Rajoutée vers le deuxième quart du XIIe siècle, la façade-écran de Notre-Dame-la-Grande a une silhouette propre au roman poitevin. On retrouve ce type de composition à l'église St-Hilaire de Melle et à St-Jouin-de-Marnes. La façade, plate, est beaucoup plus haute que l'édifice, faisant l'effet d'un fond de scène. Elle est structurée d'arcatures superposées et encadrée par deux tourelles. La sculpture orne à profusion la façade. On y trouve des motifs fréquents de l'art roman : rinceaux, bestiaire, modillons sculptés de têtes grimaçantes et de figures fantastiques. Un chapiteau représente des éléphants affrontés. Au-dessus du portail, une frise comporte des scènes bibliques.
Andrault-Schmitt, Claude, et Camus, Marie-Thérèse, Notre-Dame-la-Grande, l'œuvre Romane, éditions Picard, CESCM, 2002
Riou, Yves-Jean, la Collégiale Notre-Dame-la-Grande, collection Itinéraires du Patrimoine, éditions du C.P.P.P.C., 1995
En l'an 1202, les Anglais assiégeaient la ville. Le clerc du maire leur promet de leur livrer la ville en leur fournissant les clés de la ville en échange d'une grande somme d'argent et ce, le jour de Pâques.
Dans la nuit, le clerc rentre dans la chambre du maire pour lui voler les clés mais, au moment de les saisir, elles avaient disparu.
À son réveil, le maire se rend également compte de la disparition et, effrayé, sait qu'il y a eu trahison. Il prévient donc son armée et se rend à Notre-Dame-la-Grande pour prier. Il y découvre la statue de la Vierge Marie, les clés en main.
Pendant la nuit, sous les remparts, effrayés par les apparitions de la Vierge, de Saint-Hilaire et de Sainte-Radegonde, les Anglais se sont entretués et se sont enfuis.
Elle est représentée dans l'église sur un vitrail du XIXe siècle et sur un tableau du XVIIe. L'Église St-Hilaire-le-Grand de Poitiers conserve trois statues en pierre (la Vierge à l'Enfant, Saint Hilaire et Sainte Radegonde) qui ornaient autrefois la porte de la Tranchée, lieu du miracle.
La légende est invraisemblable du point de vue historique puisqu'en 1202 le Poitou faisait partie du duché anglais d'Aquitaine, sous les règnes d'Henri II et d'Aliénor d'Aquitaine. Le récit le plus ancien remonte à Jean Bouchet, dans ses Annales d'Aquitaine. La légende est devenue très populaire surtout après le siège de l'amiral Gaspard II de Coligny à Poitiers en 1569.
Les Poitevins ont célébré jusqu'en 1887 cette protection divine par une procession solennelle dans toute la ville et une statue a été érigée au milieu du chœur au XVIIe siècle.