En classification classique ou phylogénétique, l’espèce est le taxon de base de la systématique, dont le rang se trouve juste en dessous du genre.
Dans la classification scientifique, une espèce vivante ou ayant vécu est désignée suivant les règles de la nomenclature binominale, établie par Carl von Linné au cours du XVIIIe siècle. Suivant cette classification, le nom d'une espèce est constituée d'un binôme latin qui combine le nom du genre avec une ou deux épithètes spécifiques. Autant que possible, le nom est suivi de la citation du nom de l'auteur, abrégé (en botanique) ou complet (en zoologie), qui a le premier décrit l'espèce sous ce nom. Le nom de l’espèce est l’ensemble du binôme et non pas seulement l’épithète spécifique.
Par exemple, les êtres humains appartiennent au genre Homo et à l’espèce Homo sapiens.
Les noms scientifiques sont « réputés » latins et s’écrivent en italique. Le genre prend une majuscule initiale tandis que l'épithète spécifique reste entièrement en minuscule. Lorsque le nom de l'auteur est cité en entier, il est en italique.
Quand le genre est connu mais que l'espèce n'est pas déterminée, il est d’usage d’utiliser comme épithète provisoire l’abréviation du latin species : « sp. », à la suite du nom du genre. Quand on veut désigner plusieurs espèces ou toutes les espèces d'un même genre, c'est l'abréviation « spp. » (pour species pluralis) qui est ajoutée. De même, « sous-espèce » est abrégé en « ssp. » (pour sub-species) et « sspp. » au pluriel (pour sub-species pluralis). Ces abréviations sont toujours écrites en caractères romains.
La nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constitue le « système linnéen ». Ce système de nomenclature permet de définir un nom unique pour chaque espèce, valable dans le monde entier, contrairement à la classification vernaculaire.
Au sein d’une espèce donnée, une sous-espèce consiste en un groupe d’individus qui se trouvent isolés (pour des raisons géographiques, écologiques, anatomiques ou organoleptiques) et qui évoluent en dehors du courant génétique de l’espèce de référence.
Au bout d’un certain temps, ce groupe d’individus prend des caractéristiques spécifiques qui le différencient de l’espèce de référence. Ces caractères peuvent être nouveaux (apparition suite à une mutation par exemple) ou être la fixation d’une caractéristique variable chez l’espèce de référence.
Des sous-espèces différentes ont souvent la possibilité de se reproduire entre elles, car leurs différences ne sont pas (encore) suffisamment marquées pour constituer une barrière reproductive.
On peut s’interroger sur la validité de la définition d’une sous-espèce sachant que la définition du terme espèce reste fluctuante et controversée. Il en est ici de même et toutes les limites de la définition d’une espèce s’appliquent également pour celle d’une sous-espèce.
Carl von Linné recensait au XVIIIe siècle environ 67 000 espèces différentes. Aujourd’hui, personne ne peut définir avec précision le nombre d’espèces existant sur la planète.
Les Eucaryotes regroupent les animaux, les champignons, les plantes, les protozoaires... Alors qu’on estime qu'ils représentent entre 5 et 30 millions le nombre d’espèces vivantes sur la planète, seulement 1,5 à 1,8 million d'espèces ont été décrites scientifiquement (témoin des difficultés liées à la notion d’espèce, ce nombre lui-même reste flou). Les espèces marines ne représentent que 13 % de l'ensemble des espèces décrites, soit environ 275 000, dont 93 000 pour les seuls écosystèmes coralliens.
La grande majorité des espèces non décrites sont des Insectes (4 à 100 millions d'espèces suivant les estimations, qui vivraient principalement sur la canopée des forêts tropicales), des Némathelminthes (ou vers ronds : 500 000 à 1 000 000 d'espèces), et des Eucaryotes unicellulaires : protozoaires ou protophytes, certains ex-champignons aujourd’hui classés dans les Straménopiles ou les Myxomycètes (maintenant classés dans plusieurs groupes de protistes…).
Selon la liste rouge de l’UICN de 2006 et les données les plus récentes, les espèces vivantes décrites peuvent être décomposées comme suit :
Environ 16 000 nouvelles espèces sont décrites chaque année, dont 1 600 espèces marines. On estime qu’environ 10 espèces disparaissent naturellement (c’est-à-dire hors de l’intervention de l’espèce humaine) chaque année, ou une sur 50 000 par siècle. Mais il en est qui disparaissent aussi du fait de l’homme (voir Dodo, Diversité génétique…) : Edward Osborne Wilson en évalue le nombre à plusieurs milliers par an. D’après l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire de 2005, le taux de disparition des espèces depuis deux siècles est 10 à 100 fois supérieur au rythme naturel (hors grandes crises d'extinction), et sera encore multiplié par dix d'ici 2050, soit 1 000 à 10 000 fois le rythme d'extinction naturel.
Dans les deux autres grands groupes du vivant (les Archées et les Bactéries), la notion d'espèce est sensiblement différente. Le nombre total est encore moins bien connu que chez les Eucaryotes, avec des estimations qui varient entre 600 000 et 6 milliards d'espèces... contre seulement 7 300 espèces de bactéries connues à l'heure actuelle.