Empédocle - Définition

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Introduction

Empédocle d'Agrigente.

Empédocle est un philosophe, ingénieur et médecin grec du Ve siècle av. J.-C..

Biographie

Les dates de naissance et de mort d'Empédocle ne sont pas certaines : il vécut probablement entre 490 et 435 av. J.-C. Sa vie nous est mal connue et a parfois un caractère légendaire manifestement dû à sa personnalité quelque peu excentrique. Il fut un personnage important d'Agrigente, défenseur de la démocratie. Il fut banni et termina sa vie dans le Péloponnèse. D'après la légende, Empédocle se jeta dans les fournaises de l'Etna en abandonnant sur le bord une de ses chaussures, preuve de sa mort. Cette histoire est réfutée par Strabon.

Empédocle fut sans doute le plus étrange et le plus excentrique des Présocratiques : il est, selon Nietzsche « la figure la plus bariolée de la philosophie ancienne ». « Il s'habillait de vêtements de pourpre avec un ceinture d'or, des souliers de bronze et une couronne delphique.Il portait des cheveux longs, se faisait suivre par des esclaves, et gardait toujours la même gravité de visage. Quiconque le rencontrait croyait croiser un roi. Favorinus d'Arles »

Il a écrit sa pensée sous la forme de deux poèmes, peut-être réunis en un : 1) le Περὶ Φύσεως / Peri phuseôs (De la nature), 2) les Καθαρμοί / Katharmoi (Purifications). Il nous en reste environ quatre cents vers. Il faut ajouter un papyrus fragmentaire du Ier s., découvert à Strasbourg, édité en 1999.

Empédocle fut à la fois ingénieur, philosophe, thaumaturge et poète.

Le complexe d'Empédocle

Relatif au rêveur fasciné par le feu pour qui la destruction (par le feu) est plus qu'un changement, c'est un renouvellement. Principe de la rêverie unissant amour et respect du feu, instinct de vivre et instinct de mourir chez Gaston Bachelard.

Sa pensée

Sa pensée est influencée par l'Orient, l'orphisme et le pythagorisme.

Cosmologie

Sa doctrine physique fait des quatre éléments (le Feu, l'Air, la Terre, l'Eau) les principes composant toutes choses.

"Connais premièrement la quadruple racine
De toutes choses : Zeus aux feux lumineux,
Héra mère de vie, et puis Aidônéus,
Nestis enfin, aux pleurs dont les mortels s'abreuvent."

Premièrement il y a le problème de l'interprétation. Zeus, dieu de la lumière céleste, désigne le Feu ; Héra, épouse de Zeus, désigne l'Air ; Aidônéus (Hadès), dieu des enfers, désigne la Terre ; Nestis (Perséphone ?) désigne l'Eau. Cependant, pour Stobée, qui semble moins crédible, Héra est la Terre, Aidônéus est l'Air. Deuxièmement, il y a le problème de l'ordre. Empédocle dit Feu/Air/Terre/Eau. Plus logiquement, Aristote établit la série : Feu, Air, Eau, Terre. Troisièmement, il y a le problème de la complétude. Combien d'Éléments ? Le jeune Aristote et Philippe d'Oponte (l'auteur de l'Épinomis) ajouteront un cinquième Élément, qui est donc la quinte essence : l'Éther.

À ces Éléments s'ajoutent les Forces de l'Amour et de la Haine : l'Amour rapproche même ce qui est dissemblable, et la Haine sépare ce qui est joint :

« À un moment donné, l'Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l'Un sortit le Multiple — Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l'Air. »

La dualité et l'opposition des forces d'Amour-Haine s'appliquant sur ces quatre Éléments subit en outre une alternance : à un état où règne seul l'Amour et où tout est uni (le sphaeros, rappelant la sphère de Parménide), succède l'introduction progressive de la Haine jusqu'à complète séparation des Éléments, l'Amour réapparaissant alors ramène les choses à l'unité et vers un nouveau cycle :

« Car ils prévalent alternativement dans la révolution du cercle, et passent les uns dans les autres, et deviennent grands selon le tour qui leur a été assigné. »

Empédocle situe notre époque dans une phase de progression de la Haine : du sphaeros s'est séparé l'Air (atmosphère), puis le Feu (lumière du jour, étoiles), la Terre, et de la Terre l'Eau.

La description de la génération des êtres vivants obéit au même double mouvement : d'un état primitif d'androgynie à la génération sexuée sous le progrès de la Haine ; membres solitaires et errants cherchant à s'unir dans la phase de réunion sous l'impulsion de l'amour (« têtes sans cous, bras nus privés d'épaules, des yeux vagues dépourvus de fronts »).

Empédocle a proposé une explication correcte des éclipses de Soleil.

Médecine

La combinaison et les propriétés des quatre éléments déterminent la santé ainsi que les tempéraments et caractères.

Religion

Son enseignement religieux fait une grande place à la nécessité de la purification. Il croit en la transmigration des âmes et conçoit le cycle des existences comme une expiation :

« Si jamais l'une des âmes a souillé criminellement ses mains de sang, ou a suivi la Haine et s'est parjurée, elle doit errer trois fois dix mille ans loin des demeures des bienheureux, naissant dans le cours du temps sous toutes sortes de formes mortelles, et changeant un pénible sentier de vie contre un autre. »

Végétarisme

En accord avec sa théorie de la transmigration des âmes des êtres vivants, son enseignement encourageait très probablement au végétarisme, les propos, à ce sujet, de ses commentateurs antiques se contredisant ou variant plus ou moins ; néanmoins :

« L'école de Pythagore et d'Empédocle d'Agrigente et le reste des Italiens enseignent que nous sommes apparentés non seulement entre nous et aux dieux, mais aussi aux animaux privés de raison ; qu'en effet unique est le souffle qui parcourt tout l'univers à la manière d'une âme et qui nous unit à ces êtres. C'est pourquoi, en les tuant, en les mangeant, nous commettons une injustice et une impiété, car nous détruisons des congénères. En conséquence de quoi ces philosophes ont conseillé de s'abstenir de ce qui a vie et ils ont imputé une impiété aux hommes qui rougissent de carnage chaud l'autel des Bienheureux. Empédocle dit quelque part (fr. 136) : « Cessez donc ce massacre aux clameurs funestes. Ne voyez-vous pas que vous vous entre-dévorez dans l'inconscience de votre esprit ? »  »

— Extrait de Contres Les Dogmatiques, IX, 127, de Sextus Empiricus.

« Mais Empédocle, qui était pythagoricien, et ainsi ne mangeait de rien qui eût eu vie, fit, avec de la myrrhe, de l'encens et d'autres aromates précieux, un bœuf qu'il distribua à toute l'assemblée des jeux olympiques. »

— ATHEN. I, 5e – Hermann Diels, Die Fragmente Der Vorsokratiker.

Ce qui semble confirmé par des fragments directs d'Empédocle :

« 144. Jeûnez de la méchanceté ! (— R. P. 184 c.) »

Ou, ici, Empédocle parlant de ceux qui avaient « acquis la divine sagesse » sans « opinion confuse sur les dieux »:

« 128. Ils n'avaient pas encore Ares pour dieu, ni Kydoimos, ni non plus le roi Zeus, ni Kronos ni Poséidon, mais Cypris, la reine... Ils se la rendaient propice par de pieux présents, par des figures peintes et des encens au subtil parfum, par des offrandes de myrrhe pure et des baumes à la douce senteur, répandant sur le sol des libations de miel brun. Et l'autel ne ruisselait pas du sang pur des taureaux, mais c'était parmi les hommes le plus grand crime que de dévorer leurs nobles membres après leur avoir arraché la vie. (— R. P. 184.) »
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