Escadron de chasse 3/3 Ardennes - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Les opérations extérieures

Crise de Suez

Durant tout le mois d'octobre, la participation à des exercices combinés au-dessus de la Méditerranée, avec les Hunter des squadron 1 et 34 de Tangmere préfigure la montée en puissance des opérations. La campagne de Suez, baptisée "Opération 700" par les Français et "Musketeer" par les Anglais, débute au soir du 31 octobre 1956, douze heures après le rejet par l'Egypte de l'ultimatum franco-anglais. Pour l'EC III/3 "Ardennes", les mission de guerre commencent en dispositifs de douze F-84F équipés de quatre ou huit roquettes de 10 pouces. Les passes de tir s'effectuent généralement en semi-piqué supersonique pour les roquettes suivi de passes de "straffing" à 360 kts. Les deux premiers jours, les missions se concentrent sur la neutralisation des aérodromes égyptiens situés dans la zone du canal de Suez. Ainsi, le 1er novembre un dispositif du III/3 décolle de nuit afin de surprendre à l'aube El Kantara à la roquette et son terrain de secours aux armes de bord. Et c'est la curée : tous les objectifs fixés la veille grâce aux photos des RF-84F sont détruits comme à l'exercice. La surprise est totale, les avions alignés par paquets de quatre n'ont pas bougé !

Les 3 et 4 novembre, cette neutralisation se poursuit, complétée par l'attaque d'objectifs d'intérêt militaire : concentrations de véhicules, casernes, batteries et radars côtiers, comme ceux de Gamil détruits à la roquette. Les F-84F du III/3 couvrent alors les bombardements sur "Radio Le Caire" au cours de deux missions successives : préalable indispensable, ils attaquent au lever du jour les batteries de DCA côtières, avant d'escorter à 40 000' les Canberra anglais de Chypre dans l'après-midi. L'aviation égyptienne neutralisée, l'invasion proprement dite de l'Egypte débute le 5 novembre. Dès lors, l'activité s'oriente vers la neutralisation des "drop zone" et vers des reconnaissances armées sur les itinéraires le long et à l'ouest du canal. Une patrouille participe à la protection du parachutage sur Port Saïd. 5' avant l'arrivée des Noratlas, elle s'en prend aux canons de DCA de 90 mm et aux mitrailleuses disposées sur les toits ou autour du port. Elle reste ensuite en couverture des opérations de largage avant de procéder au harcèlement des routes aux alentours. Les troupes aéroportées britanniques et françaises maîtrisnent alors de nombreux objectifs au sol tandis que le harcèlement de F-84F sur l'axe Port Saïd-El Kantara-Ismaïlia interdit tout déplacement de jour à l'ennemi. Mais l'ultimatum soviétique et la pression américaine ont raison de la détermination franco-britannique. A partir du cessez-le-feu du 7 novembre, l'activité aérienne devient pratiquement nulle : seules quelques missions de protection du terrain de Gamil sont assurées lors de liaisons de hautes personnalités.

Finalement les F-84F de la 3e Escadre auront effectué 302 sorties de guerre sur les 318 prévues, bien souvent à la limite de leur rayon d'action. En 440h15 de vol par une météo restée favorable tout au long des opérations, aucune rencontre avec la chasse ennemie n'a eu lieu. En moyenne, les pilotes ont effectué six missions de guerre. La seule perte du détachement est un F-84F détruit à la suite d'ennuis réacteur (pilote indemne), tandis que huit appareils ont été légèrement endommagés par la DCA et un par des éclats de ses propres roquettes tirées en limite courte. Le tir de 1456 roquettes et 107000 munitions de 12.7 mm a occasionné la destruction certaine de 19 avions (probable de 12 autres), 2 radars, 3 tanks, 24 camions, 7 wagons, une locomotive et une half-track ainsi que l'endommagement de 11 avions, 7 hangars, une batterie de DCA lourde, 3 batteries de DCA légère, un tank, 4 half-tracks, 8 camions, 3 wagons et une casemate. La disponibilité des F-84F du III/3 pendant les opérations fut excellente avec 22 avions sur 24 en moyenne : coup de chapeau aux mécaniciens qui travaillaient toute la nuit sur les avions, changeant les pièces puis dépannant ce qui avait été changé, sans jamais être bridés par le ravitaillement logistique.

