François Brousse - Définition

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Biographie

1923 - 1938 : La Poésie Aurorienne

Fantaisies (1923-1928)

Enfant unique d’une famille catalane française de Perpignan, François Brousse y déroule une jeunesse studieuse et secrète.

« Maîtrisant déjà les subtilités de la versification et de la langue française, il écrit son premier poème « Soir », « à l’âge de dix ans peut-être. » En virtuose extraordinaire, il commence également à rédiger son premier ouvrage intitulé Fantaisies qu’il dédie à ses « parents bien-aimés » et qu’il terminera à quinze ans : cent cinq poèmes, quelque trois mille vers, trois nouvelles en prose, une quarantaine de dessins et peintures, et déjà ce goût prononcé pour la littérature et tout particulièrement pour la poésie ».

Contes du pigeon et de la sourceJasmine (1927)

À quatorze ans, il écrit les Contes du pigeon et de la source traitant de « l’amour aboutissant au sacrifice volontaire de soi-même, c’est-à-dire à l’acceptation de la souffrance et de la mort pour l’être aimé  », suivi d’un roman de cape et d’épée, Jasmine, se déroulant à l’époque du roi Louis XIV et de la Révocation de L’Édit de Nantes (1685).

« Aurorienne ou chez ma Fée  » (1928)

Il faut sans doute aborder le poème « Aurorienne ou chez ma Fée » (date de fin d’écriture, avril 1928) du Livre VIII de Fantaisies pour approcher ce que François Brousse conçoit comme « La poésie aurorienne » (Titre du Livre VIII). « La « divine Poésie », incarnée sous la forme d’une femme à la blonde chevelure, montre au jeune poète, au cours d’un voyage aérien, les œuvres de Ronsard, de La Fontaine, de Victor Hugo et de Leconte de Lisle  ». Le poète demande : « Parmi ces quatre esprits, lequel dois je imiter ? » La déesse répond : « Tu jugeras toi-même  » :

« Il faut à l’Art pour qu'il soit libre
Tout l’infini de tous les cieux,
Il faut que l’Éternité vibre
À ses élans capricieux. »

Le sens profond de ce long poème (916 vers) est que tout meurt mais que tout renaît aussi : « l’animal, les hommes et les plantes » et même les soleils : « Oui, l’astre immortel est tué ! / Mais l’Infini le fait revivre . » C’est l’idée d’une création permanente, d’une renaissance perpétuelle dans un entrechoquement de mondes en fusion. À la fin de sa vie, François Brousse en présence de ses amis confiera :

« Quand j’étais enfant, mon père m’avait demandé :
- Qu’est-ce que tu veux créer ?
Je lui avais répondu :
– La poésie aurorienne.
Il m’a dit :
– C’est extrêmement ambitieux, car tu penses que l’Aurore n’existe que depuis ta Poésie ?
Et je lui ai dit que l’Aurore est toujours renouvelée, qu’elle se renouvelle encore et encore. Il m’a dit que j’avais raison et qu’il m’aiderait du fond des abîmes quand il aurait pénétré l’infini, l’absolu et l’éternel .»

Une Gorgée de Poésie (1928)

Parmi ses sources d’inspiration et d’admiration, très jeune, François Brousse franchit le pas et affiche sa préférence, ce sera Victor Hugo. Elle apparaît déjà dans la préface d’Une Gorgée de Poésie (écrit de mai à août 1928), recueil dédié à Victor Hugo, où il précise que toute âme possède un germe de poésie et que « l’être sans poésie est un être sans âme […] incapable de sentiment surhumain  ».

La Poésie de Victor Hugo (1935 ?)

