Extincteur - Définition

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Agents extincteurs

La suite utilise la notion de classe de feux. Le lecteur est renvoyé à cet effet vers l'article concerné.

L'eau

Schéma d'un extincteur à eau.
  1. Percuteur
  2. Poignée de percussion et de transport
  3. Emplacement de la goupille de sécurité
  4. Corps de robinet
  5. Sparklet (cartouche de gaz propulseur)
  6. Tube d'injection du gaz
  7. Tube plongeur
  8. Corps d'extincteur
  9. Buse
  10. Prolongement
  11. Gâchette
  12. Tuyau souple

On ne rencontre quasiment pas d'extincteur à eau pure, en raison de sa faible efficacité en petites quantités. Cependant, il existe un appareil appelé Ifex 3000 qui projette des impulsions d'eau à très hautes pression et vitesse, mais qui ne partage aucun point commun avec les extincteurs classiques, sinon la portabilité.

Ainsi, les extincteurs à eau contiennent presque tous un additif. Ceux-ci sont des émulseurs, c’est-à-dire des produits qui abaissent la tension superficielle de l'eau (la goutte d'eau s'étale beaucoup plus), la rendant plus mouillante, plus pénétrante et donc plus efficace. De plus ils forment une pellicule étanche à la surface du combustible, l'isolant ainsi de l'air. La solution moussante obtenue est pour ces raisons également appelée « light water » (« eau légère » en anglais). Il s'agit du même mélange utilisé pour produire de la mousse, cependant la solution n'est ici pas mélangée à l'air. L'émulseur le plus rencontré est l'A3F ou AFFF (Agent Formant un Film Flottant). Il peut être en pré-mélange dans l'eau, ou dans un réservoir à l'intérieur de l'extincteur qui, au moment de la mise en pression de l'extincteur, se perce et libère l'additif dans l'eau. Dans la plupart des cas cet agent est irritant, il faut rincer les parties du corps qui ont pu y être exposées.

Ils sont les plus efficaces sur les feux de classe A. Grâce à l'additif ils sont aussi parfaitement utilisables sur les feux de classe B (liquides), bien que la mousse soit plus efficace et plus sûre.

Le diffuseur équipant ces extincteurs est généralement formé de dizaines de trous de l'ordre du millimètre, afin de pulvériser l'eau en gouttelettes microscopiques. On appelle souvent pour cette raison ces modèles des extincteurs à eau pulvérisée. En raison de la pulvérisation, la portée du jet est très faible (de l'ordre du mètre). Certains diffuseurs sont ainsi prolongés de 20-30 cm et parfois aussi coudés.

On peut utiliser l'eau pulvérisée avec additifs en présence de courant d'une tension inférieure à 1 000 V, car l'eau est pulvérisée en gouttelettes et le jet n'est donc pas conducteur. Attention néanmoins à l'eau de ruissellement qui elle est conductrice. Si l'extincteur est défectueux, la pulvérisation peut toujours ne pas fonctionner et induire un risque mortel.

Les extincteurs à eau sont sensibles à la rouille et ont une durée de vie de 20 ans au maximum malgré l’adjonction d’antirouille. Cela est surtout dû au choix de matériaux répondant à des impératifs commerciaux.

Il existe sur le marché des extincteurs à eau pressurisée à l'azote et/ou à air comprimé. Le réservoir doit être fabriqué en acier inoxydable et sont munis d'un manomètre qui en indique la pression pour correspondre aux normes des assureurs. On peut voir ces normes chez N.F.P.A. et les U.L. pour l'Amérique du Nord. Les extincteurs doivent être inspectés régulièrement au moins une fois par an et subir une inspection visuelle tous les six mois.

