Eau de Javel - Définition

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Utilisation

Le produit commercial change de nom en fonction de la dilution et on parlera :

  • d’extrait de Javel pour un produit titrant 40 ° chlorométriques minimum.
  • d’eau de Javel si la concentration est comprise entre 9,6 ° et 35 ° chlorométriques.
  • d’eau de Labarraque pour un produit titrant 2 ° chlorométriques.

L'eau de Javel désinfecte l'eau lors du traitement de l'eau potable. Le chlore a des propriétés rémanentes, ce qui signifie que son action désinfectante est valable sur tout le long du réseau de distribution d'eau.

L'eau de Javel peut être utilisée pour désinfecter les sanitaires, les sols, les éviers et les paillasses. Elle est parfois ajoutée à la lessive pour « blanchir » le linge.

Elle est également utilisée pour désinfecter l'eau des piscines.

L'eau de Labarraque est le principal composant de la liqueur de Dakin, utilisée comme antiseptique.

Présentation

L'eau de Javel se présente sous forme liquide (en bouteilles ou en berlingots) ou sous forme solide (en pastilles). Sous forme liquide, elle se conserve au moins un an. Sous forme concentrée (berlingots), elle ne se conserve pas plus de deux mois et demi/trois mois. C'est pourquoi les berlingots doivent être dilués rapidement (à l'eau froide), en tout cas dans les deux mois et demi suivant la date de fabrication figurant sur l'emballage. Si ces délais sont dépassés, l'eau de Javel ne désinfecte plus. Pour éviter les accidents, l'eau de Javel et les effluents en contenant sont stockés dans des emballages en matière plastique. L'INRS précise que le verre est utilisable, mais dans des bonbonnes protégées par une enveloppe métallique convenablement ajustée.

L'eau de Javel est commercialisée sous plusieurs niveaux de dilution. La quantité de chlore est exprimée en pourcentage de chlore actif (c.a.). Le pourcentage de chlore actif représente la masse de dichlore formée à partir de 100 g d'eau de Javel. On trouve par exemple des bouteilles d’eau de Javel à 2,6 % de chlore actif et des berlingots d'eau de Javel concentrée à 9,6 % de chlore actif.

Les pastilles d'eau de Javel sont en fait des pastilles de dichloroisocyanurate de sodium. Lorsque ces pastilles sont dissoutes dans l'eau, le dichloroisocyanurate de sodium réagit avec l'eau pour donner de l'hypochlorite de sodium et de l'acide cyanurique.

Aujourd'hui, l'eau de Javel est incorporée dans des détergents pour proposer des produits « 2 en 1 » qui nettoient et désinfectent.
L'eau de Javel doit être conservée à l'abri de la lumière et de la chaleur.

Effets sur la santé et l'environnement

Toxicologie (Effets sur la santé)

L'eau de Javel est toxique et corrosive. Elle provoque des brûlures sur la peau, les muqueuses (les yeux notamment), surtout sous forme concentrée.
Son inhalation peut provoquer une réaction respiratoire (irritation bronchique, avec œdème dans les cas graves accompagné d'une baisse de la pression partielle de l'oxygène dans le sang) se manifestant par une dyspnée (manque de souffle, sensation d'étouffement) et une toux (qui peut persister plusieurs années).
L’hypochlorite de sodium réagit avec les substances azotées, dont celles émises par l'Homme dans les piscines (sueur et urine) comme elle peut réagir avec les protéines animales et végétales lors des opérations de désinfection de locaux ou des végétaux, ou dans les égouts ou bondes d'évier. Elle produit alors des dérivés chlorés dont certains sont susceptibles de dégazer dans l'air. Les chloramines produites peuvent piquer les yeux.

Toxicocinétique et métabolisation

Les voies d’absorption classiques sont l’ingestion, le passage transcutané et l’inhalation.
Chez l’animal, l’ingestion orale induit un taux plasmatique maximal 2 heures après (chez le rat à jeun, et après 4 heures chez un animal nourri).
Demie vie : Il faut 44 heures pour diviser par deux le taux sanguin chez le rat à jeun et 88,5 heures s’il est nourri.
Métabolisation : Une solution aqueuse de [36CI]-hypochlorite de sodium est métabolisée par le rat en ions chlorures retrouvés (96 heures après en plus grande quantité dans le plasma), puis dans le sang total, mais aussi dans la moelle osseuse, les testicules, les reins et le poumon.

Une heure seulement après ingestion d’hypochlorite de sodium, le plasma et le contenu intestinal de rats (nourris ou à jeun) contenaient de l’acide trichloroacétique, de l'acide dichloroacétique et du dichloroacétonitrile. Après 96 heures, 51,2 % de la dose initiale seulement était éliminée (à 36,4 % dans l’urine et 14,8 % dans les excréments). Après 120 heures, on trouvait encore chez ces rats des traces significatives du produit ([36CI]-hypochlorite de sodium).

Toxicité aigüe

La toxicité aigue est d’abord liée au caractère corrosif de l’hypochlorite de sodium.

- DL50 orale : 5 800 mg·kg-1 chez la souris ;
- DL50 cutanée : supérieure à 10 000 mg·kg-1 chez le lapin ;
- CL50 par inhalation : supérieure à 10,5 mg·l-1 pour une exposition d’une heure chez le rat.