Son carnet sur La Poésie de Victor Hugo , « géant fort surtout par sa douceur envers les humbles », témoigne à nouveau de cette haute conscience poétique. Il laisse flâner ses pensées sur les Odes et ballades, Les quatre Vents de l’Esprit, Le Pape, la Pitié suprême, Religions et religion, L’Âne, Toute la lyre, Dernière Gerbe mais il avoue que « les plus beaux livres de cet immense génie sont Les Contemplations, La Légende des siècles, La Fin de Satan et Dieu. »

Une pensée de ce carnet retient plus particulièrement l’attention révélant à la fois le style impétueux et l’engagement précoce du jeune François Brousse :

« Quand la Mort posa sa main de squelette sur ses paupières, le pays reconnaissant lui fit des funérailles grandioses et lui bâtit une statue d’airain et d’or. Mais quelques moustiques, envieux, gonflés de venin, vinrent tourbillonner autour de la statue et harcelèrent de leurs minuscules piqûres le colosse rêvant sous le ciel lumineux. Un enfant passa. C’était un adolescent que la gloire du Titan, son ancêtre, emplissait de joie et d’orgueil. Il vit l’affreux essaim jeter ses huées autour du front puissant. D’un geste indigné et serein il chassa l’immonde tourbillonnement et s’agenouilla devant le grand insulté. Je serai cet enfant. »

Pour lui, « un peuple sans poète est une terre sans azur  ». « L’enfant » incarne cette poésie aurorienne. Le poète naissant souhaite apporter une aurore nouvelle au vieux monde croulant et pourrissant. C’est ce qu’il répètera à la fin de sa vie :

« Le propre des grands poètes, c’est d’apporter toujours quelque chose de nouveau. En apportant quelque chose de nouveau, ils font évoluer leurs lecteurs, car ces lecteurs sont complètement désarçonnés et, étant désarçonnés, ils essaient de trouver la clef du mystère, l’énigme, la grande clef qui nous ouvre tous les paradis. Et ils y arrivent, il suffit tout simplement d’aimer. Aimer est un mot composé de toutes les étoiles » .

Les Dieux (1930-1932) – Les Colosses (1932-1938)

Au cours des deux dernières années au Collège-Lycée de Perpignan (1930-1932), François Brousse termine une série de trente-cinq poèmes regroupés sous le titre Les Dieux et commence une série de sonnets sur Les Colosses, présentés ainsi par Jean-Pierre Wenger dans sa biographie François Brousse l’Enlumineur des Mondes :

« Ce recueil développe une source d’inspiration déjà amorcée auparavant : celle prise aux mythologies – grecque principalement – et aux traditions égyptienne, cambodgienne, biblique, hindoue. Ces sonnets baignent leurs strophes dans ces sphères immatérielles où s’exprime l’épopée universelle vécue par l’humanité. Le lecteur est transporté dans le domaine des pures idées rendues si vivantes qu’il en oublie le reste. Il amorce en parallèle Les Colosses, ces génies civilisateurs, Homère, Eschyle, Virgile, dont les carrures démesurées ont exercé une influence décisive sur les peuples. Il est composé de cinquante-sept sonnets. Aucun conquérant n’y prend place. Si la Grèce antique a la préférence de l’auteur, il n’en néglige pas pour autant l’épopée biblique avec Isaïe, Ézéchiel, auxquels par la suite il consacrera des études. Il place aussi parmi Les Colosses certaines gloires latines comme Tacite, Juvénal, Virgile, déjà installées au Panthéon de l’Humanité par Victor Hugo dans La Préface de Cromwell. »

Julien (1935) – Ganelon (1935 ?)

À la faculté des lettres de Montpellier où il s’est inscrit en 1932, F. Brousse se lance dans la rédaction de deux épopées : Julien (750 vers, terminée le 14 avril 1935) qui retrace quelques événements de la vie de l’empereur romain Julianus Flavius Claudius (331-363), encore connu sous le nom de Julien l’Apostat ; et probablement Ganelon (2060 vers) qui traite de la légendaire Chanson de Roland et de la trahison de Ganelon. Roland mourra dans un destin d’apothéose, en donnant son sang « pour sauver l’univers » afin de maintenir allumée la torche de la Sagesse et de la Liberté.