Opération Lamantin

Les accords de Madrid en novembre 1945 partagent le Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Toutefois, le Polisario, front de libération du Sahara Occidental ne l'entend pas ainsi et mène des actions de guérilla dans la partie sud en vue d'obtenir l'indépendance. Essentiellement dirigées contre la voie ferrée, axe de transit du phosphate mauritanien, elles déstabilisent la région. La France intervient alors en déclenchant l'opération "Lamantin" fin 1977 : deux Breguet Atlantic de la Marine, une dizaine de Jaguar et deux avions ravitailleurs C135F sont déployés à Dakar au Sénégal afin de mettre un coup d'arrêt aux actions du Polisario. Après plusieurs raids dévastateurs des Jaguar en novembre et décembre 1977, la guérilla n'opère plus au grand jour avec de lourdes colonnes de véhicules armés, mais se contente de coups de main de faible ampleur, justifiant le maintien du dispositif. C'est dans ce contexte que le personnel du 3/3 vient en renfort des autres unités sur Jaguar pour les relayer sur le théâtre. Le détachement comporte généralement six pilotes et une petite trentaine de mécaniciens. La chaleur au sol est fatigante pour tous et les vols longs sont rendus délicats par les orages, les vents de sable et les oiseaux. Les missions sont alors de deux types : guidage par l'Atlantic et entraînement canon sur le champ de tir de Bennichab avec ravitaillement en vol ou reconnaissance à vue dans le sud de la Mauritanie. Ponctuellement le Polisario rompant le cessez-le-feu, comme le 12 juillet 1979avec l'attaque de Tichla, des vols dissuasifs sont déclenchés : une patrouille de quatre Jaguar effectue une reconnaissance photo à très basse altitude le long de la voie ferrée Zouerate-Nouadhibou assistée par un ravitailleur et un Atlantic ainsi que par un hélicoptère Puma en cas d'éjection.

Détachement à Dakar au Sénégal
12 février-25 mars 1979
22 juin-10 août 1979
deux mois en 1982
26 décembre 1984-10 février 1985
26 juin-10 août 1985

Opération Tacaud, Murène, Barracuda et Musaraigne

A chaque détachement, le 3/3 déploie quatre pilotes et 20 à 26 mécaniciens. Sur place ils trouvent quatre Jaguar des 7ème et 11ème escadres, que ce soit à N’Djamena ou à Libreville, les deux terrains de déploiement utilisés dans le cadre de l’opération. Au Tchad, lorsque le 3/3 arrive en 1979, la formation du gouvernement est réalisée et le climat est plutôt à la détente. Néanmoins, il assure une alerte à 1h de jour. Les missions sont principalement des reconnaissances à vue le long des pistes ou des guidages par un Atlantic avec entraînement au ravitaillement en vol. Il arrive parfois que la désignation d’objectif soit faite par un hélicoptère L19 de l’ALAT en liaison avec l’Atlantic et un Officier de Guidage Terminal (OGT) au sol. Ces missions se concluent ponctuellement par un tir canon réel sur le champ de tir de Massaguet. La météo est bonne, seuls la chaleur et les vents de sable rendent le travail pénible. Aussi, la piscine du camp du Dubut et les séances de cinéma au PC Tacaud sont appréciées. L’ambiance « détachement » est excellente, elle soude les hommes autour des soirées brochettes et des méchouis régulièrement organisés. Même la St Eloi n’est pas oubliée ! Enfin, les voyages à Dougia, les missions sur Douala et Abidjan en Côte d’Ivoire et les vols en Puma ou en Atlantic pour les mécaniciens permettent à chacun de se détendre. Au Gabon, le 3/3 assure une alerte à 3h de jour. Sa mission consiste à établir une couverture aérienne sur N’Djamena pour le retrait des troupes françaises les 15 et 16 mai 1980. Par la suite, les vols alternent entre entraînement au tir sur le champ de tir d’Ekwata ou guidage par Atlantic avec ravitaillement au Gabon, sorties photos au Zaïre et missions opérationnelles sur le Tchad. Une mission photo est déclenchée le 6 août 1981 afin de survoler la zone de crash de deux Mirage 5 de l’armée de l’air gabonaise. A Libreville, les plafonds bas sont fréquents le matin dans cette région beaucoup plus humide que le Tchad. Le premier détachement dans le cadre de Tacaud est en astreinte à Libreville même. Par la suite, les détachements s’inscrivent dans le cadre de Murène : le logement à l’Intercontinental Okoume Palace et les locaux en dur établi sur le camp assurent un confort satisfaisant. Les détachements se multipliant, les sorties s’organisent : repas brochettes aux gambas, visite de Lambarène, sorties en brousse avec le 6e BIMA, etc...

En 1979, suite au renversement du président Bokassa par l’un de ses conseillers appuyé par les parachutistes français, M. Dacko, une situation d’instabilité généralisée se développe en République Centrafricaine. Par conséquent, la France s’engage à assurer ordre, sécurité et aide humanitaire : c’est l’opération Barracuda. Les Jaguar stationnent donc à Bangui M’Poko, tenant un rôle dissuasif de stabilisation de la situation. La France se sert également de ce pays comme base arrière pour de nombreuses opérations logistiques, d’évacuation et de surveillance en Afrique centrale, notamment au Tchad et au Rwanda. C’est le cas par exemple avec l’opération Musaraigne dans laquelle sont engagés les personnels du 3/3 en 1985. Ils assurent alors des missions opérationnelles de prises de vue aériennes sur Ouadi Doum, Faya et Fada, afin de renseigner l’état-major français des agissements libyens au Tchad. En règle générale, le détachement compte cinq pilotes et vingt à vingt-six mécaniciens, qui tiennent l’alerte à 1h ou à 3 h selon la période. Comme pour les autres détachements, les missions consistent à l’entraînement (assaut à vue avec guidage d’Atlantic, reconnaissance à vue et tir) et occasionnellement à des vols opérationnels sur le Tchad. Le personnel dispose d’un relatif confort : il loge dans le camp des 200 villas, a accès aux infrastructures sportives des hôtels voisins et travaille dans une série de Backmann climatisés à M’Poko.

Détachement à N’Djamena au Tchad
Opération Tacaud
8 novembre - 28 décembre 1979
22 septembre - 16 novembre 1980
9 février - mars 1981
23 juin - août 1981 simultané avec un détachement au Gabon, 3/3 fermé en France
15 août - 30 septembre 1982
septembre - 30 septembre 1983 mise en place depuis Bangui
janvier/février 1984 mise en place depuis Libreville
6 mai-30 juin 1984
Détachement à Libreville au Gabon
Opération Tacaud
1er mai - 29 mai 1980
Opération Murène
23 juin - août 1981 simultané avec un détachement au Tchad, 3/3 fermé en France
1er avril - 22 mai 1982
janvier - 15 février 1983
27 décembre 1983 - janvier 1984 puis déploiement à N’Djamena
Détachement à Bangui-M’Poko en Centrafrique
Opération Barracuda
2 août - 30 septembre 1983 avec mise en place à N’Djamena pour Tacaud en cours de détachement
Opération Musaraigne
18 novembre - 28 décembre 1985 missions photo Ouadi Doum, Faya, Fada

