Duchesse Anne (trois-mâts carré) - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Duchesse Anne
Le Duchesse Anne, façon nuit américaine, devant leMusée portuaire de Dunkerque face à l'Hôtel de ville
Gréement : Trois-mâts carré à 5 vergues; huniers et perroquets volants; petite brigantine. Mâts en 3 parties
Débuts : 17 mars 1901
Longueur hors-tout : 92 m
Longueur de coque : 78 m
Maître-bau : 11,90 m
Tirant d’eau : 5,45 m
Déplacement : 1 630 T
Voilure : 2 060 m²
pour 25 voiles et 3 focs
Architecte : Dr.-Ing. h. c. Georg Wilhelm Claussen
Équipage : 15/20 encadrants
et 130/200 cadets et élèves
Tonnage : 1 260 Tjb (721 Tjn)
Vitesse : 14 nœuds
Motorisation : non
Chantier : Johann C. Tecklenborg (Bremerhaven)
Armateur : Deutscher Schulschiff Verein Allemagne Allemagne,
puis Marine française,
Ville de Dunkerque
France France
Port d’attache : Elsfleth, (Allemagne),
puis Lorient, Brest, Dunkerque (Localisation sur wikimapia)

Le (ou la) Duchesse Anne, ex-Grossherzogin Elisabeth, est aujourd'hui le seul et dernier trois-mâts carré français. Il est construit en 1901, avec une coque en acier, par le chantier Johann C. Tecklenborg de Bremerhaven-Geestemünde (Brême) selon les plans dessinés par son célèbre directeur Georg W. Claussen. Encore aujourd'hui, il est considéré comme un chef-d’œuvre notamment en raison de la forme profilée et de l'équilibre général du navire qui ménagent un espace habitable d'une grande capacité tout en innovant côté sécurité. Le Duchesse Anne a d'ailleurs trois sister-ships et de nombreux « cousins » ().

Ancien navire-école de la marine marchande allemande, passé sous pavillon de la Marine nationale française comme dédommagement de guerre, basé à Lorient et Brest sans reprendre la mer, il a échappé de peu à la démolition, grâce notamment à l'opiniâtreté de quelques passionnés dans les années 1970. Après une très longue restauration pour lui faire retrouver son état d'origine et lui conserver son authenticité de navire-école, c'est aujourd'hui un bateau musée, visitable dans le port de Dunkerque et utilisable pour l'événementiel. C'est le plus grand voilier français préservé mais il est définitivement à quai, ce qui explique en grande partie, malgré son pedigree, qu'il soit moins connu du grand public que le Belem qui bénéficie de la médiatisation des rassemblements de gréements traditionnels.

La Duchesse Anne fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 5 novembre 1982.

Historique du Duchesse Anne

Voilier école allemand pendant 37 ans

L'âge d'or d'un voilier modèle

Initialement sous pavillon allemand, le voilier porte alors le nom de « Grossherzogin Elisabeth » (Grande Duchesse Elisabeth) en l'honneur de sa marraine la Duchesse d'Oldenbourg qui, parce qu'elle était souffrante, ainsi que son époux, ne put cependant être présente le jour du lancement, le 7 mars 1901. Son époux, le Grand Duc d'Oldenbourg présidait l'association des voiliers écoles allemands (Deutscher Schulschiff Verein) qui s'était constituée pour armer ce type de voiliers, dont le Grossherzogin Elisabeth était le premier exemplaire commandé d'une lignée jumelle qui comportera quatre navires au total (auquel s'ajoutera de manière éphémère un bâtiment qui fut racheté en 1928).

Ce trois-mâts à coffre fut sans doute l'un des premiers navires écoles à avoir été conçu et aménagé dans ce seul but et il servira de modèle à plusieurs navires écoles des marines de guerre et de commerce construits ultérieurement en Allemagne. Initialement prévu comme cinq mâts, il fut gréé finalement en classique trois-mâts à cinq phares carrés et revêtu de la couleur blanc cassé, typique des voiliers-école allemands.

