Flore du Massif central - Définition

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Étage montagnard

Forêt

Lis Martagon (monts d'Aubrac)

À partir de 900 m d'altitude, commence le domaine du hêtre et son cortège floristique très caractéristique. C'est en effet cet arbre qui domine à cette altitude, du moins sur une large moitié ouest du massif. À l'est, en particulier en Haute-Loire, le hêtre est remplacé par le pin sylvestre (climat plus sec). Dans certaines zones froides et humides, le sapin vient se mêler au hêtre et peut même y devenir dominant (Monts du Cantal, Artense, Nord de la Margeride, Forez). En tout cas, c'est bien à l'étage montagnard que le Massif central commence à se distinguer des basses terres qui l'entourent par la très grande richesse de sa flore. Les espèces rencontrées varient suivant que l'on se trouve dans un bois à sous-sol basaltique (roche basique) ou dans un bois à sous-sol granitique (roche acide). Dans le premier cas, on croisera des fleurs calcicoles telles que le centaurée des montagnes, le bois gentil, le cirse érisithales (plus rare), la cardamine à cinq ou sept folioles ou le séneçon cacaliaster mais paradoxalement on peut aussi y trouver parfois des espèces calcifuges (en raison du caractère relativement neutre du basalte, celui-ci comportant peu de silice ou de carbonate de calcium à l'état libre, ces éléments se présentant sous forme de silicates). Par contre, sur le granite, on ne trouve aucune espèce calcicole. Toutefois, une grande majorité de fleurs s'accommodent des deux types de sol : lis martagon, maïanthème à deux feuilles, luzule blanc-de-neige, digitale pourpre, parisette, doronic d'Autriche, scille à deux feuilles, jacinthe des Pyrénées (Ouest du massif), sceau de salomon verticillé, calament à grandes fleurs (« thé d'Aubrac »), séneçon de Fuchs (très présent dans le Forez), prénanthe pourpre, etc. Les influences climatiques interviennent aussi : on peut ainsi trouver par exemple dans les forêts de l'Ouest du massif des plantes rares à affinité atlantique comme le pavot jaune (Meconopsis cambrica).

Toutes ces plantes se retrouvent dans la zone du hêtre (surtout en lisière de bois ou dans les clairières car les bois de hêtres sont très sombres, ce qui empêche la croissance de la majorité des plantes) ou dans les taillis de noisetiers, mais quelques-unes d'entre elles se retrouvent aussi dans la zone du pin sylvestre. Par ailleurs, les forêts de pins étant plus claires, celles-ci abritent plus d'espèces végétales, en particulier des arbustes tels que le genévrier commun et des mousses.

Enfin, dans les coupes de bois, on rencontre très fréquemment l'épilobe en épi, espèce pionnière qui colonise parfois de grandes surfaces, et qui peut être accompagné d'arbres ou d'arbustes comme le bouleau, le sureau noir (altitude < 1 200 m), le sureau rouge (rare en dessous de 1 000 m d'altitude) ou, plus banalement, le genêt à balais.

Espaces ouverts

Lande à genêt purgatif
Pulsatille rouge (endémique du Massif central)

Dans le Massif central, les espaces ouverts à l'étage montagnard sont tous d'origine anthropique. Il convient d'en distinguer trois types : les pâturages des montagnes volcaniques, très riches à la fois sur le plan écologique et agronomique, les landes surtout sur sol granitique ou schisteux, moins intéressantes sur le plan agronomique mais très riches en espèces et enfin les prés de fauche. Dans les landes, plusieurs sous-catégories peuvent être distinguées : landes à fougère, à genêt purgatif, à callune ou à myrtille commune (ces deux dernières se retrouvant en général sur sol granitique peu épais). Par ailleurs, les landes étant des espaces de transition entre pâturage et forêt, celles-ci abritent souvent des espèces pionnières d'arbres ou d'arbustes aussi diverses que le bouleau, l'églantier, le noisetier, l'aubépine, le sorbier des oiseleurs ou l'alisier blanc.

Les bordures de propriété ou les haies (quand elles existent, car les paysages de bocage sont assez rares dans le Massif central) comptent aussi quelques espèces ligneuses intéressantes comme le frêne commun (qui est souvent sévèrement taillé car ses feuilles sont utilisées pour l'alimentation du bétail), l'érable sycomore, le prunellier, le framboisier ou le merisier à grappes, arbuste aux fleurs blanches qui ne pousse qu'à partir d'une certaine altitude.

Au niveau de la strate herbacée, les graminées constituent l'essentiel du couvert végétal avec un grand nombre de genres représentés (Dactylis, Festuca, Poa, Alopecurus, etc.) ainsi que quelques espèces plus caractéristiques des pâturages ou landes d'altitude comme la flouve odorante, la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), le pâturin des Sudètes ou la fétuque d'Auvergne, endémique du Massif central (Festuca arvernensis).