Opération Epervier

Courant 1986, au Tchad, des combats violents opposent l’armée nationale tchadienne d’Hissène Habré soutenue par la France aux forces de Goukouni Oueddeye soutenues par la Libye. Suite au lancement de la construction par le colonel Khadafi d’une base aérienne fortement protégée à Ouadi Doum, au nord du Tchad, la France décide de surveiller les travaux de près et se prépare à agir. L’opération Epervier commence. Après plusieurs missions de reconnaissance et une première attaque de la piste par onze Jaguar du 1/11 “Roussillon” (le 16 février 1986 au petit matin), le 3/3 déploie à Bangui une cellule Martel de quatre Jaguar le 22 février. Le 3/3 tient alors l’alerte permanente Martel à Bangui jusqu’au 13 août 1986, où il est de retour en métropole. Il assure toutefois toujours une astreinte FAR et le samedi 14 novembre 1986, une nouvelle cellule Martel part sur alerte pour Bangui. Pour la première fois, des avions de l’“Ardennes” sont du voyage (le A16 et le A 23). La mission, préparée dans le plus grand secret fin décembre, prévoit l’attaque des trois systèmes sol-air SA 6 “Straight Flush” et du radar de surveillance associé “Flat Face” sur le terrain de Ouadi Doum. Devant théoriquement s’effectuer aux environs de Noël, elle est transmise à la relève du 30 décembre, composée du Cdt Lebourg, second du 3/3, du Cne Saussier, du Ltt Wurtz, du Ltt Guy et de l’Asp Pages. Le 1er janvier, l’alerte passe à 1 h de jour et 2 h de nuit. Ordre puis contrordre de monter les missiles se succèdent le 4 janvier. « Le Détam se déroulait tranquillement lorsque le 5 janvier il fallut monter les BDG. » Le 5 à 18 h 00, Lebourg Saussier et Raffin préparent la mission à N’djamena. De retour vers 20 h 30, ils finissent la préparation à minuit.

« Après une préparation particulièrement minutieuse et une nuit plutôt courte », le 6 janvier 1987 à 6 h 30 du matin, la mission F1177 composée de trois Jaguar décolle de Bangui dans le brouillard, sans le Ltt Wurtz qui rentre au parking suite à une panne du missile. « Après trois ravitaillements en vol et une ballade à 15 Nm de la base libyenne, les radars dormaient ce jour-là… », la patrouille se pose vers 10 h 00 locales à N’djamena. Dans l’après-midi, le Ltt Wurtz rejoint le dispositif alors que la mission est reconduite pour le lendemain. Le 7 janvier vers 11 h 30, alors qu’une patrouille de Mirage F1CR taquine les radars libyens, un Atlantic de la Marine perçoit la mise en fonctionnement du site de Ouadi Doum. La patrouille des quatre Jaguar du 3/3 en alerte, composée du Cdt Lebourg, du Cne Saussier, du Ltt Wurtz et du Ltt Guy décolle immédiatement. Les libyens n’ayant allumé que le radar de surveillance “Flat Face”, seul le Ltt Wurtz équipé du Martel couvrant la bonne bande de fréquence tire, les trois autres étant équipés de Martel destinés aux systèmes sol-air SA6 “Straight Flush”. « Guitou s’en mêle et s’homologue un Flat Face. » Les missions F1182 et 1183 rentrent à N’Djamena après 2 h 30 et deux ravitaillements. Ce succès est un bel aboutissement à la présence permanente des personnels de l’unité en Afrique depuis février 1986. Dans la foulée, tout le détachement Martel quitte Bangui pour s’installer définitivement à N’Djamena. Après une relève, le détachement se pérennisera jusqu’au 13 avril 1987 sans aucune autre mission avec tir réel. Pendant près de 18 mois, le 3/3 a assuré l’alerte Martel avec seulement 12 à 14 pilotes opérationnels, soit trois à quatre détachements de deux mois par pilote.

Détachement à Bangui en Centrafrique puis à N’Djamena au Tchad
Opération Epervier
22 février-avril 1986 - Dakar et Bangui, départ suite au bombardement de Ouadi Doum par le 1/11, le 16 février
 avril-juin 1986 - Bangui
juin-août 1986 - Bangui
3 août -12 août 1986 - Bangui huit jours seulement, puis astreinte Martel à Nancy
14 novembre -26 décembre 1986 - Bangui départ sur alerte
26 décembre1986-15 janvier 1987 - Bangui/N’Djamena raid sur Ouadi Doum le 7 janvier
15 janvier-26 février 1987 - N’Djamena
26 février-13 avril 1987 - N’Djamena fin du détachement permanent Martel

