Fahrenheit 451 tient son origine de la température en Fahrenheit à laquelle le papier s’enflamme et se consume, soit environ 232,7 °C. Le titre évoque ainsi deux façons de brûler un livre : les autodafés organisés par les pompiers et la lecture rendue impossible par l’atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire.
Fahrenheit 451 est une dystopie. Il s'agit d'une contre-utopie, un récit qui déroule la vision pessimiste d'un futur sombre, souvent totalitaire, à l'opposé de toute amélioration ; à visée didactique, l’œuvre appartient au genre de l’apologue.
Les années 1920/1950 marquent aux États-Unis le premier âge d’or de la science-fiction. Le « mouvement » allie des romans et nouvelles, publiées sous formes d’épisodes dans des magazines et des films (Metropolis de Fritz Lang en 1927), qui sont souvent restés dans les mémoires pour leurs effets spéciaux. À l’époque la SF se résume cependant à une littérature de gare. C’est vers les années 1950 qu’ont émergé les principaux écrivains SF (Lovecraft, Asimov...) et notamment Bradbury. Il se démarque cependant par un style plus poétique et une vision souvent pessimiste de la société d’aujourd’hui et assez anti-scientifique.
Bradbury rejette en outre le titre d'écrivain de science-fiction : « Avant tout, je n'écris pas de science-fiction. J'ai écrit seulement un livre de science-fiction et c'est Fahrenheit 451, basé sur la réalité. La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc les chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy. »
En 1952, l’Amérique est au cœur du maccarthisme. Cette campagne déclenchée par le sénateur Joseph MacCarthy met un terme à la carrière de nombreux écrivains et cinéastes, souvent amis de Bradbury. Le climat de paranoïa est d’autant plus lourd que les faits sont volontairement déformés et mis à la disposition du public.
Les premières éditions chez Denoël (jusqu'en 1976) comportent deux nouvelles à la suite du roman : Le Terrain de jeu (The Playground) et Mañana (The Millionth Murder). Les éditions suivantes ne proposent que le texte Fahrenheit 451, jusqu'en 1995 où deux autres nouvelles apparaissent : Feu de joie (Bonfire) et L'Éclat du phénix (Bright Phoenix) accompagnées de deux articles signés Bradbury, d'un cahier pédagogique et d'une préface de Jacques Chambon.
Les rééditions chez Gallimard à partir de 2000 ne conservent que la préface en plus du roman.
L’œuvre serait une condamnation du maccarthisme. Elle présente de nombreux points communs avec la situation aux USA en 1952 ; en effet, dans l’œuvre, les intellectuels sont éliminés par la délation de leurs voisins dans le but d’assurer la sécurité nationale (une seule parole, donc pas de naissance de mouvements de contestation) et le « bonheur commun ».
La société déshumanisée décrite par Fahrenheit 451 montre que de nombreuses valeurs humaines ont sombré ; l’amour, puisque Montag et sa femme ne se rappellent plus leur première rencontre, l’intelligence a aussi sombré ; en effet, les gens se contentent de l’opinion officielle et même les « gardiens de la vérité », comme Beatty, ne comprennent pas ce qu’ils disent, puisque d’après eux, la culture et le dialogue se résument à un échange de citations. Même la communication a sombré, chacun fait preuve d’un individualisme forcené. Les gens sont redevenus des enfants, ils vivent dans l’immanence et veulent uniquement agir : « Les gens ne parlent de rien. » Enfin, cette société est probablement redevenue primitive, puisqu’elle pratique le culte de la violence, au nom du bonheur.
L’échec d’une société du bonheur : la société présentée par Fahrenheit 451 est a priori parfaite, puisque les gens qui y vivent sont heureux, comme l’explique Beatty dans son discours. Cependant, ceci n’est qu’une illusion. En effet, dès les premières pages, Montag se rend compte qu’il n’est pas heureux. Inconsciemment, Mildred sait qu’elle n’est pas heureuse, puisqu’elle tente de se suicider à l’aide de somnifères. D’ailleurs, son cas n’est pas exceptionnel : « Des cas comme ça [...] on en a tellement depuis quelques années. »
Par ailleurs, sous couvert de proposer du bonheur aux gens, cette société machiavélique en profite pour leur vendre une foule de produits ; ainsi, Montag s’est mis dans une situation financière délicate pour pouvoir offrir à sa femme sa télévision murale ; cependant, le système profite aussi de leur inconscience pour leur vendre des choses bien plus importantes, comme un président ou une guerre.