Équipartition de l'énergie - Définition

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Théorème d’équipartition et théorème du viriel

Le théorème d’équipartition est étroitement lié au théorème du viriel qui s’applique lui aussi aux systèmes à plusieurs particules. Ce dernier a d’ailleurs été proposé par Rudolf Clausius lors des développements des fondements de la thermodynamique, alors qu’il cherchait à relier les notions de température et de chaleur aux mouvements des molécules de gaz.

Partant du théorème d’équipartition généralisé, en utilisant les relations de la mécanique hamiltonienne, on peut écrire :

 k_B T = \Bigl\langle q_{k} \frac{\partial H}{\partial q_{k}} \Bigr\rangle = -\Bigl\langle q_{k} \frac{dp_{k}}{dt} \Bigr\rangle

D’après le principe fondamental de la dynamique, la dérivée de pk par rapport au temps est égale à la force généralisée Fk agissant sur la particule. On peut donc écrire

 k_B T = - \langle q_k F_k \rangle

Toujours d’après le théorème d’équipartition, on sait que la valeur moyenne de l’énergie cinétique pour un degré de liberté vaut kBT / 2. En combinant ces deux relations, on obtient donc :

 \frac{1}{2}m\langle v^2 \rangle = -\frac{1}{2}\langle q_k F_k \rangle

Cette relation est très semblable au théorème du viriel tel qu’énoncé à l’origine par Clausius : pour un ensemble de particules de masse m animées d’un mouvement stable, repérées par leurs positions \vec r et leurs vitesses \vec v, sur lesquelles s’exerce des forces \vec F, on a

 \sum \frac{1}{2} m \overline{v^2} = - \frac{1}{2}\sum\overline{\vec{r}\cdot\vec{F}}

La différence majeure réside dans le fait qu’il s’agit dans ce dernier cas d’une moyenne temporelle, représentée par le trait horizontal, et non plus d’une moyenne d’ensemble. De manière générale, le théorème de Birkhoff montre que l’égalité de ces deux moyennes est vérifiée pour les systèmes ergodiques.

Théorème d’équipartition en physique statistique

La formulation du théorème d’équipartition s’appuie sur le formalisme de la mécanique hamiltonienne. L’état d’un système physique est caractérisé par ses coordonnées dans l’espace des phases, communément séparées en coordonnées généralisées qk et impulsions généralisées pk, où pk est le moment conjugué à qk. Les (qk,pk) décrivent complètement l’état du système. Un degré de liberté noté xn désignera une de ces coordonnées, autrement dit un qk ou un pk.

Les crochets \left\langle \ldots \right\rangle désignent une moyenne d’ensemble sur l’espace des phases. Dans un système ergodique, elle est égale à la moyenne prise sur une durée suffisamment longue, qui est celle que l’on mesure en pratique.

Théorème d’équipartition

Énoncé

Le théorème d’équipartition affirme : à l’équilibre thermodynamique, l’énergie moyenne d’un système dont le hamiltonien H s’écrit comme la somme de fonctions quadratiques de ses coordonnées est répartie également entre toutes ses composantes et vaut 1/2 fkBTf est le nombre de termes de la somme. On peut l’écrire

 \langle H \rangle = \left\langle\sum_k a_k q_k^2 + \sum_k b_k p_k^2\right\rangle = \tfrac{1}{2} f k_B T

Ce nombre f est souvent désigné comme le nombre de « degrés de liberté » du système, mais c’est un raccourci qui peut être trompeur. Ce nombre compte en réalité le nombre de termes quadratiques du hamiltonien ; il ne correspond pas à la définition habituelle d’un degré de liberté en physique.

Démonstration

Dans l’ensemble canonique, cette formule peut être démontrée par calcul direct de la valeur moyenne à partir de la fonction de partition, classiquement notée Z. Le calcul ramène à des intégrales de fonctions gaussiennes qu’on sait calculer explicitement. On utilise ensuite les relations habituelles de l’ensemble canonique. C’est cette démonstration qui était présentée avant que ne soit introduite la version généralisée du théorème.

Théorème généralisé

Énoncé

On appelle théorème d’équipartition généralisé une formule démontrée pour la première fois par Tolman en 1918 qui étend l’idée de l’équipartition pour des hamiltoniens de forme générale. Même si la présentation qui en est faite diffère légèrement d’un auteur à l’autre, c’est en général cette formule qui est démontrée dans les ouvrages généraux de physique statistique. Ce théorème généralisé affirme que pour un système à l’équilibre thermodynamique à la température T, décrit par un hamiltonien H et des degrés de liberté xn, on a, pour tous les indices n et m,

\! \Bigl\langle x_{m} \frac{\partial H}{\partial x_{n}} \Bigr\rangle = \delta_{mn} k_{B} T.

δnm est le symbole de Kronecker qui vaut 1 si n = m et 0 dans les autres cas.

Dans ce cas général, aucune hypothèse n’est faite sur la forme du hamiltonien. En contrepartie, l’énergie n’est pas nécessairement répartie de manière égale entre toutes ces composantes : il n’y a pas nécessairement « équipartition » de l’énergie au sens strict. On en verra un exemple dans le cas de la sédimentation de particules. C’est pourquoi plusieurs auteurs ne reprennent pas l’appellation « théorème d’équipartition généralisé » proposée initialement par Tolman.

Bien entendu, cette formule générale permet de retrouver le résultat particulier du paragraphe précédent.

Démonstrations

Le résultat général peut se démontrer dans l’ensemble microcanonique quand l’énergie totale du système est constante, et aussi dans l’ensemble canonique, quand le système est couplé à une source de chaleur avec laquelle il peut échanger de l’énergie. Dans un cas comme dans l’autre, la démonstration procède par le calcul explicite de la moyenne sur l’espace des phases.

Dans tous les cas, on notera l’élément de volume infinitésimal de l’espace des phases

dΓ = dqidpi
i

.

Dans l’ensemble microcanonique, le système est isolé du reste du monde, ou au moins très faiblement couplé. De la sorte, son énergie totale est constante. On dit que l’énergie totale H est confinée entre E et ΔE. Pour une énergie E donnée et un écart ΔE, on note Γ(EE) le volume de la région de l’espace des phases dans laquelle l’énergie du système est comprise entre E et E + ΔE :

 \Gamma (E, \Delta E) = \int_{H \in \left[E, E+\Delta E \right]} \mathrm d\Gamma .

La probabilité d’occupation de tous les états de cette région est la même, par définition de l’ensemble microcanonique. La valeur moyenne d’une grandeur X s’écrit alors

 \langle X \rangle = \frac{1}{\Gamma} \, \int_{H \in \left[ E, E+\Delta E \right]} X \,\mathrm d\Gamma

On peut alors montrer que

 \Bigl\langle x_m \frac{\partial H}{\partial x_n} \Bigr\rangle = \delta_{mn} k_B T .

Dans l’ensemble canonique, on considère le système en équilibre thermodynamique avec une source de chaleur de température fixe T (en Kelvin). La probabilité d’occupation de chaque état dans l’espace des phases est donnée par son facteur de Boltzmann multiplié par un facteur de normalisation qui assure que la somme des probabilités est bien égale à un et dont la valeur n’importe pas ici ; on le notera \mathcal N. La valeur moyenne d’une quantité X est alors définie par

 \langle X \rangle = \mathcal{N} \int X e^{-\beta H(\vec x)} \mathrm d\Gamma.

Le calcul explicite (qui fait essentiellement appel à une intégration par partie) donne le résultat souhaité.

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