Sa conception est remarquable et ses équipements, modernes pour l'époque et ce type de bateau : les roufs, les bas-mâts et la coque sont en acier rivetés et soudés ; cinq cloisons transversales compartimentent le navire de la quille au pont supérieur en six espaces étanches, lui assurant de bonnes chances de conserver sa flottabilité en cas de voie d'eau importante; une chaudière à vapeur autorise le chauffage

Le Grossherzogin Elisabeth (futur Duchesse Anne), de trois-quart arrière, remontant l'Elbe (Peinture de Hans Bohrdt)

des logements, ainsi que la production de vapeur nécessaire au fonctionnement des pompes et aux bouilleurs fournissant l'eau potable (5000 litres/jour pour des cuves de 100 000 litres); ultérieurement, la radio sera installée à bord (vers 1910), puis, l'électrification du navire, un écho-sondeur et une chaudière d’eau chaude suivront en 1921; l'architecture générale et l'agencement intérieur sont spécialement conçus pour accueillir jusqu'à deux cents cadets, l'équipage et son commandement (Cf. ).

Il aura coûté 450 000 DM de l’époque ; ce montant élevé se justifiant par la qualité supérieure des matériaux employés (tôle de bordés en acier Siemens de 12 mm, pont en pin d’Orégon de 9 cm et différentes installations relatives à la sécurité).

Le voilier est initialement placé sous le commandement du capitaine Rüdiger (Cf. liste des ). L'équipage comprend vingt hommes, parmi lesquels un officier, six sous-officiers et sept matelots chargés de l'encadrement des jeunes élèves (soit initialement 32 aspirants et 99 apprentis mousses).

Le navire est en effet affecté à la formation d'officiers et de marins de la marine marchande; que des hommes !. À partir d'Elsfleth, son port d'attache (bien qu'il soit immatriculé à Oldenbourg), il effectue régulièrement ses voyages de formation, l'été en Mer Baltique et, l'hiver, vers les eaux chaudes de l'Afrique et de l'Amérique du Sud. On escomptait que les cadets et les élèves y apprennent la mer et la vie commune dans un espace restreint. Ils suivaient un enseignement où alternaient les cours pratiques (navigation, maniement du bateau, matelotage...) et les cours théoriques (allemand, géographie...). Toutefois, cet enseignement de masse sur un navire-école est parfois critiqué comme étant trop proche de la marine de guerre et fort éloigné de l'apprentissage sur un cargo classique. Les conditions sont rudes et Jean-louis Molle relate dans son ouvrage, témoignages à l'appui, la discipline toute germanique qui imprègne la formation, dont les résultats finissent néanmoins par convaincre les sceptiques. L'examen final des futurs matelots a lieu début avril sur l'Elbe et se termine par une parade qui enthousiasme les personnalités et les familles qui, par ailleurs, supportent en général la moitié des frais de la formation.

Dès après son lancement, l’empereur Guillaume II qui avait personnellement subventionné l'association, visitera le navire en juillet 1901 lors d’une escale à Travemünde (port de Lübeck). En 1903, le voilier recevra également la visite du Tsar de Russie, Nicolas II, lors d'un voyage à Saint-Pétersbourg.

Un destin qui bascule lors des deux conflits mondiaux

Au moment de la première Guerre mondiale, il est désarmé et mis à l'abri, avec son sister-ship Prinzess Eitel Friedrich, à Stettin jusqu'à la fin du conflit, tandis que venait d'être lancé par l'association le Grossherzog Friedrich August. Ce dernier et le Prinzess Eitel Friedrich seront cédés aux vainqueurs à l'issue du conflit. La duchesse reste donc après guerre le seul bateau de l'association mais l'avenir incertain de la marine à voile fait qu'il ne reprend son service qu'en 1921, après qu'un nouveau règlement de la marine marchande, auquel correspond un nouveau programme d'instruction, rend nécessaire cette reprise. Un autre voilier, rapidement défaillant, est même racheté et la construction d'un autre bâtiment jumeau est entreprise. Ce sera le Schulschiff Deutschland.

