Au cours du XXe siècle on a vu émerger trois courants et trois traditions de l'éducation populaire: la tradition laïque éducative, la tradition chrétienne humaniste et celle du mouvement ouvrier.
Le courant laïc et bourgeois est clairement issu de la tradition de Condorcet. L'instruction doit être accessible à tous, former les citoyens, et être prise en charge par la République. Pour Condorcet il n'y a pas de démocratie du pouvoir sans démocratie du savoir. Mais ce courant peine à retrouver sa place aujourd'hui dans l'évolution du capitalisme. Cette mouvance, orientée vers la problématique actuelle du lien social, pourrait s'incarner aujourd'hui dans des formes d'actions sociales telles que celles prônées par les centres sociaux.
Un autre courant est le mouvement chrétien, après le ralliement des protestants au 1er courant, qui est clairement catholique. Les héritiers de cette tradition souhaitent garder la morale, s'inscrire dans une problématique d'aide, d'assistance, de surveillance, de moralisation. Mais il évolue, incarné par « Le Sillon » de Marc Sangnier qui va découvrir peu à peu la problématique de l'exploitation. Il sera d'ailleurs excommunié par le pape en 1910 qui rejette le "nivellement des classes". Le christianisme social lui fera ensuite une large place lui assurant dynamisme et influence autour des thèmes allant du scoutisme à la Jeune République.
Enfin le mouvement ouvrier né au XIXe siècle. Au milieu du siècle, les syndicats sont interdits mais le mouvement ouvrier fait naître des amicales, des mutuelles et des coopératives. Les ouvriers se demandent s'il convient d'envoyer leurs enfants à l'école de la bourgeoisie ou de leur dispenser une culture et des valeurs propres à la classe ouvrière. Les enjeux de l'instruction sont importants : quels contenus ? Qui éduque ? Quelle formation ? Qui doit-on éduquer ? Qui contrôle l'école (loi Falloux) ? Pour Geneviève Poujol, ce lien historique entre éducation populaire et mouvement ouvrier peut sembler secondaire « parce que l'éducation populaire d'hier ne l'a à aucun moment rencontré, même au moment des universités populaires ». Dans une perspective sociologique, l'auteur préfère décrire la naissance de l'éducation populaire en insistant sur le parallélisme entre mouvement laïque et catholique.
De ces trois courants qui se mêlent, se croisent, il n'est pas facile de tirer une définition claire, précise et univoque de l'éducation populaire.
Rechercher une définition unique de l'éducation populaire est probablement une chose vaine. Nombres d'auteurs, de militants, d'acteurs de l'éducation populaire se sont attelés à cette tâche délicate. Ce sont ces tentatives qui sont présentées ci-après :