Opération Salamandre/Deny Flight et Deliberate Force

Déclenchée le 12 avri1 1993, l’opération DENY FLIGHT doit faire respecter les résolutions 816 et 896 de l’ONU visant à interdire le survol du territoire de la Bosnie Herzégovine (BH), à assurer la protection des troupes d’interposition au sol et le respect des zones de sécurité. Au printemps 1994, les six premiers M2000D de la cellule Rapace renforcent sur la base aérienne italienne de Cervia les M2000NK2 et les M2000C. Le 3/3 participe alors ponctuellement aux détachements au fur et à mesure de la transformation M2000D de son personnel. Essentiellement de nuit, les avions effectuent des missions de présence aérienne en appui des troupes au sol (Close Air Support) en configuration dissymétrique équipé d’un AS30. Les équipages baptisent ces vols sans tir de “NATO Noise”. 1995 marque un tournant : en mai les casques bleus sont pris en otage, en juillet Srebrenica tombe et en août les croates lancent une offensive sur la Krajina. Sous l’impulsion des Etats-Unis, l’OTAN met les menaces de l’ONU à exécution. Des frappes aériennes massives sur des objectifs militaires bosno-serbes sont déclenchées le 30 août, lendemain de l’explosion d’un obus en plein marché de Sarajevo.

Déclaré opérationnel depuis le 1er juillet et alors qu’il réintègre ses nouveaux locaux avec tout juste six mois de vieillissement sur M2000D, le 3/3 reçoit l’ordre de renforcer le détachement de Cervia avec quatre avions, six équipages mixtes (3/3 et cellule Rapace 1/3) et une quarantaine de mécaniciens. « Nous sommes arrivés à Cervia le 30 août 1995, premier jour des frappes aériennes décidées par l’OTAN, sans savoir ce qui nous attendait. » Cette fois, c’est du sérieux, fini le “NATO Noise”. Après avoir croisé les équipages des M2000NK2 qui partent en vol, « un seul des deux avions qui ont décollé après le déjeuner se présente à l’atterrissage (l’équipier, le Ltt Thomas). Le ton vient d’être donné : après la première journée de frappes, 25 % de pertes. » Le lendemain, seules les missions de nuit sont maintenues et « le soir un objectif nous est attribué, avec comme mission parallèle de tout faire pour entrer en contact radio avec nos camarades du 2/3 » (Cne Chiffot-Ltt Souvignet abattus par un missile IR). Malheureusement, suite à de violentes turbulences sur l’Adriatique, le pilote détériore la perche de ravitaillement en vol et la mission est annulée. Les jours suivants, toutes les frappes sont suspendues, pourtant de nouveaux objectifs ne cessent d’arriver, objets d’autant de préparations longues et minutieuses : « pour la préparation du vol du 5 septembre, 43 heures séparaient l’heure de notre réveil de celle de notre coucher. » Finalement, celle du 5 septembre ne reste pas vaine et deux AS 30 sont tirés de jour sur un dépôt de munitions proche de Sarajevo, malgré une météo difficile. Coup double : les premiers tirs du 3/3 depuis Ouadi Doum en 1987 sont également les premiers tirs sur M2000D en opération. Une seconde mission enchaîne le 9 septembre sur un dépôt de munitions proche de Gorazde : « la météo très défavorable contraint la patrouille à effectuer plusieurs passes pour identifier et détruire l’objectif. » Le Cne Longobardi, en équipe de guidage au sol témoignera avoir vu monter dangereusement vers les M2000D 15 à 20 missiles IR type SA7.

Par la suite, la tension baisse progressivement jusqu’à la signature des accords de DAYTON le 21 novembre 1995. Les vols continuent alors sans tir, puis même sans emporter d’AS 30, jusqu’au printemps 1996.