Le trois-mâts en 1913, au temps de la Grande Duchesse Elisabeth, toutes voiles dehors (Extrait de l'ouvrage de J.-L. Molle - Cf. )

Cependant le voilier pourtant confirmé ne cesse de rencontrer des problèmes. En 1926 il perd une partie de son mât de misaine dans une violente tempête en Atlantique Nord. À l'été 1927 se déclare un cas de typhus à bord. En 1928, il est gravement endommagé par un incendie. En 1931, il entre en collision avec un cargo britannique nommé L'Evermore. Le trois-mâts connaît aussi des moments heureux comme en juillet 1930, lors de sa rencontre au sommet avec le dirigeable Graf-zeppelin. Mais le développement de la marine à vapeur qui, mis à part les encadrants, n'a pas besoin de personnel de mer qualifié aggrave partout la crise de la marine marchande à voile. En 1931/1932 il effectue son dernier voyage dans la Baltique en essuyant une rude tempête au cours de laquelle il est frappé par la foudre au beaupré.

L'association désarme le voilier, qui est le plus ancien de ses deux navires-école, en 1932. Il est alors vendu à l'école de navigation de Hambourg, où il est encore utilisé comme navire-école à point fixe, y compris pendant la seconde Guerre mondiale. Il reçoit d'ailleurs une nouvelle voilure en juillet 1939. Le pont est blindé dès 1942.

À la fin du conflit, début septembre 1944, le "Grossherzogin Elisabeth" est cependant remorqué par précaution vers Wismar où l'instruction se poursuit, puis, après les bombardements d'avril 1945 et avant l'arrivée des troupes russes, on prévoit de le mettre à l'abri en rade de Fehmarn. Il est attaqué et touché par l'aviation britannique lors de son remorquage le 5 mai 1945. L'épouse du commandant est grièvement blessée. Abandonné par son équipage, il est saisi ce même mois de mai par l'armée britannique, puis conduit à Neustadt pour être confié à la Royal Navy.

Il aura donc été plus de 44 ans sous pavillon de la marine allemande, dont environ 37 ans d'activité effective comme navire-école et seulement 24 ans à sillonner les mers régulièrement. Auparavant, l'équipage allemand avait eu cependant à cœur de faire les réparations les plus urgentes « par reconnaissance » envers leur prestigieux navire.

Un butin de guerre sauvé de l'abandon

Un navire sous-employé et oublié en Bretagne

Au même titre que six autres navires allemands, le trois-mâts sera rétrocédé en 1946 à la France en compensation des dommages de guerre à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Il est ainsi remis le 15 août 1946 à Kiel au commandant de la frégate des Forces navales françaises libres « la Surprise » qui lui fait passer le canal de Kiel, seul passage non miné, et le conduit jusqu'en rade de Cuxhaven. En passant par Portsmouth et Torquay, le voilier est alors remorqué jusqu'à Brest, puis un mois plus tard vers Lorient par le remorqueur l'Éléphant où il arrive le 17 octobre, en partie démâté (la mâture haute avait été déposée pour passer sous les ponts du canal de Kiel), et légèrement enfoncé (après un choc avec un liberty-ship devant Cap Gris-Nez).

Une idée de l'état déjà critique du voilier lorsqu'il était à Brest sur la Penfeld en mars 1977, avant son appareillage pour Lorient (Collection J.-L. Molle)

Le 26 novembre 1946, il est rebaptisé « Duchesse Anne » en l'honneur d'Anne de Bretagne, sur proposition du commandant de la marine de Lorient, le contre-amiral Barthes, au moment même où vient de s'achever le tournage au large de Nantes et de Saint-Malo d'un film censé se dérouler sur un trois-mâts "Duchesse Anne" (Cf. ). Cependant, bien qu'il y ait eu, semble t-il, le projet de le transférer à la marine marchande comme navire école, la Marine nationale ne sait qu'en faire et le trois-mâts ne reprendra pas la mer, servant d'appoint ici ou là, notamment pour le logement, compte tenu des besoins consécutifs aux destructions de la guerre. À Lorient, il abrite les équipages de sous marins à la base de Kéroman jusqu’en août 1947. Il fait ensuite office de dortoir pour colonie de vacances en août 1947 et juillet 1948, et passant du « ponton de la Martinière » au « Scorff », de caserne pour l’équipage du Brazza et de ponton jusqu'en 1951 où il est placé en réserve spéciale.