Inhalation : chez la souris, la RD50 (dose induisant une diminution de 50 % de la fréquence respiratoire) est de 4,1 ppm pour une atmosphère d’hypochlorite mesurée en chlore libre (chiffre proche de la RD50 du chlore pur, 6,7 ppm).

Ingestion : des brûlures oropharyngées, œsophagiennes et gastriques sont constatées chez le chien pour 100 ml d’une solution à 5,25 %. Au-dessus de 5 ml·kg-1, des lésions corrosives apparaissent.

Exposition cutanée : elle induit un épaississement de la peau chez la souris (pour une solution à 1 g·l-1 appliquée 10 minutes par jour durant 4 jours). Les cellules basales de l’épiderme sont moins viables chez le cobaye (pour une solution à 0,5 % appliquée sur la peau durant 2 semaines).
La peau du lapin est corrodée après 15 à 30 minutes d’application d’une solution à 3,5 %. L’irritation augmente avec la dose.
Les muqueuses y sont naturellement plus sensibles ; chez le lapin, une solution à 0,5 % provoque une vive douleur sur l’œil, avec une irritation réversible en 24 heures. À 5 % on constate un obscurcissement passager de la cornée, un œdème de la conjonctive, qui sont réversibles en 24 heures si l’œil a été rincé à l’eau dans les 30 secondes (sinon, les lésions persistent une semaine). Chez le singe, la lésion – à dose identique – est plus rapidement réversible. À 15 %, la douleur est aiguë et - sans lavage oculaire immédiat - s’accompagne d’une hémorragie de la conjonctive et du nez, d’un œdème de la conjonctive. La cornée devient vitreuse, il y a un léger hématome ; la lésion est partiellement réversible en 2 à 3 semaines (séquelles).

Exposition chronique

Jusqu’à 4 000 mg·l-1, l’hypochlorite de sodium ingérée via l’eau de boisson n'influe pas sur la survie de rats, de souris (jusqu’à 2 754 mg·l-1) ou de cobaye (50 mg·l-1) expérimentalement exposés, mais des effets génotoxiques semblent possibles (démontrés chez la souris). Une étude montre aussi que les rats boivent moins d'eau quand elle est assez fortement javellisée, les plus jeunes grossissant légèrement.

D'éventuels effets sur la fertilité sont discutés :
On n'a mesuré aucun effet chez le rat mâle ou femelle, mais chez la souris, à forte dose, il induit des anomalies spermatiques (Génotoxicité envisagée chez l'Homme). Des rats exposés durant 2,5 mois (avant et lors de la gestation) via 100 mg·l-1 dans leur eau de boisson, ont produit des fœtus lègèrement moins lourds, et présentent une légère augmentation d'anomalies (squelette et tissus mous), mais une exposition sur 7 générations n’a pas prouvé d’effet sur la croissance ni sur la survie.

Valeur limite

En 2006 (source INRS), aucun seuil n’avait été établi pour l’hypochlorite de sodium par l’Union Européenne, ni par la France (ministère chargé du Travail), ni par les États-Unis (ACGIH) ni par l’Allemagne (MAK).

Écotoxicologie

L'eau de Javel est un puissant biocide nécessitant des précautions pour sa manipulation et pour éviter les rejets de ce produit dans la nature. Les eaux javellisées et extraits concentrés de Javel oxydent la matière organique qu'elles rencontrent en étant susceptible de produire des organochlorés toxiques et de nombreux produits de dégradation (chlorures) et métabolites lorsqu'elle a été ingérée par des animaux ou autres organismes aquatiques. L'effet toxique sur la faune est donc persistant en se transmettant via la chaîne alimentaire. Ces transformations seraient cancérigènes et mutagènes. L'eau de Javel, au contact de l'air, se décompose lentement (à température ambiante, plus rapidement au soleil et/ou exposée à la chaleur, ou en contact avec des métaux) en formant des chlorates et du chlorure de sodium, en libérant du dioxygène selon les réactions :

3 NaClO ⇒ NaClO3 + 2 NaCl
2 NaClO ⇒ 2 NaCl + O2

De nombreux métaux (dont le cuivre (souvent utilisé pour les tuyauteries), le nickel et leurs alliages) peuvent avoir un effet catalytique et accélérer la décomposition de l'eau de Javel.

L'eau de Javel utilisée pour la désinfection des sols ou des WC est présente via les effluents domestiques des bâtiments tertiaires ou industriels dans les égouts et dans certaines stations d'épuration, où elle perd rapidement son pouvoir oxydant en raison de la grande quantité de matière oxydable qui y est présente, mais elle pourrait contribuer à y sélectionner des organismes chlororésistants ou produire des métabolites indésirables.
En raison de son action corrosive et super-oxydante, tout rejet accidentel ou chronique direct en milieu naturel peut avoir des conséquences écotoxicologiques locales (Le plancton est par exemple très sensible à de faibles doses de chlore). L'incinération de matières organiques contenant de l'eau de Javel active devrait être évitée en raison du risque de production d'organochlorés stables tels que furanes et dioxines.

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