La mousse

Les extincteurs à mousse ont une conception identique aux extincteurs à eau avec additif, car il s'agit du même mélange. Cependant ici la solution est mélangée à l'air au niveau du diffuseur, qui est composé d'un simple tube mousse (un long tube doté d'une ouverture à son origine pour faire entrer l'air par l'effet Venturi) formant de la mousse à bas foisonnement (mousse lourde). La portée importante du jet demande (ou permet) de se tenir loin du liquide en feu pour éviter de le projeter et de l'étaler.

Il s'agit du seul agent capable d’éteindre proprement, sûrement et sans risque de réinflammation les feux de liquides (classe B). La mousse, en flottant, agit en isolant l'air de ces derniers. Ceci permet :

  • d'empêcher l'air d'alimenter le feu ;
  • de retenir les vapeurs du liquide pouvant s'enflammer ou causer une réinflammation : on peut ainsi couvrir de mousse une surface de manière préventive afin d'éviter tout risque d'inflammation.

Dans une moindre mesure, la mousse agit par refroidissement grâce à l'eau qu'elle contient. Ceci est surtout valable sur les feux de classe A.

Suivant l'additif utilisé et le foisonnement, ils peuvent convenir plus ou moins efficacement sur les feux de classe A, bien que l'eau pulvérisée soit toujours préférable en raison de sa plus grande capacité de refroidissement.

L'additif utilisé conditionne l'efficacité de la mousse sur les feux d'hydrocarbures ou sur les produits polaires (solubles dans l'eau). L'AFFF est particulièrement efficace sur les premiers, formant lors de la décantation de la mousse un film aqueux à leur surface. Sur les polaires, il a tendance à former un gel. Il s'agit de l'émulseur le plus rencontré dans les extincteurs.

La mousse est inutilisable sur des feux d'installations électriques, car elle est conductrice.

Concernant la corrosion, les mêmes remarques que pour l'eau s'appliquent à la mousse.

Poudres

Schéma d'un extincteur à poudre
  1. Percuteur
  2. Poignée de percussion et de transport
  3. Emplacement de la goupille de sécurité
  4. Corps de robinet
  5. Sparklet (cartouche de gaz propulseur)
  6. Tube de détassement
  7. Tube plongeur
  8. Corps d'extincteur
  9. Buse
  10. Gâchette
  11. Tuyau souple

Les extincteurs à poudre contiennent une poudre chimique qui agit de plusieurs manières, principalement en étouffant le feu et en isolant le combustible (voir plus bas). Cependant, elle n'a strictement aucun pouvoir refroidissant.

Les extincteurs à poudre sont irrespectueux des biens de grande valeur. En effet, la poudre s’insinue partout, elle est abrasive et mélangée à l’eau elle devient fortement corrosive (notamment pour les circuits électriques). Afin de réparer les dégâts il existe des firmes spécialisées dans le nettoyage après l’utilisation d’extincteurs à poudre. Les nuages de poudre qu'ils provoquent réduisent beaucoup la visibilité du sinistre, et sont très fortement irritants. De plus, ils engendrent une forte déperdition de l'agent extincteur, car une partie n'atteint pas le foyer.

Ce sont les extincteurs qui éteignent le feu le plus rapidement, mais pas forcément d'une façon définitive. Sur les liquides (classe B), la poudre rend la réinflammation difficile mais pas impossible. Il est souvent nécessaire de consolider l'extinction par la mousse. La poudre est le seul agent extincteur efficace sur les feux de gaz (classe C) de grande ampleur.

On peut également noter que ce sont les seuls extincteurs utilisables à des températures négatives ainsi que pour l’électricité supérieure à 1 000 volts.

Les extincteurs à poudre ont une durée de vie qui dépend de la fréquence des recharges, utilisés dans le cadre de la lutte anti-incendie de base, leur durée de vie est d'au minimum 30 ans. Par contre ils sont sensibles aux vibrations qui tassent la poudre, l'empêchant de sortir correctement.

On distingue trois types de poudre :

Poudres BC (feux de classes B et C)

Elle est composée principalement de bicarbonate de sodium ou de bicarbonate de potassium (85-95 %) qui sous l'effet de la chaleur se décomposent en donnant notamment du CO. Ils ont également une action inhibitrice sur les réactions chimiques au sein de la combustion.