Quant aux autres plantes à fleurs, elles se répartissent de façon variable dans les trois types d'espaces ouverts évoqués précédemment, participant à diverses associations végétales. Ainsi, il existe des espèces qui peuvent croître indifféremment dans les trois espaces : la gentiane jaune, la dent-de-chien (montagnes de l'Ouest), le narcisse jaune, l'orchis sureau, le vératre blanc, l'arnica des montagnes ; d'autres préfèrent les prés de fauche : raiponce en épi, renouée bistorte, narcisse des poètes et d'autres enfin ne poussent que dans les pâturages non fauchés (qu'ils soient granitiques ou basaltiques) : nard raide (graminée), gentiane des champs, pulsatille rouge (endémique du Massif central et surtout présente sur les versants est des différents massifs), fenouil des Alpes (cette plante, connue aussi sous le nom de cistre, est broutée par les vaches de race Salers ou Aubrac et ferait toute la saveur du fromage du Cantal), euphorbe d'Irlande (plante atlantique poussant dans l'ouest du massif), liondent des Pyrénées, etc.

Zones humides

Prairie tourbeuse sur ancien sandur dans une vallée glaciaire. Des aulnes glutineux bordent le ruisseau.

Les zones humides peuvent se scinder en deux types : il y a, d'une part, les bords de cours d'eau et les mégaphorbiaies et, d'autre part, les tourbières.

Dans le premier cas, on a affaire à des plantes souvent de grande hauteur (entre un et deux mètres) parfois disposées en colonies serrées : aconit tue-loup, aconit napel (altitude > 1 200 m, très toxique), pigamon à feuilles d'ancolie, renoncule à feuilles d'aconit, adénostyle à feuilles d'alliaire (alt. > 1 200 m), populage, etc. Ces plantes montagnardes peuvent occasionnellement côtoyer des plantes comme la reine-des-prés ou la valériane, fréquentes dans le Massif central dans ce type d'écosystème. Quant aux arbres, on trouve fréquemment au bord de l'eau des aulnes glutineux et différentes espèces de saules, dont certaines qui ne poussent qu'en montagne (Salix pentandra).

Dans le deuxième cas, du fait de la pauvreté en nutriments des tapis de sphaignes, les plantes sont souvent plus petites et quelquefois carnivores (drosera à feuilles rondes, grassette commune). Mais beaucoup d'autres espèces peuplent les tourbières du Massif central, ce qui en fait toute la valeur écologique : ainsi, dans les dépressions saturées d'eau, on trouvera, entre autres, le comaret ou potentille des marais (Potentilla palustris) ou le trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata), et en position plus haute, sur les buttes de sphaignes, la canneberge (Vaccinium oxycoccos), la linaigrette à feuilles engainantes (Eriophorum vaginatum), l'andromède à feuilles de Polium, etc. On pourra aussi y croiser la gentiane pneumonanthe, le trèfle brun-rouge (Trifolium spadiceum) ou le trolle d'Europe (caractéristiques également des prairies hygrophiles). Les genres carex et juncus sont quant à eux bien représentés avec, entre autres, des espèces rares caractéristiques des tourbières d'altitude comme Carex cespitosa, Carex chordorrhiza, Carex limosa, Juncus alpinoarticulatus ou encore Juncus filiformis.

Le Massif central compte enfin quelques stations de plantes de tourbières relictuelles de la dernière ère glaciaire et rarissimes en France comme l'impressionnant ligulaire de Sibérie (Cézallier, Aubrac), la scheuchzérie des marais, le bouleau nain ou le saule des lapons (ces deux arbustes sont présents dans les tourbières de la Margeride ainsi que dans les monts Dore pour le dernier).

Cas particulier du sud du massif

Dans le sud du massif (Causses et Cévennes), les spécificités quant à la nature du sol et du climat induisent une flore particulière avec un fort taux d'endémisme. La hêtraie est toujours présente, en particulier dans les Cévennes, même sur les versants sud car ceux-ci sont exposés aux pluies venant de Méditerranée (mont Aigoual en particulier). Dans les Causses, elle ne se maintient que sur les versants exposés au nord, les versants sud et les plateaux étant surtout occupés par de maigres pâturages ponctués de boisements de chênes et de pins. En raison du substrat calcaire, la flore des Causses diffère sensiblement de celle du reste du Massif central. On y croise des plantes originaires des milieux steppiques comme la stipe pennée (Stipa pennata) ou la gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus asphodeloides) et plus généralement des plantes de pelouse sèche et(ou) de rocailles calcaires comme la vulnéraire des Causses (Anthyllis vulneraria praepropera), la germandrée de Rouy (Teucrium rouyanum, endémique du sud de la France), le « chardon-baromètre » (Carlina acanthifolia), le lin campanule (Linum campanulatum), le lin à feuilles de Salsola (Linum suffructicosum salsoloides), l'œillet giroflée (Dianthus caryophyllus), le bragalou (Aphyllanthes monspeliensis), le panicaut champêtre (Eryngium campestre), l'astragale de Montpellier (Astragalus monspessulanus) et bien d'autres encore.

Quant aux plantes strictement endémiques des Causses et des Cévennes, on trouve la potentille des Cévennes (Potentilla caulescens cebennensis), la sabline hérissée (Arenaria hispida), la gentiane de Coste (Gentiana clusii costei), une sous-espèce de l'aster des Alpes poussant en altitude (Aster alpinus cebennensis), une orchidée, l'ophrys mouche des Causses (Ophrys insectifera aymoninii), l'arabette des Cévennes (Cardaminopsis cebennensis, également présente dans l'Aubrac mais pas plus au nord), etc.

Les Causses comptent en outre quelques stations de la célèbre orchidée sabot-de-Vénus (Cypripedium calceolus).

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