Années | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 |
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Chiffre d'affaires | 43 026 | 46 630 | 46 121 | 47 157 | 49 038 | 51 700 | 52 960 | 53 490 | 65 940 |
Résultat net part du Groupe | -8 280 | -20 736 | 3 206 | 2 784 | 5 709 | 4 100 | 6 300 | 4 070 | 3 000 |
La période d'expansion euphorique tous azimuts de la fin du XXe siècle connut le revers de la médaille en 2002. France Télécom fut obligée d'afficher pour la première fois depuis plusieurs décennies un déficit abyssal suite à des investissements hasardeux à l'étranger en vue d'en faire un groupe de taille européenne en préparation de l'ouverture à la concurrence. L'endettement financier net de France Télécom au 30 juin 2008, en normes IFRS s'élève à 38,2 milliards d'euros, soit un ratio dette nette sur marge brute opérationnelle juste inférieur à 2.
Un dividende de 1,40 euro par action au titre de l’exercice 2009 sera versé en juin 2010.
Les effectifs passent de 140 000 personnes en 1993 à quelque 190 000 personnes en 2007 après un pic à 220 000 en 2001, cette croissance étant due aux effectifs à l'international.
106 000 employés (56 %) sont en France, 16 % en Pologne, 12 % au Royaume Uni, 2 % en Espagne.
Les 140 000 personnes en 1993 sont essentiellement des fonctionnaires français. Il reste moins de 80 000 fonctionnaires en 2006. Les personnes qui ne sont pas sous statut de fonctionnaire, sont en CDI dans le droit de leur pays. La moitié du personnel travaille hors de France.
Le turn over est plus important à compter de 2005. Il s'agit de mouvements entrant d'ingénieurs confirmés qui sont séduits par la relative stabilité de FT par rapport aux SSII. Les départs existent, soit par un système de préretraite pour les fonctionnaires, soit vers des sociétés de haute technologie. Les mouvements internes sont nombreux.
Les fonctions sont :
En 2006, selon le bilan social officiel de l'entreprise, environ trois employés sur quatre ont perçu une rémunération brute comprise entre 2 150 et 4 150 Euros par mois. La rémunération mensuelle moyenne brute est 2 924 Euros.
Le changement de stratégie initié par Thierry Breton et poursuivi par Didier Lombard, tournée vers une financiarisation excessive alors que l'entreprise compte encore de nombreux fonctionnaires, et bien qu'elle soit de fait toujours contrôlée par l'état, induit des tensions. Les changements de postes à l’intérieur de l’entreprise sont nombreux (14 000 entre 2006 et 2008). L'alliance CFE-CGC/UNSA et SUD ont créé dès 2007 l'Observatoire du Stress et des mobilités, forcées pour en étudier les conséquences sur l'organisation du travail. Les suicides liés au travail, 6 pendant l’été 2009, posent la question de cette gestion du personnel.
Années | 2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 |
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nombre d'employés suicidés en France | 28 | 29 | 15 | 17 | 3 | ||||||
taux annuel pour 10 000 employés en France | 2,15 | 2,49 | 1,50 | 1,70 | |||||||
taux pour 10 000 habitants (moyenne française) | 1,84 | 1,76 | 1,78 | 1,60 | 1,96 | 1,62 |
L'interprétation des taux de suicide dans deux populations différentes nécessite une étude très détaillée. La difficulté de cette étude est renforcé par le fait que la population d'employés de France Télécom est elle-même composée de plusieurs catégories socio-professionnelles ayant des taux de suicides différents (par exemple, les ouvriers ont un taux de suicide plus élevé que les cadres). L'observation simple montre que le taux brut dans l'entreprise au début des années 2000 était élevé par rapport à la moyenne française. Il n'a pas été médiatisé et n'a pas suscité de débats. Le taux observé en 2009 est supérieur à cette moyenne. Il n'en signale pas moins un problème réel, lorsque le suicide est directement lié aux conditions de travail. La spécificité de ces suicides est moins leur nombre, que le fait qu'ils sont commis sur le lieu de travail, ce qui est plus rare (même si peu de statistiques sont disponibles).
Le suicidé du 14 juillet 2009 de Marseille notait dans sa dernière lettre : « Je me suicide à cause de mon travail à France Télécom. C’est la seule cause. Urgence permanente, surcharge de travail, absence de formation, désorganisation totale de l’entreprise. Management par la terreur ! » Les témoignages rassemblés depuis la sortie du silence de ce phénomène montrent un malaise profond dans de nombreuses équipes. Certains au contraire veulent défendre leur cadre de travail.
Après dépouillement du questionnaire à tout le personnel de France Télécom, les consultants du cabinet Technolgia remettent leurs conclusions le 14 décembre 2009 et évoquent une « ambiance de travail tendue, voire violente ». « Le ressenti général est très dégradé, notamment en ce qui concerne les conditions de travail, la santé, le stress… ». Dans la « vague de suicides », ils pointent « la grande défaillance du management ». « Les personnels de France Télécom semblent plus que jamais orphelins de sens, de leaders ». A l'issue de la présentation, Sébastien Crozier, délégué syndical de l'alliance CFE-CGC/UNSA en commente les résultats en direct sur le journal de 13h de France 2 et annonce qu'en réalité il y a eu 35 suicides sur les années 2008 et 2009.