Fonction zêta de Riemann - Définition

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Les zéros

Les zéros triviaux

Par la relation fonctionnelle, il apparaît que la fonction \zeta\, s'annule pour tous les entiers de la forme − 2n, (n \in \mathbb{N}-\{0\}) par suite du facteur \sin \Big( \frac{\pi s}{2} \Big) , mais pas en s=0 par suite du facteur Γ(1 − s). Ces zéros sont appelés zéros triviaux.


La relation fonctionnelle permet de plus de montrer que chacun de ces zéros est simple puisque la valeur de la dérivée en − 2k est

 \zeta'(-2k)=(-1)^k\frac{(2k)!\zeta(2k+1)}{2^{2k+1}\pi^{2k}}

Les zéros non triviaux

Il existe d'autres zéros. On obtient de la relation fonctionnelle que la fonction \zeta\, admet une infinité de zéros dans la bande \Re(s) \in ]0,1[. Pour cela, on remarque que la fonction

 \xi(s)=\frac12 s(s-1)\pi^{-s/2}\Gamma(s/2)\zeta(s)

vérifie

\displaystyle \xi(s)=\xi(1-s).

On en déduit que la fonction

 \Xi(s)=\xi\left(\frac12+is\right)

est paire. On montre que les deux fonctions \xi\, et Ξ sont deux fonctions entières d'ordre 1 et, comme Ξ(s) est paire, la fonction s \mapsto \Xi(\sqrt{s}) est une fonction entière d'ordre 1/2: elle admet donc, d'après la théorie générale des fonctions entières, une infinité de zéros. Ces zéros se traduisent par une infinité de zéros de \zeta\, dans la bande \Re(s) \in ]0,1[. On ignore pour l'instant si l'hypothèse de Riemann (voir plus bas), qui affirme que tous ces zéros sont de partie réelle 1/2, est vraie.

La bande critique et l'hypothèse de Riemann

On appelle bande critique la bande  0 \le \Re(s) \le 1 . Il existe donc une infinité de zéros dans la bande critique mais, actuellement, on ne sait pas exactement où. L'hypothèse de Riemann affirme qu'ils sont tous de partie réelle 1/2. On a vérifié numériquement sur plus de 1 500 000 000 zéros que leur partie réelle était bien 1/2 (voir l'article détaillé hypothèse de Riemann pour une explication du fait qu'il ne s'agit pas d'une estimation approchée de cette partie réelle, mais bien d'une démonstration, sans aucune incertitude numérique).

Il a été démontré que l'axe \Re(s)=1/2 en avait une infinité, dont les 2/5 au moins sont simples. On sait également que la proportion des zéros de la forme β + iγ en dehors de l'axe 1/2 et tels que | γ | < T tend vers 0 quand T tend vers l'infini, cette proportion décroissant également à mesure que β s'écarte de 1/2.

On appelle traditionnellement N(T) le nombre de zéros de la fonction \zeta\, de Riemann dans le rectangle vertical décrit par sa diagonale [0;1 + iT]. On pose également N0(T) pour le nombre de zéros se trouvant sur le segment [1 / 2;1 / 2 + iT]. On a alors les estimations suivantes :

N(T)=\frac{T}{2\pi}\ln\left(\frac{T}{2\pi e}\right)+\mathcal{O}\left(\ln T\right)

Ces estimations permettent de donner une estimation asymptotique pour le zéro de rang n, βn + iγn sous la forme

|\gamma_n| \approx \frac{2\pi n }{\ln n}

Cette formule montre d'une part que l'ordre m(ρ) de chaque zéro ρ est majoré par

m(\rho) \le C\ln |\rho|

et d'autre part que la distance entre deux zéros tend vers 0. On a en effet

|\gamma_{n+1}-\gamma_n| = \mathcal{O}\left(1/\ln n \right).

Pour les zéros de la droite critique, on sait qu'il existe une constante C telle que, pour tout T\geq 2 on a

N_0(T)\geq C T\ln T\geq CN(T).

On ne connaît pas la valeur exacte de la constante C mais Conrey a démontré en 1989 que

 \liminf_{T\to +\infty}\frac{N_0(T)}{N(T)}\geq 0,4077.

Autrement dit, plus de deux cinquièmes des zéros de \zeta\, sont sur la droite critique \Re(s)=\frac{1}{2} .

La fonction S(T)

Une analyse plus fine de la fonction N(T) montre qu'on a

 N(T)= 1+\frac1{\pi}\arg\Big(\pi^{-iT/2}\Gamma(1/4+iT/2)\Big)+S(T)

où la fonction S(T) est définie par

S(T)=\frac1{\pi}\arg\Big(\zeta(1/2+iT)\Big),

les arguments étant définis par variation continue depuis la valeur 0 prise en un point réel strictement supérieur à 1, le long d'un chemin menant au point considéré et composé de deux segments, l'un vertical depuis le point réel, l'autre horizontal jusqu'au point voulu.

La formule de Stirling complexe donne alors

 N(T)= \frac{T}{2\pi}\ln \frac{T}{2\pi e}+\frac78+S(T)+\mathcal{O}\left(1/T\right).

On connaît relativement peu de chose sur S(T) sans aucune hypothèse. On a l'estimation

 S(T)= \mathcal{O}\left(\ln T\right)

déjà ancienne et qu'on n'arrive pas à améliorer.

Sous l'hypothèse de Riemann, on a

 S(T)= \mathcal{O}\left(\ln T/\ln \ln  T\right).

Dans les recherches sur S(T), on a réussi à avoir quelques précisions supplémentaires sur le comportement de S(T) qui reste mystérieux:

 \int_0^T S(u)\mathrm du = \mathcal{O}\left(\ln T\right)

dont on déduit que la moyenne de S(T) est égale à zéro.

Cependant Selberg a montré que S(T) était minoré par une quantité tendant vers l'infini pour une infinité de valeurs de T. Sur ces valeurs de T, on a

 S(T)>A (\ln T)^{1/3}(\ln \ln T)^{-7/3}\;.

Selberg a également montré que

 \int_0^T S^2(u)\mathrm du = \frac1{2\pi^2}T\ln \ln T (1+o(1))\,\!

qui montre que la moyenne de S2(T) sur [0,T] est (1 / 2π2)lnlnT.

Titchmarsh a montré d'autre part que S(T) changeait de signes une infinité de fois.

La région sans zéro

La plus grande région connue qui ne contient aucun zéro de la fonction \zeta\, est donnée asymptotiquement par la formule suivante :

\Re(s) > 1 - \frac{c}{(\ln t)^{2/3}(\ln \ln t)^{1/3}}
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