La Reine du lotusLes Réveils de Lazare (1936)

« En mars 1936 (ou nov. 1937), François entre dans l’Éducation Nationale d’abord en tant que Maître d’Internat, puis adjoint d’enseignement et, à partir de 1940, il enseigne la philosophie et la littérature dans le Languedoc-Roussillon jusqu’à sa retraite en 1975. Il professera également la cosmographie (1955, 1962) . »

« Mars 1936, Hitler répudie les accords de Locarno et réoccupe la Rhénanie qui était démilitarisée. François Brousse pressent les immenses bouleversements à venir dans la « La reine du lotus » » qu’il classera parmi les poèmes majeurs de son œuvre » :

« Une Tour s’élève, « Babel, la Triomphale » aux murs puissants dont les blocs sont « pétris avec des ossements. » On peut y voir une des « tours de la nuit », « une concrétion de sinistres dogmatismes écrasant les aspirations humaines vers l’idéal. C’est le rêve totalitaire, la volonté de puissance oblitérant l’amour. »

« Par ailleurs, le 10 août 1936, François finit « Les Réveils de Lazare  », une étude prophétique basée sur des textes de Victor Hugo (Les Châtiments et La Légende des siècles), qu’il signe « Charles Amazan ». Il y mentionne le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne, la fin tragique de Mussolini, l’écroulement définitif du nazisme, la dislocation de l’empire colonial anglo-saxon et le caractère démocratique des futurs États-Unis d’Europe . »

1938 - Rencontre avec Cajzoran Ali

Après cinq années d’études à la Faculté de Montpellier pour le professorat de Lettres et de Philosophie, il entre en activité à l’Éducation Nationale et en 1938 les circonstances le mettent en relation avec Cajzoran Ali, femme nord-américaine de trente-cinq ans, qui dix ans auparavant avait publié à New-York un livre sur le yoga, intitulé Divine posture influence upon endocrine glands.

François Brousse relate dans son livre Isis-Uranie cette rencontre insolite à Béziers et Montpellier, laquelle marque un tournant décisif dans sa vie par l’importance des connaissances transmises, parmi lesquelles une Upanishad inconnue, « L’Hima-Nila Upanishad » ou « l’Upanishad de la Montagne Bleue », vaste fresque qui situe l’humanité actuelle – la Cinquième Race – dans une évolution survolant les millénaires passés et futurs.

Autre révélation de la Yogini au jeune poète, les Tarots de l'Inde et de l'Égypte, un ensemble de vingt-quatre figures ou archétypes, représentant à la fois vingt-quatre cycles principaux, vingt-quatre planètes, vingt-quatre religions, vingt-quatre philosophies, vingt-quatre méthodes et aussi vingt-quatre maîtres éternels de l’histoire du monde. « L’inspiration poétique, les rêves, la folie et aussi la fantaisie, le folklore, la mythologie, la religion sont en quelque sorte des reflets de ces archétypes universels que l’on retrouve à travers tous les peuples et qui ont l’air d’être surgis miraculeusement dans une sorte d’harmonie et de concordance et de parallélisme parfaits. […] »

1938 - Le Poème de la Terre

Le Poème de la Terre (35 sonnets dédiés à la Terre vivante, 1ère éd. 1938) est le premier ouvrage publié de François Brousse. Fulgurante percée du poète inspiré dans la littérature du vingtième siècle, il retranscrit avec une force épique de laves et de comètes digne d’un Homère, les étapes chaotiques de la Genèse de l’Univers, puis celles de la naissance de la Terre à sa dislocation terrible. Il marque sur un marbre inébranlable les positions qu’il défendra toute sa vie, au sujet du but ultime de cette création, avec des sonnets comme Les Réincarnations, Les génies, L’idée de Dieu.

L’auteur commente lui-même Les Réincarnations : « Un tel sonnet renferme les doctrines découvertes par les sages de toutes religions, le minerai pur de la vérité. Transmigration des âmes, loi du Karma qui courbe les univers, enfin progrès infini de la personnalité indestructible dans la vie sans limite... » (Brousse François, La Trinosphie de l'Étoile polaire, éd. La Licorne Ailée, Clamart,1990)

« Que dire encore sur Le Poème de la Terre ? J’entends la voix sonore d’Antoine Orliac qui hier, s’adressant à moi, et posant une main sur l'épaule de François Brousse : – Enfin, voici un vrai poète ! » (Janicot Albert, Revue Madeloc, N°37, Perpignan, octobre 1955)

1939 - 1949 : Études historiques

En mai 1939, en prenant appui sur des textes de Victor Hugo, il publie dans la revue Astrosophie l’article « Les tours de la nuit » où il annonce la chute des dictatures fascistes, et cela à quatre mois de l’entrée en guerre de la France et de l’Angleterre contre Hitler.