On leur adjoint souvent 1-12 % de mica muscovite (silicate de potassium et d'aluminium) ou de terre à foulon (silicate de magnésium et d'aluminium) pour rendre la poudre moins volatile. Enfin on trouve quelques pourcent de stéarates (de calcium notamment), de gel de silice et d'huile de silicone (polysiloxane méthylé et hydrogéné), afin d'éviter que la poudre ne s'agglomère sous l'effet de l'humidité. La plupart de ces poudres sont également dotées de pigments bleus ou violets.

Ils sont presque exclusivement destinés au secteur de l’automobile ou de l'industrie. Ils sont normalement incapables d’éteindre un feu dans un compartiment moteur, néanmoins il existe une technique spéciale qui consiste à « croquer » un coin du capot et à éteindre le feu par étouffement entre le jet et le capot.

Poudre ABC (feux de classes A, B et C)

Elle est composée principalement (jusqu'à 95 %) de phosphate ou sulfate d'ammonium, de phosphate monoamonique ou de carbamate ou bicarbonate de sodium. Les sels d'ammonium, outre de dégager du CO et d'être de meilleurs inhibiteurs que ceux de sodium/potassium, ont la propriété de fondre sous l'effet de la chaleur et de former à la surface des solides une croûte les isolant de l'air. C'est ce qui rend cette poudre utilisable aussi bien sur les feux de classe A, B ou C.

On leur adjoint souvent 1-5 % de mica muscovite (silicate de potassium et d'aluminium) ou de terre à foulon (silicate de magnésium et d'aluminium) pour rendre la poudre moins volatile. Enfin on trouve des fractions d'huile de silicone (polysiloxane méthylé et hydrogéné) afin d'empêcher que la poudre ne s'agglomère sous l'effet de l'humidité. Certaines de ces poudres sont également dotées de pigments bleus ou jaunes.

Ce sont les extincteurs les plus polyvalents et les plus vendus.

Poudre D (feux de classe D)

Elle est principalement composée (80-90 %) de carbonate ou chlorure de sodium et de phosphate de calcium. On lui ajoute quelques pourcents de stéarate de zinc ou de magnésium et parfois 1-5 % de mica muscovite (silicate de potassium et d'aluminium) ou de terre à foulon (silicate de magnésium et d'aluminium) pour rendre la poudre moins volatile, ainsi que du gel de silice pour éviter qu'elle ne s'agglomère. On rencontre également de la poudre de ciment, du laitier, des grenailles de fonte qui aident à former une croûte en fondant.

On rencontre ce type de poudre dans des environnements spéciaux : industries, laboratoires, etc. bien que les transports et la construction utilisent de plus en plus de métaux inflammables. En raison du caractère très particulier des feux de métaux, la poudre D sert principalement à isoler le feu sous une croûte afin d'éviter sa propagation et dans le meilleur cas de l'étouffer. La composition de la poudre va ainsi dépendre du métal particulier à éteindre.

Gaz

Dioxyde de carbone

Schéma d'extincteur portatif de 2 kg au CO.
  1. Valve anti-surpression
  2. Emplacement de la goupille de sécurité
  3. Tromblon
  4. CO gazeux
  5. CO liquide
  6. Tube plongeur
  7. Cylindre de CO (2 kg)
Schéma d'un extincteur portatif de 5 kg au CO.
  1. Valve anti-surpression
  2. Emplacement de la goupille de sécurité
  3. Tuyau souple
  4. CO gazeux
  5. CO liquide
  6. Tube plongeur
  7. Cylindre de CO (5 kg)
  8. Buse
  9. Tromblon

Le dioxyde de carbone (CO) agit principalement par étouffement, en diminuant fortement la concentration d'oxygène alimentant le feu. Dans une très moindre mesure, il agit par refroidissement au vu de sa température de sortie de -78 °C ; sur de petits feux il peut également souffler la flamme (séparer le combustible du feu). Il est ainsi capable d'agir sur les trois côtés du triangle du feu.

