Éthologie - Définition

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Introduction

L'éthologie signifie étymologiquement « science des mœurs » (ethos : « mœurs », logos : « étude/science »). Il s'agit en fait de l'étude du comportement animal tel qu'il peut être observé chez l'animal sauvage en milieu naturel, chez l'animal sauvage en captivité, chez l'animal domestique en milieu naturel et chez l'animal domestique en captivité. On situe les origines de cette science au XVIIe siècle, mais le nom date de 1854 (première utilisation connue par le Français Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844)).

Le sens restreint et moderne donné au mot éthologie fait référence à une science plus récente : il s'agit de l'étude objective et scientifique des comportements animaux. Elle est notamment inspirée par les travaux de l'Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) et du Néerlandais Nikolaas Tinbergen (1907-1988) dans la première moitié du XXe siècle.

Il faut de plus inclure dans cette signification l'étude comportementale des êtres humains et des relations homme-animal. Le principe de base de l'éthologie étant d'utiliser une perspective biologique pour expliquer le comportement, cette science est aussi appelée « biologie du comportement ». Dans le champ de cette discipline sont apparues ou sont utilisées l'éthologie constructiviste, l'éthologie computationnelle, l'éthologie comportementale, qui s'appuient notamment sur le comportementalisme, le behaviorisme et de nombreuses autres écoles ou doctrines [réf. souhaitée].

Méthodes et moyens

Boris Cyrulnik milite et développe l'éthologie comme étant d'abord "un carrefour de disciplines". Voir l'article détaillé Méthodes et moyens de l'éthologie moderne.

Principes de l'éthologie moderne

L'éthologie moderne est l'héritière des travaux de Konrad Lorenz, Nikolaas Tinbergen et Karl von Frisch (qui reçurent le prix Nobel de médecine en 1973). Cette partie en présente les principes en suivant la démarche exposée par Konrad Lorenz dans son ouvrage Les fondements de l'éthologie.

En une phrase, on peut dire que l'éthologie est l'étude des comportements communs à une espèce, indépendants de l'apprentissage par imitation entre congénères, de ceux de la même espèce.

À l'époque où il élabore sa théorie, Konrad Lorenz distingue deux grandes écoles de pensée qui s'opposent radicalement :

  • l'école behavioriste, qui insiste sur l'adaptation des animaux à leur environnement et l'acquisition de leurs comportements par l'apprentissage (certains behavioristes nient l'existence de comportements innés);
  • l'école de la psychologie finaliste, selon laquelle les comportements des animaux sont entièrement instinctifs, ceux-ci poursuivant néanmoins un objectif « supra-naturel » fixé par un instinct infaillible.

Le point de départ de Konrad Lorenz est de faire une étude anatomique comparée du comportement des animaux (ce qui était inédit), tout comme on faisait à la même époque une étude des caractères morphologiques. Il constate alors qu'il existe des comportements moteurs (par exemple des mouvements de parades) dont les similitudes ou les différences d'une espèce à l'autre se présentent exactement de la même manière que les caractères morphologiques, en dépit des différences environnementales ou des effets de la vie en captivité. Selon Konrad Lorenz, ces comportements moteurs constituent des caractères spécifiques d'une espèce et leurs similitudes ou différences ne peuvent être expliquées autrement que par leur descendance d'une forme ancestrale commune.

Il en arrive donc à la conclusion que certains comportements sont inscrits dans le génome des animaux ; ils sont instinctifs, et même si l'animal est en mesure de poursuivre un certain objectif par un comportement adapté et variable (généralement la survie), cela n'a rien à voir avec une signification téléonomique telle que le concevaient les finalistes.

Mais il ne résume pas non plus le comportement d'un animal à un enchaînement de réflexes, qui seraient des réactions instinctives à des stimuli externes. Konrad Lorenz met en évidence le fait que les comportements ont un fondement physiologique indépendant. Selon lui, ils reposent sur un mécanisme de coordination centrale et une production endogène d'excitation, qui permettent de répondre sélectivement aux stimuli de l'environnement en les filtrant. Tant qu'un comportement n'est pas utilisé, il est inhibé par l'appareil physiologique, ce que l'on représente sous la forme d'un « seuil d'activation ». Un comportement ne se déclenche que par la conjonction d'une excitation interne élevée et d'un stimulus externe correspondant qui provoque le dépassement de ce seuil d'activation. C'est le mécanisme inné de déclenchement co-inventé avec Nikolaas Tinbergen.

À cela s'ajoutent des mécanismes d'apprentissage qui modifient ces seuils. Effectivement, Konrad Lorenz constate que les animaux parviennent à une amélioration adaptative de leurs mécanismes comportementaux. L'explication qu'il propose est que la réaction conditionnée à un stimulus fait partie d'un cycle régulateur, dans lequel la réussite ou l'échec du comportement conditionné agissent sur son facteur déclencheur, le seuil d'activation. Cela permet ainsi la vérification de sa valeur adaptative (est-il favorable ou non à la conservation de l'espèce ?) et par suite son encouragement ou sa suppression par modification du seuil d'activation.

Le comportement des animaux est donc très complexe, et son étude ne doit pas se baser sur une opposition entre les notions d'inné (ce dont un être dispose à sa naissance) et d'acquis (ce qui est appris après la naissance) comme le supposaient la plupart des éthologistes, mais sur leur coexistence au sein du psychisme de l'animal.

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