François Gabriel Boisseau (Brest 12 octobre 1791 – Metz 2 janvier 1836) est un officier de santé des armées, docteur en médecine de la faculté de Paris, considéré comme l'un de des meilleurs écrivains en médecine de son époque.
Tout jeune encore il servit dans l'armée d'Espagne en qualité de sous-aide, et fit les campagnes de 1810, 1814 et 1812. En 1813, il fut attaché au même titre, aux ambulances de la vieille garde impériale. Retenu prisonnier avec la garnison de Dresde, il revit la France en 1814, prit part au drame sanglant des Cent-Jours, puis, entra comme sous-aide, au Val-de-Grâce, après le désastre de Waterloo. Replacé sur les bancs d'où la guerre l'avait arraché au sortir de l'enfance, il reprit avec l'ardeur la plus vive ces fortes études médicales qui devaient lui procurer une estime méritée. En 1817, il remporta des prix au Val-de-Grâce, et, le 8 août de la même année, il obtint le titre de docteur. Sa dissertation inaugurale sur les Classifications en médecine, révélait déjà cet esprit judicieux et cette finesse d'analyse qui, depuis, caractérisèrent tous ses écrits. Bientôt après, quoiqu'il ne fût encore qu'élève, il prit une part active et féconde à la polémique animée que souleva la révolution médicale introduite par Broussais. Également opposé aux exagérations des novateurs irréfléchis et à la résistance qu'opposaient les partisans des doctrines anciennes, il saisit avec une rare sagacité le vrai point du débat, et l'envisagea sous toutes ses faces, dans un grand nombre d'articles critiques et analytiques insérés, sous le voile de l'anonyme, dans divers recueils de médecine, articles que l'on attribua dans le temps aux plus hautes notabilités médicales, tant l'auteur se faisait remarquer par ses vues larges, sa clarté d'exposition, sa vigueur de logique et son style, tout à la fois vif, facile et spirituel. De 1817 à 1829, il fut le principal rédacteur du Journal universel des sciences médicales, fondé en 1816 par Regnault. Il a été l'un des rédacteurs de la Biographie médicale (1820-1825, 7 vol. in-8°), dans laquelle il a donné un grand nombre de notices biobibliographiques, parmi lesquelles on remarque celles sur Achillini, Bichat, Bordeu, Bouvard, Broussais, Chirac, Cullen, Fernel, Hoffmann, Morgagni, Pinel, Sauvages, Sydenham, etc. II a été aussi l'un des rédacteurs du Dictionnaire abrégé des sciences médicales (Paris, 1821-1826, 15 vol. in-8°), pour lequel il a fait tous les articles de pathologie médicale. II a fourni un certain nombre d'articles au Dictionnaire des termes de médecine, chirurgie, etc. (1823) ; l'article Nostalgie à l’Encyclopédie méthodique ; d'autres articles à l’Encyclopédie moderne, au Journal hebdomadaire ; des mémoires au Recueil de mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, etc.
À ces productions fugitives, Boisseau joignit bientôt des travaux plus sérieux et de plus longue haleine : la Pyrétologie physiologique (1823), parvenue à sa quatrième édition, et la Nosographie organique (1828-1830), ouvrage consciencieux, qui aurait suffi autrefois, dit Bégin, pour assurer une immortalité médicale. Ennemi de toute intrigue et de tout industrialisme littéraire ou scientifique, Boisseau ne pactisa jamais avec ses convictions, et satisfait de la position, malheureusement précaire, que son labeur quotidien procurait à sa famille, il ne prostitua jamais sa plume ni à la flatterie ni à la complaisance. Un si noble caractère était peu propre à lui frayer la voie des honneurs et des emplois. L'heure de la justice sonna enfin pour lui après la révolution de 1830. Revendiqué alors par l'armée, il fut nommé, sans sollicitation aucune, professeur et médecin-adjoint à l'hôpital militaire d'instruction de Metz. C'est là que succomba prématurément, le 2 janvier 1836, à une affection cérébrale occasionnée par l'excès et la continuité du travail, une des illustrations de la France médicale, et en particulier du corps des officiers de santé militaires. Boisseau comptait alors vingt et une années de services, dont sept campagnes. Tout entier à la science et à ses amis, qui invoquaient souvent ses conseils, sa coopération même, il avait négligé la fortune, et laissé dans la plus profonde détresse une veuve et trois enfants. Une souscription ouverte parmi les médecins et les officiers de santé de l'armée, souscription dont l'initiative appartient à Bégin, a pu seule assurer les moyens de donner aux fils de Boisseau une éducation qui leur permette de porter honorablement le nom de leur père. Boisseau était chevalier de la Légion d'honneur, secrétaire-général de la Société médicale d'émulation de Paris, membre de l'Académie royale de médecine de Paris, de celle de Madrid, des Sociétés académiques et médicales de Louvain, Marseille, Metz et Tours.