En 1947-1948, la parution dans la revue Destins (Paris) d’une série d’articles intitulés « Le secret des tombes royales » ayant trait à l’histoire de France, fait apparaître au grand jour les cycles de 1 000 ans et 300 ans que François Brousse révèle et dont les résonances françaises, européennes et mondiales touchent la seconde moitié du XXe siècle et les débuts du XXIe siècle, avec une période critique aux environs de 2015 [± 4 ans].

En 1949, il termine une autre étude historique : La Prophétie des papes, miroir du monde.

1942 - Lamennais et le christianisme universel

Lamennais et le christianisme universel (Éd. Le Scorpion, Paris, 1963). Cet essai philosophique correspond au mémoire de François Brousse sur Raison individuelle et raison générale chez Lamennais. En mai 1942, il termine ainsi avec succès les études commencées depuis plusieurs années à Montpellier avec l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures de Philosophie et Lettres.

« Brousse dégage heureusement les grandeurs et les faiblesses, la dualité de vie et de pensée de ce curieux génie ; c’est son mérite de restituer, dans un style clair et d'une grande beauté, le sens et la valeur d’un idéal qu’enflamme le génie. Et son livre, qu’il faut lire et relire parce qu’il bouillonne de passions et foisonne d’idées, parce qu'aussi la poésie y chante, porte notre esprit tellement au-dessus de ses limites habituelles que l’évidence est là : il y a plus qu’un livre, plus qu’un auteur, plus qu’une étude : nous sommes au cœur du grand mystère des choses, dans l’infini de la pensée devant les origines et les fins dernières, devant le porche éblouissant de soleils qui masquent l’éternelle Vérité. »

1952 : Poésie de la quatrième dimension

Le 17 juillet 1952 dans le journal Sud Ouest (Bordeaux), paraît un article de R. Cahisa intitulé « À l’inconscient surréaliste substituant le surconscient, François Brousse, philosophe et conteur, fonde le groupe de la Quatrième Dimension. » F. Brousse y est présenté comme un personnage « élancé, maigre, à fortes lunettes ; de ce végétarien doux, patient, optimiste, qui croit à la médecine homéopathique, à l'au delà, à la métempsycose, qui admire la philosophie hindoue et Gandhi – celui qui se laissait mourir de faim –, on peut dire qu’il est dans la lune, voire dans les planètes transplutoniennes. »

Sont détaillées les positions du penseur vis-à-vis du surréalisme et de la science :

« […] Einstein a fait du temps la Quatrième Dimension de l’espace. Er­reur dit Brousse. Au-delà du temps et de l’espace, au‑delà du monde matériel rayonne la Quatrième Dimension qui est un sur-monde. Il faut, pour atteindre ce sur-monde, une véritable discipline intérieure : rejet de toute pensée de haine, cul­ture de l’enthousiasme et du sens esthétique, recherche dans les rêves, pensée métaphysique. »

Cette poésie nouvelle puise son inspiration non pas dans le réalisme morbide et dévastateur du vingtième siècle mais aux sources pures et marmoréennes de l'imagination dont certains poètes s'abreuvent sur les hautes cimes des volcans , avec les ailes du rêve et de la clairvoyance, l’œil lucide et métaphysique de la supraconscience.

« Rejetant les drogues avec leur cortège de folie, de désespoir et de déchéance, Brousse en tant que littéraire, dérobe cette fameuse Quatrième Dimension à la seule investigation des experts scientifiques pour la rendre accessible à tous en la plaçant dans le domaine de l’inspiration. »

Trois clefs sont nécessaires pour ouvrir les portes du sanctuaire de ce sur-monde qui mènent à la Quatrième Dimension : la purification, la méditation et la contemplation.