Opération Deny Flight et Deliberate Force
fin janvier 1994 mise en place des six premiers M2000D de l’armée de l’air depuis Mont-de Marsan (cellule Rapace)
8 mars - 10 avril 1994 un pilote DENY FLIGHT
3 juin - 27 juillet 1994 un pilote DENY FLIGHT
24 février - 22 avril 1995 un pilote DENY FLIGHT
12 juin - 10 juillet 1995 un équipage DENY FLIGHT
4 juillet - 24 août 1995 deux équipages DENY FLIGHT - Retour des M2000D à Nancy
30 août - 7 novembre 1995 décollage du 3/3 sur alerte DELIBERATE FORCE

Tirs de deux AS30 le 5 septembre: Capitaine Surdel - Lieutenant Foubert et Capitaine Gourhan - Capitaine Pérard

Tirs de deux AS30 le 9 septembre: Lieutenant-colonel Adrien - Capitaine Tiraboschi et Lieutenant Viau - Lieutenant Dubois

26 décembre 1995 - 8 février 1996 un équipage DELIBERATE FORCE

Opération Trident / Allied Force

Le 23 septembre 1998, craignant que la situation au Kosovo ne déstabilise les pays voisins des Balkans, la Macédoine et l’Albanie, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 1199, exigeant le retrait des forces serbes du Kosovo. Devant la persistance des violences, l’OTAN déclenche l’opération “DETERMINED FORCE”. D’astreinte “TRIDENT” (volet français de l’opération) depuis le 6 octobre, le 3/3 déploie le 14 octobre quatre M2000D, neuf équipages et une quarantaine de mécaniciens sur la base aérienne militaire d’Istrana, en Italie. Ils y rejoignent huit M2000C, cinq Jaguar A et un C160 GABRIEL d’écoute électronique : le parking et les bâtiments sont plutôt bien encombrés ! Les “sangliers” font leurs premières sorties opérationnelles sur la RFY, le 19 octobre. Le 3/3 effectue alors des missions d’entraînement à l’appui des troupes au sol (CAS) sur la BH et maintient des patrouilles en alerte au sol (GROUND CAS). Il s’entraîne également à participer à des frappes aériennes éventuelles sur des objectifs préparés au sol (Battlefield Air Interdiction), intégré à des dispositifs multinationaux (COMAO) ou non. Chaque vol comprend un ravitaillement en vol sur l’Adriatique. Les avions volent sans leur armement air-sol, néanmoins prêt à être monté sur place. Cependant, suite à la résolution 1203, les frappes aériennes ne sont plus envisagées et l’OTAN porte son délai d’alerte à quatre jours. Le 9 novembre 1998, le détachement est donc déjà de retour, avec toutefois plus d’une centaine d’heures de missions de guerre n° 2 et 43 sorties à son actif.

Le mois de janvier voit une nouvelle montée en puissance de l’OTAN, alors que les exactions continuent au Kosovo et que des négociations s’ou-vrent à Rambouillet. Les M2000D repartent à Istrana le 21 janvier, avec le 1/3 cette fois. Suite à l’échec des négociations et à l’aggravation de la situation au Kosovo, l’OTAN accroît la pression et les frappes des M2000D commencent dans la nuit du 24 mars 1999. C’est le début des 79 jours de bombardements de la RFY auxquels va prendre part le 3/3. Le dispositif s’alourdit progressivement : il passe à sept M2000D le 1er avril, 12 le 1er mai pour culminer à 15 avions le 17 mai, au plus fort des opérations et alors que la météo s’améliore. Le 3/3 est présent tout au long des frappes, en renforçant l’escadron titulaire ou en tant qu’escadron en titre (du 25 avril au 7 juin 1999). Le détachement assure alors huit sorties de nuit et quatre de jour sans aucun jour de repos… Avec un tel rythme, les personnels sont organisés en équipes de jour et équipes de nuit. Le 3/3 réalise 284 sorties et 675 h 40 de guerre durant cette période : des missions denses, essentiellement de nuit, au milieu de batteries de systèmes sol-air très actives, avec des contraintes de tir importantes afin d’éviter les dommages collatéraux et une météo défavorable en début de campagne… Tous les équipages ayant effectué une mission de guerre recevront la croix de guerre.

A peine la dernière mission de guerre effectuée (le 20 juin), les 15 M2000D et l’ensemble du détachement sont de retour à Nancy le 24 juin 1999. Pour peu de temps, puisque suite à la volonté politique d’assurer une astreinte opérationnelle de nuit sur la BH et le Kosovo, les M2000D remplacent des Jaguar uniquement capables de monter l’astreinte de jour. Les missions d’entraînement CAS et BAI en BH ou au Kosovo avec ravitaillement en vol reprennent alors. Le 20 décembre 1999, le 3/3 assure la mise en place de ce nouveau détachement qui comportera cinq avions, huit équipages et une trentaine de mécaniciens jusqu’en août 2002, date à laquelle le 3/3 assure également le repli logistique sur la France.

Détachements successifs du 3/3 à Istrana
14 octobre - 9 novembre 1998 TRIDENT entraînement
25 avril - 7 juin 1999 TRIDENT bombardements intensifs
20 décembre 1999 - 12 février 2000 SALAMANDRE entraînement
31 juillet - 30 septembre 2000 SALAMANDRE entraînement
12 février - 4 avril 2001 SALAMANDRE entraînement
30 juillet - 21 août 2002 SALAMANDRE uniquement mécaniciens, dernier détachement des M2000D à Istrana.

Opération Héraclès / Annaconda / Enduring Freedom

Suite aux attentats dramatiques du 11 septembre 2001, le 3/3 est initialement désigné pour se tenir en alerte, prêt à se déployer pour opérer contre le repère des terroristes en Afghanistan. Un énorme travail de logistique commence donc afin de préparer les avions et le lot technique, tandis qu’aucune destination n’est clairement définie (Djibouti, Qatar, EAU, ex-républiques russes d’Asie centrale etc.?). Cette montée en puissance très lourde assurée par le 3/3 n’est pas suivie d’effets et les trois escadrons de Nancy prennent alors l’alerte à tour de rôle, sans grand espoir puisque le porte-avions Charles de Gaulle se rend sur place. Même s’il ne part pas, l’escadron participe à la préparation et à l’entraînement des forces spéciales, comme le CPA 10 (Commando Parachutiste de l’Air), qui s’apprêtent à partir en Afghanistan : tir à Captieux de quatre MK 82 sur des coordonnées transmises par des commandos, évaluation aux JVN de l’efficacité des pointeurs IR, essai des postes radio à sauts de fréquence HQ II, travail en coopération de jour comme de nuit, à Solenzara en Corse. La thèse du Ltt Prats sert alors de base à la mise au point d’une procédure standardisée de travail avec les forces spéciales.

Finalement, c’est en février 2002, six mois après les attentats du 11 septembre 2001, que six Mirage 2000 D et deux ravitailleurs C135 sont projetés afin de participer à l’opération ENDURING FREEDOM contre les réseaux terroristes et le régime des talibans qui les soutient en Afghanistan. En plein hiver, par - 20 °C, le détachement de Nancy débarque alors au Kirghizstan, une ex-république russe d’Asie centrale. Il s’installe à Manas, l’aéroport de la capitale Bichkek, à plus de 1 000 km de l’Afghanistan. Tout est à faire et le temps est compté puisqu’il arrive en pleine montée en puissance des forces de la coalition : les américains lancent une opération d’envergure, l’opération “ANACONDA”, qui coïncide avec le renfort des M2000D. Le 3/3 participe à hauteur de trois équipages au détachement qui débute immédiatement les frappes le 4 mars. Durant deux semaines, de jour comme de nuit, les M2000D opèrent en contact avec les forces spéciales au sol et bombardent un total de 25 cibles liées au réseau “Al-Qaïda”. Ils délivrent 47 bombes GBU12 guidées par laser sur des casemates semi-enterrées et des positions de mortier, principalement dans la région de Gardez, au sud de Kaboul. Par la suite, le détachement se pérennise durant six mois. La situation se calme et ce sont essentiellement des missions routinières de couverture des déplacements de troupes terrestres qui succèdent aux frappes. Les français sont alors rejoints par douze F-18 américains, un B707 australien et les personnels de cinq autres nations en soutien logistique. En conséquence, pousse un énorme camp retranché de tentes, à l’américaine, à proximité directe de l’aéroport. Il accueillera les relèves successives, dans des conditions d’hébergement spartiate.

Au bilan, l’opération HERACLES, participation française à l’opération ENDURING FREEDOM, s’est déroulée du 28 février au 30 septembre 2002, réalisant plus de 4 500 heures de vol. Six détachements se sont succédé, dont deux sous commandement du 3/3 : du 1er mai au 28 juin et du 30 août au 30 septembre 2002. Tous les équipages opérationnels et la plupart des mécaniciens du 3/3 ont pu participer à l’opération sur l’ensemble des détachements. Quotidiennement, quatre à six sorties de six heures environ, ponctuées de trois à cinq ravitaillements en vol, ont été assurées. Ceux-ci, exécutés au-dessus du théâtre ennemi, étaient rendus délicats par la configuration lourde adoptée (emport de deux GBU12 sous lance-bombes) et la hauteur de vol des ravitailleurs, imposée par les sommets environnants : l’emploi de la Post Combustion associée aux aérofreins s’avérait indispensable en fin de ravitaillement…

Le dernier vol a eu lieu le 30 septembre 2002, la patrouille du Lieutenant-colonel Verney commandant l’escadron et son navigateur le Lieutenant Dupont de Dinechin clôturant sept mois d’une dense activité aérienne. Le 3/3 assure le dernier détachement et passe alors le relais aux 18 F16 de l’EPAF, coalition européenne composée de norvégiens, d’hollandais et de danois. Accueilli par le premier ministre, M. Raffarin, le détachement est de retour sur la base aérienne de Nancy-Ochey le 4 octobre 2002. Ce moment médiatisé de retrouvailles avec les familles est l’occasion pour le premier ministre de saluer la qualité du travail effectué.

Opération Serpentaire / ISAF / OEF

Au milieu de l'année 2005, la décision de réaffirmer la contribution de la France dans la lutte contre le terrorisme conduit à déployer des Mirages 2000D sur l'aéroport de Doushambe, au Tadjikistan. Pendant plusieurs mois, des équipages de la Base Aérienne 133 - dont un détachement de l'Escadron de Chasse 3/3 - reprendront les vols à destination de l'Afghanistan. Les aéronefs seront rapatriés en France dans le courant de l'automne 2005.

En mai 2006, le déploiement est renouvelé. A l'origine prévu pour durer six mois comme l'année précédente, celui-ci perdurera jusqu'à aujourd'hui. Seul changement majeur: le détachement "Chasse" français déménagera de l'aéroport de Dushambe vers la base aérienne de Kandahar en Afghanistan au début du mois de septembre 2007. Parmi les évènements marquants, on notera plusieurs détachements mixtes avec les Mirages F1 CR de la base aérienne de Reims, puis avec les Rafales de la base aérienne de Saint Dizier. Le premier tir en opérations du Rafale aura d'ailleurs lieu le 1er avril 2007: une bombe GBU-12 de 250kg est guidée par un équipage du 3/3 sur une position ennemie.

Les vols depuis le Tadjikistan imposent un trajet d'une quinzaine de minute avant de rejoindre le territoire afghan, et parfois presque une heure encore avant de rejoindre les zones d'opérations dans le sud du pays. Ces distances importantes font perdre un temps de travail précieux, et génèrent une fatigue importante pour les équipages. La décision de se déployer à Kandahar est donc toute logique: la base de l'OTAN est située au coeur de la zone du conflit, et dès les décollage les équipages peuvent commencer à travailler. De plus, l'intégration au sein des autres nations permet une visibilité des forces françaises plus importante, en particulier envers les alliés américaines, et un meilleur partage des informations permettant une meilleure qualité de travail.

Depuis 2006, tous les pilotes, navigateurs, officiers renseignement et mécaniciens de l'escadron participent, parfois plusieurs fois dans l'année, aux opérations de l'OTAN. Les plus jeunes partent souvent dès leur qualification de Pilote de Combat Opérationnel (PCO) obtenue, alors qu'autrefois les missions de guerre étaient réservées uniquement aux pilotes les plus expérimentés.

Page générée en 0.252 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise