Éléphant de mer du sud - Définition

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Comportement

En mer : plongées et alimentation

Les éléphants de mer passent la plus grande partie de leur existence sous l'eau.

Grâce aux suivis satellitaires, on s'est aperçu que les animaux restent très peu de temps en surface, en général quelques minutes pour refaire le plein d'oxygène. Ils plongent sans cesse, à chaque fois pendant plus de vingt minutes, pour chasser leurs proies, calmars et poissons, entre 400 et 1 000 m de profondeur. Les records de plongée ont été relevés à près de deux heures pour la durée et à 1 998 m pour la profondeur . Ils se reposent également en apnée en se laissant flotter entre deux eaux.

Par la durée, la profondeur et l'enchaînement des plongées, les éléphants de mer du sud (comme ceux du nord) sont les plus performants des phoques. À de nombreux points de vue, ils dépassent même la plupart des cétacés. Ces capacités hors normes résultent d'adaptations physiologiques, communes aux mammifères marins, mais particulièrement développées chez les éléphants de mer. La stratégie d'adaptation repose sur deux axes : augmenter le stockage d'oxygène, réduire sa consommation.

Ce ne sont guère les poumons qui assurent les réserves d'oxygène. De taille relativement modeste, ils sont d'ailleurs pendant les plongées vidés et comprimés, réduisant ainsi les effets nocifs des échanges gazeux sous pression notamment avec l'azote. L'oxygène est alors essentiellement stocké dans le sang où il est associé à l'hémoglobine des globules rouges, ainsi que de manière importante dans les muscles où il est retenu par la myoglobine. Les éléphants de mer ont un volume sanguin rapporté à la masse corporelle 2,5 fois supérieur à celui de l'homme, une plus grande concentration en hématies, une plus grande concentration en hémoglobine dans les hématies. Enfin leur rate joue aussi un rôle essentiel dans le stockage et la redistribution du sang. Il semble enfin qu'ils soient plus tolérants à l'accumulation d'acide lactique et soient capables de recourir à la production d'ATP par fermentation pour subvenir aux besoins énergétiques des cellules.

L'autre voie adaptative porte sur l'économie de dépense énergétique. La forme hydrodynamique du corps facilite la pénétration dans l'eau et pour plonger il suffit souvent de se laisser couler. Quant au flux sanguin, il se concentre sur les organes vitaux : cœur, système nerveux central tandis que la température corporelle chute de plus de 15 °C dans les parties périphériques du corps. Le ralentissement du rythme cardiaque, la bradycardie, est aussi particulièrement sensible.

Dans l'océan, les éléphants de mer ont un comportement apparemment solitaire. Les mâles semblent préférer aller se nourrir en bordure du continent antarctique alors que les femelles circulent plus largement. Les individus retournent manifestement chaque année sur les mêmes zones de chasse.

Les connaissances sur l'alimentation des éléphants de mer sont encore très partielles. On sait que leur régime est essentiellement composé de poissons et de calmars, capturés lors des plongées profondes. Mais les observations directes pendant ces longues et discrètes périodes de vie pélagique sont impossibles.

Des lavages d'estomacs réalisés en 1992 et 1993 sur la péninsule antarctique sur un échantillon d'individus ont révélé grâce à l'identification des becs de céphalopodes retrouvés dans les contenus stomacaux la diversité des espèces avec une nette prédominance du calmar des glaces Psychroteuthis glacialis. Mais ces données localisées pourraient ne caractériser finalement que la composition de la ressource alimentaire du secteur. D'autres études sur le régime alimentaire ont été menées de 1999 à 2001 de manière indirecte en analysant la composition en acides gras de la graisse des éléphants de mer et ont montré une prédation majoritaire en poissons lorsque les animaux circulent aux abords du continent antarctique et en calmars lorsqu'ils chassent en plein océan.

Bien que chassant dans l'obscurité des profondeurs, c'est en partie grâce à la vue que les éléphants de mer semblent repérer leurs proies, la bioluminescence de certaines d'entre elles pouvant faciliter leur capture. Les éléphants de mer n'ont pas développé de système d'écholocation à la manière des cétacés, mais on suppose que leurs vibrisses qui sont sensibles aux vibrations jouent cependant un rôle dans la recherche de nourriture.

Lorsqu'ils fréquentent les côtes sub-antarctiques ou antarctiques, les éléphants de mer peuvent aussi consommer des crustacés isopodes, des ascidies, du krill, des mollusques bivalves ou même quelques algues.

Les éléphants de mer ont peu de prédateurs. Ils peuvent être attaqués par les léopards des mers, les requins blancs ou par les orques. Ces dernières guettent en particulier les jeunes de l'année lors de leurs premiers bains de mer.

À terre : reproduction et mue

Groupe de femelles (l'une est en train de mettre bas)
Nouveau-né à la têtée

Véritables sous-marins des mers australes, les éléphants de mer comptent aussi parmi les phoques les plus « terrestres » puisqu'ils séjournent chaque année plusieurs semaines consécutives au sec.

Les femelles gagnent les plages sub-antarctiques dès le début du printemps austral, à partir du mois de septembre, pour mettre bas un seul petit. Généralement, la naissance est très rapide. Dès que la tête du bébé pointe hors de la matrice, la femelle lève les pattes et le petit est projeté hors du ventre de la mère. Aussitôt, celle-ci se tourne vers le nouveau-né en le mordillant, tandis que le rejeton cherche à téter. L'allaitement dure en moyenne 23 jours. Pendant toute cette période, la femelle jeûne. Les nouveau-nés qui pèsent environ 40 kg à la naissance atteignent 120 à 130 kg lorsqu'ils sont sevrés. La mère a, pendant cette période, considérablement maigri.

Avant même que toutes les naissances et les sevrages soient terminés, les mâles ont également rejoint les colonies. Les plus forts, appelés pachas, ont constitué leurs harems de plusieurs dizaines de femelles. Ceux qui veulent les leur disputer les affrontent en combats singuliers. Les deux adversaires se cambrent et se laissent retomber de tout leur poids, canines en avant, l'un sur l'autre. L'issue est rarement fatale et le vaincu n'a plus qu'à s'enfuir. Cependant, sous les chocs, le cuir et la trompe de l'adversaire peuvent se déchirer. Les harems sont ainsi entourés de groupes de jeunes mâles ou de mâles dépités, qui à l'occasion tentent leur chance auprès des femelles les plus excentrées. Les pachas veillent en permanence à leur privilège sexuel et rappellent à l'ordre les resquilleurs éventuels par des éructations menaçantes ou si besoin par une poursuite. Bien qu'ils soient théoriquement mâtures dès l'âge de 4 ou 5 ans, les mâles peuvent en fait rarement s'accoupler avant 9 ou 10 ans.

En raison de leur considérable différence de poids, les éléphants de mer ne s'accouplent que côte à côte. Les femelles (plusieurs dizaines par mâle) n'excèdent pas 400 kilos et se tiennent contre le mâle. Elles sont fécondables quelques jours après avoir mis au monde.

Autour des colonies, des oiseaux de mer tels les skuas, les pétrels géants subantarctiques, les becs-en-fourreau circulent aussi en permanence à l'affût d'un bon repas fait d'un placenta, du cadavre d'un mâle blessé à mort, d'un petit malencontreusement écrasé par la charge d'un pacha.

Les femelles sont saillies dès la fin de l'allaitement. Les jeunes femelles ayant atteint l'âge de 3 ans sont également fécondées. Le développement de l'embryon ne commence pas immédiatement (l'ovocyte reste en dormance quelque temps). La gestation dure en effet 9 mois, mais il faut néanmoins que les naissances n'interviennent qu'environ un an plus tard, à la bonne saison.

Les jeunes qui sont sevrés se regroupent en pouponnières en attendant de perdre leur pelage de naissance, puis se mettent timidement à l'eau en commençant généralement leur apprentissage en eau douce dans les estuaires ou les mares d'arrière plage.

En été, les éléphants de mer viennent aussi à terre pour changer de pelage : c'est le temps de la mue. Celle-ci s'engage parfois directement après la reproduction. Certains mâles peuvent ainsi rester à terre plus de 3 mois sans se nourrir. Les éléphants de mer affectionnent particulièrement les bains de boue, souvent collectifs. Leurs passages répétés dans les souilles peuvent y creuser de véritables baignoires dans lesquelles plus d'un est resté piégé à mort. La mue semble occasionner une réelle fatigue et s'accompagne fréquemment d'écoulements nasaux purulents.

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