Supposons que l’émetteur et le récepteur se déplacent sur une droite. Il y a trois référentiels galiléens à considérer :
Par convention, les vitesses seront comptées comme positives dans la direction de propagation du signal (de l’émetteur vers le récepteur). Ainsi une vitesse vem positive et vrec négative correspondra à un rapprochement entre source et récepteur tandis qu’une vitesse vem négative et vrec positive correspondra à un éloignement.
Si ƒem est la fréquence de l’onde dans le référentiel de la source, alors le récepteur va recevoir une onde de fréquence ƒrec
En effet, supposons que la source émette des bips à une fréquence ƒem et que le mouvement relatif entre émetteur et récepteur se fasse selon la droite les joignant. Lorsque le deuxième bip est produit, le premier bip a parcouru une distance
dans le référentiel (1), avec Tem = 1/ƒem. La source s’étant déplacée de vem·Tem pendant le temps Tem, la distance séparant deux bips est
Calculons le temps Trec séparant la détection des deux bips par le récepteur. Ce dernier reçoit le premier bip. Au bout de ce temps Trec, il a parcouru la distance vrec·Trec au moment où il reçoit le deuxième bip. Durant ce laps de temps, Trec le deuxième bip aura donc parcouru la distance
ce qui donne bien :
Si seule la source est mobile par rapport au référentiel (vrec = 0), on a alors :
et si seul le récepteur est mobile par rapport au référentiel (vem = 0), on a :
Les deux situations ne sont pas symétriques : en effet, si le récepteur « fuit » l’émetteur à une vitesse supérieure à c, il ne recevra jamais d’onde, alors que si l’émetteur fuit un récepteur immobile, celui-ci recevra toujours une onde. On ne peut pas inverser le rôle de l’émetteur et du récepteur. Dans le cas classique, il y a dissymétrie dans le décalage fréquentiel selon que l’émetteur ou le récepteur est en mouvement (les fréquences reçues diffèrent par les termes du second ordre pour une même fréquence d’émission). Cette dissymétrie est due à la présence du milieu dans lequel se propagent les ondes, elle est justifiée pour les ondes sonores.
Pour les ondes électromagnétiques, la propagation pouvant se faire dans le vide, cette dissymétrie est infondée. On doit alors traiter le problème dans le cadre de la relativité restreinte et on s’attend alors à trouver un effet parfaitement symétrique puisqu’on ne peut pas distinguer entre vitesse de l’émetteur et vitesse du récepteur, seule comptant la vitesse relative entre les deux. C’est ce que nous allons montrer.
Dans le cas d’ondes électromagnétiques, la vitesse de l’onde est la vitesse de la lumière qui dépend de la nature du milieu (et notamment de son indice de réfraction), mais pas du référentiel.
Avant de donner la formule de l’effet Doppler relativiste dans le cas général, voici d’abord une démonstration simplifiée rapide de la formule relativiste dans le cas où tous les mouvements se font le long d’un même axe, celui le long duquel se propage le signal. Le principe du calcul consiste à tenir compte de l’effet de dilatation du temps qui accompagne le passage d’un repère au repos à un repère en mouvement.
Changeons de notation avant de passer à une symétrisation du problème. La vitesse entre l’émetteur et le récepteur sera notée v et sera comptée comme positive si elle correspond à une vitesse d’éloignement. C’est la convention généralement adoptée en astronomie pour la vitesse radiale. Par conséquent si la source se déplace seule, sa vitesse des formules antérieures est vem=-v et si c’est le récepteur qui se déplace seul, sa vitesse est vrec=+v.
Si on tient compte maintenant du facteur de dilatation du temps de la relativité restreinte
qui augmente les durées mesurées par le récepteur fixe, la fréquence observée diminuera par le facteur inverse [1 − (v2 / c2)]1 / 2 de sorte que la fréquence frec devient
Comme précédemment, il faut tenir compte du facteur relativiste γ . Ici, c’est le récepteur qui est en mouvement et la source qui est fixe. C’est l’expression de fem = frec / (1 − β) qui doit être multipliée par [1 − (v2 / c2)]1 / 2. Nous obtenons donc la même formule que précédemment :
qui montre que l’effet Doppler est parfaitement symétrique et ne dépend que de la vitesse relative entre l’émetteur et le récepteur.
Cette symétrie a été exploitée par le physicien Hermann Bondi à des fins pédagogiques, dans sa méthode de calcul par le facteur k (Bondi's k-calculus), graphiquement représentée par le diagramme de Bondi.
L’effet Doppler relativiste combine deux effets, l’effet galiléen et l’effet de ralentissement des horloges. Le premier fait intervenir la vitesse radiale entre source et observateur, le second la valeur de la vitesse totale.
Si l’on considère le cas plus classique d’une onde électromagnétique se déplaçant dans R le long des x avec un champ électrique selon l’axe des y
et un champ magnétique
et si l’on considère un référentiel R’ mu d’une vitesse v par rapport à R comme on a :
alors:
d’où
On a un nouveau vecteur d’onde k' = kγ(1 − β) et une nouvelle pulsation ω' = ωγ(1 − β)
Le tenseur de Maxwell permet de trouver les transformation de E0 En l’occurrence
La nouvelle onde dans R’
On retrouve la proportionnalité entre l’augmentation de l’énergie et l’augmentation de la fréquence en intégrant la densité d’énergie
Traitons maintenant le problème de façon complète.
En relativité restreinte, un photon est entièrement caractérisé par son quadrivecteur énergie-impulsion P. Cette quantité est définie indépendamment de tout système de coordonnées mais il est utile lorsqu’on veut faire des mesures ou des calculs algébriques de préciser la valeur des composantes de ce quadrivecteur. Si, dans un système de coordonnées, la fréquence du photon est ν et le vecteur unitaire le long du trajet du photon est le vecteur à 3 dimensions
où h est la constante de Planck.
Considérons une étoile dont nous recevons les photons sur Terre. Choisissons un repère terrestre Oxyz tel que l’axe Ox soit orienté le long de la vitesse v de l’étoile. La relativité restreinte nous apprend alors que les composantes
avec toujours
En utilisant les notations des paragraphes précédents, les fréquences du photon sont
où θ' est l’angle que fait le photon avec l’axe Ox dans le repère de l’étoile. Si la quantité β'rad correspond à la composante radiale de la vitesse relative entre émetteur et récepteur dans le repère de l’étoile, c’est-à-dire
on peut écrire la formule Doppler relativiste sous la forme
qui redonne les formules présentées quand on prend cosθ' = − 1.
L’effet relativiste est en quelque sorte la combinaison de l’ dû à la vitesse radiale et du phénomène de ralentissement des horloges inhérent à la relativité restreinte.
Trouvons l’angle θ que fait le rayon lumineux avec l’axe Ox dans le repère terrestre. La différence entre les directions du photon dans le repère terrestre et le repère de l’étoile constitue le phénomène d’aberration de la lumière. D’après les équations de Lorentz écrites ci-dessus, on a :
Ces formules donnent une description relativiste complète de l’effet Doppler-Fizeau.
Il y a une subtilité à saisir dans le phénomène d’aberration. Si le photon se propage radialement dans un repère, il le fera aussi dans l’autre. Autrement dit, si