Le gaz est stocké sous forme liquide à une pression permanente de 70 à 80 bar avec une valve de sécurité se déclenchant à 200 bar ; il est inodore, incolore (bien qu'il forme un nuage blanc en se condensant à la sortie de l'extincteur) et non toxique à faible dose. En raison de sa détente, le gaz sort à -78 °C, faisant courir des risques de gelures. Le diffuseur prend la forme d'un tromblon conique favorisant la détente du gaz et son guidage. Réalisé en caoutchouc, il permet d'être pris en main sans risque de gelure, contrairement aux parties métalliques de l'appareil. Les modèles de moins de 4-5 kg ne comportent pas de tuyau et le tromblon est fixé directement dessus.

Le CO est un gaz volatil ; plus lourd que l'air à température ambiante il devient plus léger dès 179 °C. Pour assurer une extinction complète, il est donc nécessaire de couvrir simultanément toute la surface en feu, car le gaz ne reste au mieux que quelques instants à son contact.

Un extincteur au dioxyde de carbone peut ainsi être utilisé selon le principe du « tout ou rien » : en cas de réussite le feu est complètement éteint, en cas d'échec il reprend avec la même intensité. Il est efficace sur les petits feux de liquides (classe B) bien que son efficacité soit limitée lorsque le liquide en feu a déjà atteint son point d'auto-inflammation : il se réenflamme spontanément après extinction ; le CO n'est vraiment efficace que sur les feux naissants. Il est efficace sur les petits feux de gaz (classe C) selon le principe énoncé. Il est utilisable sur les feux de solides (classe A) lorsque ceux-ci sont très peu épais (tissu, papier, etc.) et ne forment pas de braise. Par contre, il est totalement inefficace sur les feux de solides épais ou formant des braises, en raison de leur forte inertie thermique.

Son utilité réside en la possibilité de refroidir des appareils électriques en surchauffe (pour des tensions inférieures à 5 kV), encore est-il nécessaire de prendre des précautions lors de l'extinction vis-à-vis des risques d'explosion des objets brutalement refroidis à cause de la température à laquelle le dioxyde de carbone sort du tromblon de l'extincteur. Les extincteurs à CO sont les seuls dont le tromblon, tant qu'il est sec, peut servir à séparer de la source d'électricité une victime en train de s'électriser.

Le CO a également l'avantage de ne laisser aucun résidu et de ne causer aucun dégât, ce qui en fait le seul agent utilisable dans un environnement informatique ou une cuisine par exemple.

Parmi tous les matériels d'extinction, ce sont les plus lourds, ils sont également très sensibles à la chaleur, tant lors de leur utilisation que de leur stockage.

Halon

Il existait auparavant une cinquième catégorie : celle des extincteurs dont le contenu appartient à la familles des halons ; famille qui est en voie de disparition. En effet ces gaz sont visés par le Protocole de Montréal qui est un accord international visant à réduire et à terme éliminer complètement les substances qui appauvrissent la couche d'ozone. Il a été signé actuellement par 191 pays et dont la Communauté économique européenne.

Cette catégorie était fonctionnellement similaire, bien que nettement plus efficace que les extincteurs à CO car ils pouvaient être utilisés à une température bien plus élevée.

Autres gaz

Des alternatives aux halons existent sur le marché :

  • Argonite : 50 % d'argon et 50 % de diazote
  • Inergen : 52 % de diazote, 40 % d'argon et 8 % de CO
  • HFC-125
  • Novec 1230
  • FM-200

Ces gaz sont principalement utilisés dans des installations fixes, pour protéger des lieux ne pouvant tolérer l'eau ou la poudre, comme des bibliothèques ou des datacenters.

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