Expédition polaire de S. A. Andrée - Définition

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Un jeu de société de 1896, inspiré du projet d’expédition d’Andrée.
Une carte postale française représentant en 1896 le ballon d’Andrée.

Alors que la Norvège, à l’époque unie à la Suède, affirmait son rôle de puissance majeure dans l’exploration des régions arctiques grâce notamment à Fridtjof Nansen, l’élite politique et scientifique suédoise souhaitait voir la Suède reprendre la place de leader scandinave qui semblait lui être due. Il fut ainsi assez aisé pour Andrée, orateur doué, de convaincre les décideurs et financiers. Lors d’une conférence donnée en 1895 à l’académie royale des sciences de Suède, il fit grosse impression devant un public composé de géographes et météorologues. Il y détailla quatre conditions que devait remplir un ballon destiné à l’exploration polaire. Il devait :

  • être capable de soutenir le poids des trois passagers et de leur équipement scientifique, d’appareils photos adaptés à la réalisation de prises de vue aériennes, de la nourriture pour trois mois ainsi que du ballast, soit environ une masse de 3000 kilogrammes ;
  • être assez étanche pour pouvoir rester trente jours en l’air sans interruption ;
  • être rempli sur le site de lancement avec de l’hydrogène produit sur place ;
  • pouvoir être dirigé, de quelque manière que ce soit.

Andrée se montra particulièrement optimiste dans sa présentation des éléments permettant de remplir ces conditions. Des ballons plus hermétiques et de taille importante avaient d’après lui déjà été construits en France, certains ayant même réussi à conserver leur hydrogène pendant plus d’une année sans perte significative de flottabilité. Le remplissage sur site du ballon ne présentait également pour lui aucun problème, pouvant aisément être réalisé à l’aide d’unités mobiles de production d’hydrogène. La direction devait par ailleurs reposer sur la technique développée par Andrée pour le Svea, qu’il affirma pouvoir suivre en vol de croisière une route différant de 27 degrés de la direction du vent.

Andrée affirma à son auditoire que seul le climat estival était propice à un voyage en ballon en Arctique, le jour polaire devant permettre de réaliser des expériences vingt-quatre heures sur vingt-quatre, de diviser par deux le temps nécessaire au voyage, ainsi que de s’affranchir de la nécessité de se poser pour la nuit, ce qui est toujours une opération délicate. Cela devait également éviter au ballon de perdre de sa flottabilité du fait du froid nocturne. La méthode de direction mise au point par Andrée était particulièrement adaptée à une étendue glacée, qui présente une faible friction et est vierge de végétation. Le faible niveau de précipitations dans la zone de l’expédition écartait le risque de voir le ballon se charger et prendre un poids par trop important. Si toutefois des précipitations se produisaient, elles devaient, selon Andrée, fondre si la température dépasse zéro degrés, et en cas contraire être soufflées par le vent, puisque le ballon était censé avancer à une vitesse inférieure à celle du vent. Bien que très éloignées de la réalité de l’été arctique, fait de tempêtes et de brouillard, et présentant un taux d’humidité très élevé ainsi que des risques important de formation de glace, les explications d’Andrée convainquirent le parterre de spécialistes présents à la conférence. L’académie approuva le budget de 130 800 couronnes, dont 36 000 pour le seul ballon, présenté par Andrée. Grâce à cet appui les fonds affluèrent, avec les participations notables du roi Oscar II, qui contribua personnellement à hauteur de 30 000 couronnes, et de l’inventeur Alfred Nobel.

L’intérêt suscité par Andrée dépassa le seul cadre national, et les lecteurs européens et américains se montrèrent curieux vis-à-vis d’un projet dont la modernité et la dimension scientifique n’étaient pas sans rappeler les livres de l’auteur contemporain qu’était alors Jules Verne. La presse dans son ensemble porta un grand intérêt à la préparation de cette expédition, prédisant tantôt une mort certaine pour les aventuriers, tantôt un voyage facile du ballon (appelé par le reporter un « dirigeable »), porté jusqu’au pôle Nord comme prévu par les experts parisiens et les scientifiques suédois.

L’atelier de Henri Lachambre à Paris.

Si la presse populaire accordait une grande confiance dans le jugement des experts et des scientifiques, d’autres voix s’élevèrent pour critiquer le plan d’Andrée. Ce dernier étant le tout premier suédois à se lancer dans le pilotage de montgolfière, aucun de ses compatriotes n’avait le bagage nécessaire pour porter un regard critique sur la flottabilité du ballon et le système de guideropes. Par contre, en France et en Allemagne existait à cette époque une solide tradition vis-à-vis des montgolfières, et de nombreux pilotes étaient plus expérimentés qu’Andrée. Certains d’ailleurs exprimèrent leur scepticisme à propos de ses méthodes et inventions. Ces objections, de même que les mésaventures du Svea, ne parvinrent pas à dissuader Andrée de se lancer. Suivi avec enthousiasme par les médias nationaux et internationaux, il se rendit à Paris, capitale de la montgolfière, pour passer commande au célèbre aéronaute et constructeur de ballons Henri Lachambre d’un ballon verni à trois couches de soie et de 20,5 mètres de diamètre. Initialement nommé en français Le pôle Nord, le ballon fut finalement baptisé du nom de Örnen, L’Aigle en suédois.

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