Un Fau de Verzy (Fagus sylvatica var. tortuosa) est un hêtre dit tortillard qui pousse en forêt de Verzy près de Reims.
Il ne dépasse pas quatre à cinq mètres de haut.
En été, il étale ses feuilles en un parasol très dense, pouvant aller jusqu'à former une sorte d'igloo de feuilles.
En hiver, son architecture tourmentée se dévoile : troncs et branches tordus, coudés, torsadés, branches terminales retombant jusqu'au sol.
Des individus croissent également en Allemagne (région du Süntel, non loin de Hanovre), en Scanie (Dalby Söderskogs, près de Malmö, Suède, vers la limite boréale de l'espèce), au Danemark, en Lorraine, etc. L'origine unique ou plurielle de ces peuplements est en question.
Ces arbres donnent ainsi son nom, les Faux de Verzy, au site touristique situé en France au nord-est de la Montagne de Reims, au sud de Reims dans la Marne où l'on trouve la plus grande concentration mondiale de hêtres tortillards, estimée à environ un millier d'individus.
Le mot « fau » désignait le hêtre en ancien français (pluriel : faux, diminutif : fayet, fayard, foyard) ; il dérive du latin fagus, tandis que le terme « hêtre » est d'origine germanique).
Deux autres sites sont répertoriés en Europe, dans les régions d’Hanovre (Allemagne) et de Malmö (Suède). Mais ils sont trop peu nombreux pour assurer leur « descendance ».
Ce n’est pas le cas des faux de Verzy, en particulier depuis qu'un sentier aménagé permet de les admirer, protégés par des barrières en rondins, sans que le piétinement leur soit nuisible. Une réserve clôturée permet de préserver une partie du peuplement.
Avec plus de 1 000 faux, la Forêt Domaniale de Verzy est la principale réserve mondiale de faux.
Les plus caractéristiques d'entre eux se sont vu attribuer un nom, inspiré de leurs formes singulières :
Le site est classé au niveau national depuis 1932.
Une multitude de spéculations, des plus farfelues aux plus plausibles, souvent sans fondement scientifique, ont été proposées pour déterminer l'origine des faux.
Leur présence à Verzy est attestée dans les cartulaires de l'abbaye de St-Basle dès le VIe siècle.
Les moines les auraient multipliés par marcottes et transplantés en forêt pour faire un véritable « jardin botanique ». Ces grands voyageurs auraient, selon Y. Bernard, rapporté ici un précieux plant d'une région de l'est qu'ils évangélisaient.
Une légende invoque une punition divine contre les mécréants de Verzy, une autre la malédiction proférée par un moine de St-Basle.
Un hêtre tortillard nommé l'« abre des Dames » (abre=arbre et Dames=fées) ou « Le Beau Mai » se trouvait au sud de Domrémy, déjà centenaire à l'époque de Jeanne d'Arc ; il était vénéré pour sa beauté et faisait l'objet d'un culte rustique : une procession s'y rendait chaque année pour chasser les mauvais esprits.
Lors du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc (1450-1456), onze témoins parlent de cet arbre comme s'il s'agissait d'une information essentielle (Georges H. Parent).
En se rendant avec Charles VII de France à l'abbaye de Saint Basle, Jeanne d'Arc serait montée dans les branches d'un fau à Verzy et s'y serait assise. Vraie ou pas, l'anecdote témoigne du fourmillement de légendes qui a entouré pendant des siècles ces hêtres tortillards, qui restent encore aujourd'hui un mystère pour les scientifiques.
En Allemagne, le « mystère » de ces arbres (Süntelbuche) est aussi évoqué :
Als Geheimnis der Süntelbuche gilt die bisher ungeklärte Ursache ihres seltsamen Wuchses. Für die Wuchsform wurden die Bodenbeschaffenheit, Bodeninhaltsstoffe, radioaktives Grundwasser, das Klima, strahlende Meteore, Form und Stellung der Knospen, unterirdische Hohlräume mit Luftströmungen oder „Erdstrahlen“ verantwortlich gemacht. Es gab die Vermutung, nur die an den „Hexenbesen“ wachsenden Eckern könnten wieder Süntelbuchen hervorbringen. Auch vorübergehender Wasserentzug bei Jungpflanzen wurde als Erklärung für den Krüppelwuchs in Erwägung gezogen, doch beweisen ließen sich all diese Spekulationen bisher nicht. (La cause de l'étrange croissance des tortillards est un secret inexpliqué à ce jour. Pour la croissance, ont été rendus responsables la nature du sol, sa composition chimique, la présence de substances radioactives dans les eaux, le climat, des météores radiants, la forme et la position des bourgeons, des cavités souterraines avec courants d'air ou des rayonnements telluriques. Il y eut une présomption que les arbres à « balai de sorcière » pourraient engendrer encore des tortillards. En outre, le manque temporaire d'eau chez les jeunes plants a été considéré comme pouvant être pris en considération pour expliquer l'accroissement des malformations, mais toutes ces spéculations n'ont pas fait leurs preuves).