé entre deux extrêmes. D'une part, les royalistes, nostalgiques de l'Ancien Régime qui n'avaient jamais perdu l'espoir de restaurer l'ordre féodal et de l'autre les républicains, dont certains étaient tentés par le rétablissement des excès de la Terreur. Il pensait que les libéraux avaient la charge d'inventer une société de libertés et de paix mais sans renoncer aux acquis de la Révolution et surtout d'assurer la victoire de la bourgeoisie sur l'aristocratie. Pour lui la Révolution française se résumait en un combat entre intérêts ennemis, le tiers-état se dressant contre les ordres privilégiés, puis la populace contre la bourgeoisie. Il s'agissait d'une guerre des classes dont l'issue allait fixer durablement le sens de l'Histoire.

Guizot fut en partie l'inventeur du concept de lutte des classes que Karl Marx a ensuite systématisé. Il est considéré comme le père de ce mode d'interprétation de l'histoire. Cependant, il ne pensait pas que le prolétariat était destiné à jouer un rôle dominant et il estimait que les ouvriers devaient rester à la place subalterne qui est la leur dans la société, qu'il s'agissait de déclassés ayant perdu leurs liens avec la terre et qui, de ce fait, ne peuvent donc être des citoyens responsables. Renouant avec les théories politiques de la Grèce antique, il pensait que la démocratie était une chose trop sérieuse pour que des instables puissent obtenir le droit de dire leur mot. Le droit de vote devait être réservé à ceux qui possèdent et payent des impôts : c'est l'ère du suffrage censitaire.

En 1848 sa est provoquée par son obstination à ne pas modifier la loi électorale. Il est le principal responsable du mécontentement politique qui provoque la révolution de février 1848 qui renverse la Monarchie de Juillet.

Dans son bilan sociologique, il faut souligner qu'il a fait voter en 1841 une loi interdisant de faire travailler les enfants dans les manufactures au-dessous de l'âge de huit ans (loi qui ne fut de facto jamais appliquée faute d'inspection du travail), et qu'il a demandé à plusieurs reprises l'abolition de l'esclavage dans les colonies. En mai 1844, il en a fait admettre le principe à l'Assemblée nationale. En 1845 et en 1846, le problème de nouveau débattu mais sans aboutir sur les modalités pratiques de l'émancipation. De fait la loi prévoyait la fin de l'esclavage... mais pour plus tard. Cependant le travail préparatif accompli fut utilisé par les Républicains lorsqu'ils votèrent, à l'initiative de Victor Schoelcher, la fin définitive de l'esclavage en 1848.

La fin de sa vie

Exilé au Royaume-Uni, il se consacre de nouveau à son travail d’historien, avec pour sujet la Première révolution anglaise. Il passe ainsi de politicien européen clef à historien, philosophe et observateur de son temps, l’écriture lui permettant de vivre et de s’accomplir dans une retraite appréciée. Il demeure un intellectuel français actif tant par sa continuité d’action dans l’Académie française (depuis 1836), que dans la communauté calviniste - défendant sa foi, respectant celle des autres. Il continue à vulgariser l’histoire jusqu’à la fin de sa vie, et il meurt le 12 septembre 1874.

Page générée en 0.009 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise