Entier quadratique - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Caractérisation

Irrationnel quadratique

L'un des objets de l'article est l'étude des nombres répondant à la définition suivante :

  • Un irrationnel quadratique est un nombre complexe non rationnel solution d'une équation du second degré à coefficients rationnels.

Il existe une manière simple de caractériser les nombres quadratiques :

  • Un nombre α est irrationnel quadratique si, et seulement si, il existe deux rationnels a et b, tel que b soit non nul, et un entier sans facteur carré d tel que α est égal à a + b.√d.

Il existe une convention prise ici, que les analystes ne font pas. Il n'est dit nul part que d est un entier positif, ce qui sous-entend que l'expression √d peut décrire la racine carrée d'un nombre négatif. En analyse, cette situation est dangereuse, on ne sait pas si cette racine désigne i.√-d ou -i.√-d et il n'est pas possible d'adopter une convention qui rende la fonction racine continue sur l'ensemble des nombres complexes. Le paragraphe suivant montre que cette difficulté n'existe pas dans le contexte de cet article. Pour une raison de commodité, l'usage du radical racine pour des entiers négatifs est fréquent en théorie algébrique des nombres, cette convention est utilisée ici.

Si α est solution d'une équation du second degré à coefficients rationnels alors la technique de résolution de cette équation à l'aide d'un discriminant montre qu'il existe trois rationnels a, c et e tel que α = a + c.√e. Si e est une fraction dont un représentant est f / g, quitte à multiplier en haut et en bas de la fraction par les facteurs non carrés du dénominateur, il est possible d'écrire e sous la forme d'un entier divisé par un carré parfait. Il est alors possible de sortir le dénominateur du radical. On peut donc choisir e entier. Si e contient des facteurs carrés, il est encore possible de les sortir du radical, on obtient alors une expression de la forme a + b.√d, où a et b sont des nombres rationnels et d un entier sans carré parfait. Comme le nombre α n'est pas choisi rationnel, le coefficient b n'est pas nul.

Réciproquement si α est égal à a + b.√d, il est solution de l'équation suivante :

 X^2 - 2a X + (a^2 - db^2) = 0 \;

Corps quadratique

Le nombre d désigne dans le reste de l'article un entier sans facteur carré, la lettre Z désigne l'anneau des nombres entiers, Q le corps des rationnels, R celui des réels et C celui des complexes.

L'intérêt de la notion de nombre quadratique provient de structures algébriques sous-jacentes à ce nombre. On étudie plus les propriétés des structures associées que le nombre lui-même. Une des structures essentiels correspond au plus petit ensemble contenant l'irrationnel quadratique, contenant 1 et stable par addition, soustraction, multiplication et division. Évidemment, cette stabilité ne concerne pas la division par 0.

L'ensemble des nombres de la forme x + y.√d est généralement noté Q[√d], les résultats précédents s'expriment, en terme mathématiques, par le fait que Q[√d] dispose d'une structure de corps.

  • Un corps quadratique K est un sous-corps du corps des complexes tel qu'il existe un entier sans facteur carré d et K est égal à Q[√d]. Un élément de ce corps est appelé nombre quadratique.

Ainsi les définitions de nombre quadratique et irrationnel quadratique sont très similaires. Tout irrationnel quadratique est un nombre quadratique, réciproquement, un nombre quadratique non rationnel est un irrationnel quadratique. On peut imaginer définir un corps quadratique différemment, comme un corps ne contenant que des nombres quadratiques. La proposition suivante montre qu'une telle démarche est licite.

  • Soit un corps commutatif K contenant Q mais non restreint à Q et qui ne contienne que des nombres quadratiques. Il existe un entier d, sans facteur carré, tel que K soit isomorphe à Q[√d].

Les algébristes construisent souvent le corps K d'une autre manière. Ils considèrent tout d'abord l'anneau des polynômes à coefficients dans les rationnels. Comme l'ensemble Q des rationnels est un corps, cet anneau est euclidien. Le polynôme X2 - d est irréductible si d est un entier sans facteur carré. Irréductible signifie qu'il ne peut pas s'exprimer comme un produit de deux polynômes de degré 1. L'Idéal engendré par X2 - d est un idéal maximal car l'anneau des polynômes est euclidien, donc principal, et le quotient de l'anneau des polynômes par cet idéal maximal est un corps. Tout élément de ce corps s'écrit x + y.√d si √d désigne la classe du polynôme X. Le signe de d ne modifie en rien la validité de la construction. Comme X2 - d est dans l'ideal quotient, la classe de X possède un carré égal à d, qu'il soit positif ou négatif, ce qui justifie la notation. Elle est d'autant plus cohérente que ce corps est une copie, le terme exact est isomorphe, du plus petit sous-corps de C contenant √d ou i.√-d si d est négatif.

Entier quadratique

Un des charmes d'un corps quadratique, général à tout corps algébrique, est qu'il présente une structure un peu analogue à celle des nombres rationnels. Tout comme les nombres rationnels disposent d'entiers, un corps quadratique dispose aussi d'entiers, la définition peut néanmoins paraître un peu étrange en premier abord, la suite montre qu'elle est parfaitement justifiée :

  • Un entier quadratique est un élément d'un corps quadratique dont le polynôme minimal est à coefficients dans Z.

Le polynôme minimal d'un nombre α est le polynôme à coefficients rationnels de plus petit degré, de monôme dominant ayant un coefficient égal à 1 et ayant α pour racine. L'article sur ce concept montre qu'il est unique et tout polynôme à coefficients rationnels ayant α pour racine est un multiple du polynôme minimal. Un irrationnel quadratique possède un polynôme minimal nécessairement de degré 2, un entier algébrique peut aussi être rationnel et posséder un polynôme minimal de degré 1, cette différence subtile, permet de considérer un élément de Z comme un entier quadratique. Il serait étrange de considérer 1 comme non entier et 1/2 comme un irrationnel quadratique, d'où la différence dans la définition.

L'article entier algébrique correspondant à la généralisation du concept pour un corps algébrique quelconque montre que les seuls entiers algébriques de Q sont les éléments de Z. L'analogie va plus loin :

  • La somme, la différence et le produit de deux entiers algébriques est un entier algébrique.

Cette situation est encore comparable à celle de Z. On peut encore dire que l'ensemble des entiers algébriques d'un corps quadratique forme un anneau. Cette situation est la même pour tous les corps algébriques, d'où une définition générale :

  • L' anneau des entiers d'un corps algébrique K est appelé fermeture intégrale de Z dans K et est souvent noté OK.


Il est intéressant de caractériser l'ensemble des entiers algébriques d'un corps quadratique :

  • Si d est congru à 1 modulo 4, alors l'anneau des entiers algébrique de Q[√d] est égal à Z[(1 + √d) / 2], sinon l'anneau est égal à Z[√d].

L'expression, Z[ω] désigne l'ensemble des nombres de la forme a0 + a1.ω + a22 + ... + ann, où a0, a1, ..., an sont des éléments de Z. Ici, ω2 s'écrit toujours comme une combinaison linéaire à coefficients dans Z de 1 et de ω, elle est donnée par le polynôme minimal, si ω désigne une des valeurs de l'énoncé de la proposition, à savoir (1 + √d) / 2 ou bien √d. Dans toute la suite de l'article ω désigne cette valeur. Un élément de l'anneau Z[ω] est donc de la forme a + ω.b, où a et b sont des éléments de Z.

Fermeture intégrale et clôture intégrale

La configuration est celle du corps, ici un corps quadratique, contenant un anneau, celui des entiers quadratiques. Elle ressemble un peu à celle de Q et Z à cet égard. La relation entre Z et Q est aussi caractérisée par le fait que Q est le corps des fractions de Z, c'est-à-dire le plus petit corps contenant Z. En fait, Q est construit comme l'ensemble des couples (a, b); où a est un entier et b un entier non nul, quotienté par une relation d'équivalence. On peut appliquer la même méthode à l'anneau des entiers d'un corps quadratique pour rechercher le plus petit corps contenant cet anneau.

  • Le corps des fractions de l'anneau des entiers d'un corps quadratique Q[√d] est isomorphe à Q[√d].

Pour cette raison le terme de rationnel quadratique désigne un élément de ce corps. Un rationnel quadratique est un nombre quadratique, il correspond soit à un irrationnel quadratique, soit à un élément de Q. Comme précédemment, on peut se poser la question de la forme d'un anneau unitaire (c'est-à-dire qui contient l'élément 1) composé uniquement d'entiers quadratiques. La situation est un peu différente que celle de Q et Z, ici il existe d'autres anneaux, toujours inclus dans une fermeture intégrale :

  • Soit A un anneau unitaire contenant strictement Z et formé uniquement d'entiers quadratiques. Il existe un entier d, non carré parfait, tel que A est égal à Z[ω] ou ω est égal soit à √d soit, si d est congru à 1 modulo 4, à (1 + √d) / 2.

La nuance provient de la nature de d. Dans une fermeture intégrale d est un entier sans facteur carré, comme 2 ou -6. Dans la proposition précédente d est un entier non carré parfait comme 18 ou -12. Or 18 et -12 ne sont pas des entiers sans facteur carré. Ainsi le corps Q'[√3] contient l'anneau Z[√3] mais aussi Z[√12]. Cette différence donne lieu à la définition suivante :

  • Un anneau d'entiers quadratiques est dit intégralement clos si et seulement s'il est égal à sa clôture intégrale.

Le corps des fractions de Z[√12] contient √3 et est en fait égal à Q[√3]. L'anneau des entiers de Q[√3] est égal à Z[√3] qui contient strictement Z[√12], qui n'est ainsi pas intégralement clos. Les anneaux intégralement clos sont les plus riches en propriétés. Par contre, Z[√-3] n'est pas un anneau euclidien, ni même factoriel. Pour s'en rendre compte, il suffit de considérer la double décomposition suivante du nombre 4 en facteurs irréductibles :

4 = 2\times 2 = (1 + \sqrt -3)(1- \sqrt -3)\;

En revanche, l'anneau Z[1/2(1 +√-3)] composé des entiers d'Eisenstein est euclidien, comme le montre l'article sur la question.

Enfin, il existe une propriété fort utile sur les anneaux unitaires d'entiers quadratiques :

  • l'intersection d'un anneau unitaire d'entiers quadratiques et de Q est égale à Z.
Page générée en 0.141 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise