Espace hermitien - Définition

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Propriétés

Base orthonormale

La situation est exactement la même que celle d'un espace euclidien. Ainsi, toute famille de vecteurs non nuls et orthogonaux deux à deux est libre. Une fois encore, si deux vecteurs x et y sont libres, alors les vecteurs x et y - <y , x>/<x , x> x sont non nuls et orthogonaux. Le procédé de Gram-Schmidt assure l'existence d'une base orthonormale.

Dans une base orthonormale la norme et le produit scalaire s'expriment facilement en fonction des coordonnées. Soit (e1, ..., en) une base orthonormale notée B, x et y deux vecteurs quelconques de E de coordonnées (x1, ..., xn) et (y1, ..., yn) dans la base B. Les expressions suivantes fournissent la norme et le produit scalaire :

\| x\| = \sqrt {\sum_{i=1}^n x_i\bar x_i} \quad \text{et} \quad \langle x \, , \, y \rangle = \sum_{i=1}^n x_i.\bar y_i

En particulier, tout espace vectoriel hermitien de dimension n est isomorphe à Cn, c'est-à-dire qu'il existe une application linéaire bijective de E dans Cn, respectant les deux produits scalaires.

Dans une base orthonormale, les coordonnées d'un vecteur sont appelés coefficients de Fourier, ils prennent la forme suivante :

 x = \sum_{i=1}^n \langle x,e_i\rangle e_i

Si une famille (f1, ..., fp) est orthonormale, la majoration suivante, dite inégalité de Bessel est vérifiée :

 \sum_{i=1}^p |\langle x,f_i\rangle |^2\le      \|x\|^2

L'égalité n'est obtenue que si x est une combinaison linéaire de la famille (fi).

Dual, adjoint et produit tensoriel

Rappelons que dans cet article une forme hermitienne est une forme sesquilinéaire à droite et à symétrie hermitienne.

La configuration est encore une fois analogue à celle des espaces euclidiens. Le produit scalaire fournit une application canonique φ de E dans son dual E* :

\forall x, y \in E \quad \varphi_x : E \rightarrow \mathbb C \quad y\mapsto \varphi_x(y) = \langle y,x\rangle

L'ordre est ici inversé par rapport à la convention choisie dans l'article sur l'espace euclidien. En effet, φx serait semi-linéaire dans le cas contraire, et on obtiendrait une bijection linéaire de E dans son antidual (espace vectoriel des formes semi-linéaires).

Avec l'ordre choisi, on a une bijection semi-linéaire de E dans son dual E*.

Il est possible de construire de manière analogue deux bijections ψ1 et ψ2, de l'ensemble L(E) des endomorphismes de E dans l'espace L_{3\over2}(E) des formes sesquilinéaires à droite :

\forall a \in \mathcal L(E),\; \forall x, y \in E \quad \begin{cases}  \psi_1(a) : E\times E \rightarrow \mathbb C \quad (x,y)\rightarrow \psi_1(a)(x,y) = \langle a(x),y\rangle \\ \psi_2(a) : E\times E \rightarrow \mathbb C \quad (x,y)\rightarrow \psi_2(a)(x,y) = \langle x,a(y)\rangle \end{cases}

ψ1 est linéaire et ψ2 est semi-linéaire, donc la bijection composée de ψ1 avec l'inverse de ψ2 est semi-linéaire. À un endomorphisme a elle associe l'endomorphisme a* appelée adjoint et défini par l'égalité suivante :

\forall x, y \in E \quad \langle a(x),y\rangle =\langle x,a^*(y)\rangle

Cette application semi-linéaire ( L(E)\to L(E)\,\quad a\mapsto a^* ) est non seulement bijective (un semi-isomorphisme) mais involutive ( \displaystyle (a^*)^*=a ), de valeurs propres 1 et -1 (une application semi-linéaire est \mathbb{R} -linéaire, ce qui permet de parler de valeurs propres).

Les endomorphismes éléments de l'espace propre de valeur 1 sont appelés hermitiens ou autoadjoints et ceux de la valeur propre -1 antihermitiens (ou antiautoadjoints).

En écrivant a sous la forme

 a=\frac{a+a^*}{2}+ \frac{a-a^*}{2}

on voit que tout endomorphisme s'écrit (d'une façon unique) comme somme d'un endomorphisme hermitien et d'un endomorphisme antihermitien.

Le produit scalaire hermitien de \mathcal{L}(E) se définit de façon analogue au cas euclidien. On pose

 <a,b> = \mathrm{Tr}(a\circ b^*)

Pour le produit scalaire euclidien associé, défini dans le paragraphe qui suit, les sous-espaces des endomorphismes hermitiens et antihermitiens sont orthogonaux.

Les démonstrations sont données dans l'article Espace Euclidien.

Exemples

  • On a (ia) * = − ia * . Si a est hermitien, ia est antihermitien.
  • Si A = (A)ij est la matrice de a par rapport à une base unitaire, celle de l'adjoint est (A^*)_{ij}=\overline{ A_{ji}} .
  • Avec les mêmes conventions,
 <a,a>=\sum_{i,j=1}^n\vert(A)_{ij}\vert^2

Espace euclidien, espace hermitien

Un espace hermitien E est aussi un espace vectoriel réel, si la multiplication externe est restreinte aux nombres réels. Dans ce paragraphe ER désigne l'espace vectoriel réel associé. Plus précisément si B = (e1, ...,en) est une base de E et si i désigne l'imaginaire pur, alors BR = (e1, ...,en, i.e1, ...,i.en) est une base de ER, qui est de dimension 2.n.

L'espace ER est naturellement muni d'un produit scalaire <.,.>R, il correspond à la partie réelle du produit scalaire de E.

\forall x,y \in E \quad \langle x,y\rangle_{\mathbb R}=\mathfrak R{\langle x,y\rangle}

De plus, si la base B est orthonormale, alors BR est aussi orthonormale. Si FR est l'espace vectoriel réel engendré par B, FR et i.FR sont deux sous-espaces supplémentaires.

Réciproquement, soit F un espace euclidien de dimension n et de base orthonormale (f1, ...,fn), il est possible de plonger F dans un espace hermitien FC de dimension n. Une technique simple consiste à utiliser le produit tensoriel. Soit FC = C \scriptstyle \otimes F l'espace vectoriel réel des formes bilinéaire de CxF. Ici C l'ensemble des nombres complexes est considéré comme un espace vectoriel réel de dimension deux. Un élément de cet espace associe à tout couple de complexe et de vecteur un réel :

\forall \varphi \in \mathbb C\otimes F \quad :\; \forall \lambda \in \mathbb C,\; \forall x \in F \quad (\lambda,x)\rightarrow \varphi(\lambda,x) \in \mathbb R

Il existe une application bilinéaire canonique de CxF dans C \scriptstyle \otimes F. A tout couple (λ, x) elle associe l'application λ \scriptstyle \otimes x définie par :

\forall \mu \in \mathbb C,\; \forall y \in F \quad \lambda\otimes x (\mu,y) =  \lambda\cdot \mu \cdot \langle x,y\rangle_F

Dans ce cas particulier, cette application est surjective, ce qui n'est pas toujours le cas avec les produits tensoriels . La multiplication externe par un complexe se définit naturellement :

\forall \mu \in \mathbb C \quad \mu\cdot (\lambda\otimes x) = (\mu\lambda)\otimes x

Cette multiplication confère à FC le statut d'espace vectoriel complexe. La famille BC = (1 \scriptstyle \otimes f1, ..., 1 \scriptstyle \otimes fn) est une base de FC. Il est fréquent d'identifier les vecteurs fi et 1 \scriptstyle \otimes fi. L'espace vectoriel C est équipé d'un produit scalaire hermitien naturel, F d'un produit scalaire euclidien, donc hermitien. Le produit tensoriel des deux produits scalaires est hermitien. Il est défini par :

\forall \lambda\otimes x, \mu\otimes y \in F_{\mathbb C} \quad \langle \lambda\otimes x,\mu\otimes y\rangle_{F_{\mathbb C}} = \lambda . \bar \mu \cdot \langle x,y\rangle_F

La base BC ainsi que l'image de toute base orthonormale par l'application de F dans FC qui à x associe 1 \scriptstyle \otimes x est une base orthonormale de FC. Une fois encore on remarque que la technique utilisée ne fait pas appel au caractère fini de l'espace vectoriel, à l'exception des résultats sur le cardinal des bases et du calcul du produit scalaire des endomorphismes à l'aide de la trace.

Identité de polarisation

La situation est ici encore analogue à celle des espaces euclidiens. Ainsi la norme d'un produit scalaire le caractérise. Ce résultat est la conséquence de l'identité polarisation. Réciproquement une norme N satisfaisant la règle du parallélogramme est issue d'un produit scalaire. Ce résultat n'est pas uniquement vrai en dimension finie.

La démonstration est donnée dans l'article détaillé.

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