  • Purification du corps, de l'âme et de l'esprit, notamment par le végétarisme, la non-violence et la pratique de la bénédiction bouddhique qui consiste à souhaiter que tous les êtres soient heureux dans toutes les directions de l’espace, au nord, au sud, à l’est, à l’ouest, au nadir et au zénith et dans notre être primordial. « Il est nécessaire d’aboutir au végétarisme total. Si vous n'y parvenez pas, vous n’arriverez jamais à connaître l’absolue Vérité. C’est une vérité absolue que je vous dis là… », tel est le positionnement de François Brousse
  • Méditation des grands textes sacrés, patrimoine de l'humanité.
  • Contemplation des chefs d’œuvre artistiques, Rembrandt, Michel Ange, Mozart, Hugo, etc. Immersion dans la Beauté universelle, évasion spirituelle.

Pour R. Cahisa, François Brousse appartient aussi bien à la lignée des « poètes scientifiques » (Jean de Meung, Vigny) qu’à celle des « poètes ésotériques » (Joséphin Péladan, Trarieux d’Egmont, Maurice Magre).

La suite de l’article traite principalement de l’âme : « L’homme revient s’incar­ner sur une planète jusqu’au moment où il atteint la Sagesse su­prême. Alors, il dépasse la roue des réincarnations et rentre dans la Joie éternelle. […] C’est le sort de toutes les âmes après plus ou moins de transformations. » Il dote ce Groupe, d’un Manifeste de la Quatrième Dimension dont s’inspirent nombre de poèmes édités entre 1950-1970, parmi lesquels Les Pèlerins de la nuit qui obtient en 1954 le Grand Prix d’Honneur aux Jeux floraux du Genêt d’Or à Perpignan.

1954 - François Brousse le poète aux cent visages

En 1954, sous le titre François Brousse le poète aux cent visages (éd. Labau, Perpignan), René Espeut, pour qui « la poésie broussienne ruisselle constamment sur les vapeurs de flamme d’un ésotérisme transcendé  », publie la première étude consacrée à l’œuvre poétique de ce dernier.

« Une brillante causerie radiodiffusée, intitulée « François Brousse, l'Alchimiste du Rêve », consacrée au dernier livre du poète, accompagne l'étude qui exalte l’œuvre complète. » (J. D., Revue Tramontane, Perpignan, N°370, juillet-août 1954)

1966 - 1989 : Le Dieu des philosophes

Dans ses livres comme dans ses propos, la métaphysique de F. Brousse se situe dans le prolongement du déisme philosophique cher à Voltaire, lequel précise :

« L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger. »

Elle admet l’existence d’un Principe conscient, infini, éternel, absolu, source de l’Être et de la Valeur que « faute d’un nom plus grand, on appelle Dieu  ». Elle éclaire le parcours humain par l’affirmation d’une âme immortelle qui s’incarne de corps en corps sous la loi souveraine du Karma jusqu’à ce que celle-ci s’identifie au cosmos tout entier dans une démarche de Sagesse, d’Amour, de Puissance, de Joie et de Beauté.

Dans la lignée des grands penseurs de l’humanité, Platon, Orphée, Pythagore, Hermès, Jamblique, François Brousse affirme l’existence de la métempsycose, nécessaire à ce long pèlerinage nocturne vers les hauteurs éblouissantes de l’immarcescible, et la possibilité pour l’homme de retomber dans le gouffre animal, voire plus bas encore, dans la pierre expiatoire. C’est le sort malheureux des dictateurs et des tyrans, décrit de manière saisissante par Victor Hugo dans le poème « Ce que dit la bouche d’ombre  » dans Les Contemplations. Travail prométhéen d’une succession innombrable de vies, de morts, de chutes, de renaissances et d’ascension, mais dont l’issue sera immanquablement le triomphe de l’esprit.

