Euthanasie - Définition

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Arguments pour et contre l'euthanasie

Arguments invoqués pour la dépénalisation ou la légalisation

  • Fin de la souffrance : si les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de manière efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs, il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs. Ainsi :
    • la perte progressive du contrôle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodégénératives,
    • la sensation d'étouffement,
    • la déformation de son corps, et surtout de son visage,
    • la perte définitive de son autonomie.

Même s'ils s'efforcent de prendre également en compte la souffrance, les soins palliatifs ne peuvent pas toujours l'apaiser complètement, et l'euthanasie reste une porte de sortie.

  • Effectuer une euthanasie dans un cadre médicalisé évite la clandestinité du geste et permet de limiter certaines dérives.
  • Vision de la dignité humaine (comme le remarque le philosophe Simon Blackburn, cet argument est souvent invoqué par les militants « pro-vie » et opposés à l'euthanasie, mais peut tout aussi bien être retourné contre eux  : selon lui, il est impossible de « fonder l'interdiction [de l'euthanasie] sur le respect de la vie (sans parler du respect de la dignité), puisque ce qu'elle [l'interdiction] requiert réellement ce n'est pas le respect envers la vie mais le respect envers l'acte de mourir - c'est-à-dire, le fait de traiter comme sacro-sainte la procédure souvent intolérable, sans aucune dignité, cruelle et douloureuse de notre dissolution naturelle »)
    • la maladie est perçue comme une dégradation inacceptable par le patient;
    • la maladie peut entraîner des altérations des facultés psychiques (raison et volonté en particulier) sur lesquelles reposent les valeurs morales de l'Occident ;
    • dépendance très importante ou totale de l'aide d'autrui.
    • sentiment d'inutilité sociale.
  • Vision de la liberté de l'être humain
    • l'être humain est seul titulaire des droits associé à son corps, seul maître de sa vie ; c'est la simple application de la liberté individuelle. Il doit être le seul à décider de ce qu'il veut faire de son corps mais aussi de son esprit, c’est-à-dire de ce qui fait qu'il existe en tant qu'être humain.
    • liberté de choix du malade, qui sait mieux que quiconque ce qu'il désire.
  • Conception utilitariste de la morale : l'utilitarisme permet, et éventuellement promeut, le sacrifice de certains au profit du plus grand nombre. Dans cette optique, il est considéré comme légitime d'optimiser l'utilisation des ressources médicales en privilégiant les patients dont la vie peut être sauvée, et de considérer comme un fardeau les ressources destinées à maintenir en vie des gens qui ne peuvent plus rien apporter à la société. Cette conception est notamment défendue en Suisse par le président du parti démocrate-chrétien (PDC), Christophe Darbellay.

Arguments contre la dépénalisation

  • Raisons d'ordre moral : pour de nombreuses personnes, il existe un interdit général du meurtre voire du suicide qui s'applique à l'euthanasie. Il est basé sur l'idée d'inviolabilité de la vie humaine, qui peut s'appuyer sur des références religieuses. Par exemple, les fidèles des trois monothéismes considèrent la vie humaine comme un don de Dieu, dont l'homme n'a pas la libre disposition. Pour les Chrétiens ou les Juifs l'homme étant en outre créé à l'image de Dieu, sa vie est sacrée et ne diminue pas en dignité en cas d'incapacité.
  • Incompatibilité avec une certaine vision de la pratique des personnels soignants, telle qu'elle apparaît dans les différentes versions du serment d'Hippocrate.
  • Inutilité : une partie des médecins estime que les progrès en matière de traitement de la douleur et de la souffrance (soins palliatifs) rendent l'euthanasie inutile. Ainsi la forte baisse des cas d'euthanasie aux Pays-Bas entre 2001 et 2005 est attribuée par la majorité des médecins à l'amélioration des soins palliatifs.
  • En cas d'incapacité de décider (inconscience, lourd handicap mental, démence etc.), la décision doit être prise par quelqu'un d'autre.
  • Mort par empoisonnement, parfois très pénible qui prive l'euthanasié et ses proches de vivre des moments jugés essentiels qui peuvent précéder la mort naturelle.
  • Tout suicide peut-être vu comme un drame personnel et un échec pour la société.
  • Les personnes favorables à l'euthanasie changeraient souvent d'avis quand elles deviennent malades.
  • Risque de dérapage :
    • pressions financières sur le malade à cause du coût élevé des soins pour les proches ;
    • pressions financières pour les plus pauvres, qui risquent de « préférer » mourir rapidement ;
    • intérêt financier de l'établissement hospitalier : une personne très malade coute cher (pathologies multiples, soins lourds), l'accélération de l'inéluctable allège donc ses charges.
    • pressions morales de la part des proches ou de la société : quelle est la liberté réelle de celui qui se sent « de trop » ? ;
    • difficulté de changer d'avis à partir d'un certain point (inconscience) ;
    • interférence fréquente entre les notions de souffrance du patient et de souffrance de l'entourage ;
  • Risque de dérive :
    • eugénisme, sélection des individus par rapport à une conception de la vie bonne ;
    • par suite, peut devenir un instrument de domination sociale ;
    • mobile pécuniaire (les héritiers peuvent en profiter pour accélérer un héritage) ;
    • à partir du moment où l’on ouvre la porte à l’euthanasie, elle s’impose comme solution de facilité, moins coûteuse et plus rapide, et on constate que les soins palliatifs sont délaissés.
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