« Fleurir, se faner, refleurir
C'est le destin des enfants d’Ève.
Leur foule passe comme un rêve
C'est l’éclat brûlant des saphirs. »

C’est l’idée qu’il n’existe pas d’enfer éternel – invention des religions –, que tous sont appelés et que tous sont élus, que tous les êtres seront sauvés. Au nom de quel Dieu cruel, l’être humain devrait-il payer un châtiment éternel pour une faute éphémère ? Le Dieu de François Brousse n’est pas le Dieu des religions mais le Dieu des philosophes, celui de la raison et de la sagesse. Il ré-affirme ainsi la grand idée de Justice, celle du Karma prôné par les Hindous et les philosophes grecs de l’Antiquité, avec la possibilité à chaque instant de transformer celui-ci. Le Dieu des philosophes est un dieu impeccablement juste, « Mais le plus beau saphir de sa richesse immense / Est d’avoir l’infini qui se nomme Clémence. »

Trois forces selon Brousse gouvernent l’univers : la Liberté, la Fatalité, la Providence. L’homme récolte ce qu’il sème. À lui de suivre les sentiers de la grâce en usant intelligemment de son libre arbitre. « La Providence est le sourire de Dieu lorsqu’il regarde le genre humain, et qu’il lui montre les chemins de la vie étoilée. »

Pour François Brousse, la souffrance n’est donc pas la loi du monde, mais une purification – hélas – parfois nécessaire : « La douleur nous instruit, la pensée nous transforme. » Afin d’aider cette lente pérégrination des âmes vers le Bonheur, des Mages sillonnent l’histoire des peuples et composent ce que F. Brousse appelle l’Aggartha.

« Pour presser vers le seuil du monde inénarrable
Les pèlerins humains qui marchent à pas lents
Des archanges déploient leur grandiose élan
Portant les nations sur leur aile adorable. »

Au terme d’une analyse rigoureuse amorcée dès sa jeunesse, sa pensée met en évidence les illusions du temps, de l’espace et de la causalité, démarche synthétisée dans « L’illusion de l’illusion».

1989 - 1995 : Le poète du Transfini

A partir des années 1985-1990, un nouveau style de poésie s'annonce, celle du « Transfini », terme déjà utilisé par le mathématicien allemand Georg Cantor (1845-1918). Pour le poète, « le Transfini est l’union du fini et de l’infini dans une synthèse transcendante : son domaine est celui de l’Illumination. » La poésie est un chemin, une ascension vers l’idéale métamorphose qu’empruntent les pèlerins de la nuit , une véritable voie initiatique, transfigurant l’homme épris de beauté, dans une exaltation transcendante.

« Je monte parmi les étoiles
L'ouragan souffle dans mes toiles
J'aime les destinées fatales. »

Cette période témoigne d’une exceptionnelle fécondité d’inspiration poétique qui conjugue expression éthérée et épurée jusqu’à la transparence, et lucidité symbolique des domaines où se meut l’expérience humaine.

Sa créativité poétique augmente vertigineusement et pour cause, avec l'écriture de deux à trois poèmes par jour en moyenne et des pavés pour certains de plus de quatre cents pages écrits en un trimestre: La Rosée des constellations (1991), Les Transfigurations (1992), Le Baiser de l’archange (1993), Le Frisson de l’aurore (1993), Les Miroitements de l’infini (1994), L’Homme aux semelles de tempête (1995), Rencontre avec l’Être (1995); et publications post-mortem avec La Roseraie des fauvettes (1997), L’idéale Métamorphose (1998), Le Sourire de l’Astre (1998), Le Refrain de l’Absolu (2000).

Dans Le Pas des songes (2001) sont recueillis les ultimes et quelque deux cents poèmes de François Brousse parmi une création de plus de cinq mille de 10 à 83 ans.

 COLOMBES

Colombes, ô blanches colombes,
Qui voltigez sur les tombes,
Venez boire au creux des dalles
Une lumière sidérale.

Les morts ne sont pas dans la nuit,
Ils montent aux cieux éblouis
Et passent d’éveil en éveil
Jusqu'à l'insondable soleil.

Ils regardent s’enfuir le monde
Comme les écumes de l’onde
Et savourent, amants bénis,
Les étreintes du transfini.

L’un des derniers poèmes de sa vie traduit l’énorme souci qu’il se fait du devenir de l’humanité et son extrême lucidité teintée d’espoir ultime embrasant tous les possibles :

« Il reste très peu de lustres
Pour rénover le genre humain
Mais cette mission illustre
Embrase tous nos chemins. »

(24 septembre 1995)

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