Entre temps, ce qui reste de la mâture haute et les vergues sont démontées sans précautions en 1949. La vieille coque qu'il est devenu est ensuite remorquée à Brest à nouveau par l’Éléphant (il convoiera aussi le Belem en 1980) pour être réaffecté comme bâtiment base à l’école de pilotage, annexe du Croiseur Tourville, « quai des Flottilles », puis à couple du groupe école Richelieu en 1956. Rapidement, il ne sert plus qu'épisodiquement que comme dortoir, change d'emplacement plusieurs fois et sa dégradation est à l'unisson du désintérêt qu'il suscite. Désarmé en 1959, il est d'ailleurs proposé à la démolition en 1960 et désimmatriculé et débaptisé en 1966. Entre temps, le projet du Père Jaouen de le faire naviguer de nouveau pour servir la réinsertion des jeunes délinquants a échoué.

Pourtant, le navire sera encore utilisé sporadiquement jusqu'en août 1968 pour la formation de jeunes. Ainsi, de 1960 à 1967 par l'association « Jeunesse et Marine » qui finalement n'obtient pas le transfert - trop risqué - du navire à Lorient pour y pérenniser son utilisation, comme le souhaitait le fondateur de l'association, Yves Mesnard. Des scouts marins de la « 9ème Brest » y séjournent également. Toujours à couple du cuirassé Richelieu, il héberge quelques mois les classes de l'école de manœuvre de ce dernier avant qu'elles ne rejoignent des locaux neufs. Le voiler est ensuite définitivement oublié dans un coin du port de Brest à la dégradation du temps. Il n'attend plus que sa vente à la ferraille.

De nombreux nostalgiques de vieux voiliers se mobilisent néanmoins pour sauver le vieux trois-mâts, parmi lesquels le commandant Luc-Marie Bayle, directeur du musée national de la Marine. Le mouvement est relayé par la presse régionale et nationale en 1972. Mais les projets et les déceptions se succèdent, notamment par deux fois avec la ville de Saint-Malo. En 1975-76, concomitamment à l'émission d'un timbre-poste en son honneur, faussement prometteur (), le projet avorté de musée de l’Atlantique à Port-Louis (à l'embouchure de la rade de Lorient) sauve néanmoins ce qui reste du voilier de la démolition. Il subit ainsi un premier carénage à Brest, puis appareille en 1977 avec le remorqueur Laborieux pour l’arsenal de Lorient où il est de nouveau laissé à l'abandon dans le fond du port à la D.C.A.N. suite à l'échec du projet le concernant.

Le sauvetage par les Dunkerquois

Quatre ans plus tard, il est finalement racheté pour le franc symbolique par la ville de Dunkerque en 1981, représentée par son maire Claude Prouvoyeur. Ainsi se concluent 35 années passées sous pavillon de la marine nationale française.

Après un carénage sommaire il est acheminé par la Marine nationale, avec le soutien de deux remorqueurs (le Chamois et le Laborieux), vers son nouveau port d'attache, Dunkerque, où il arrive le 10 septembre 1981.

Le Duchesse Anne en restauration en cale sèche après son déblaiement. Ici, le remplacement des tôles à bâbord arrière en 1997 (Photo J.-L. Molle)

Le voilier est alors dans un état général pitoyable proche d'une épave et son sauvetage est loin de faire l'unanimité. Il est grossièrement démâté, rongé par la rouille et avait été pillé en grande partie. L'intérieur n'est plus qu'un dépotoir, rempli de détritus, de roches, de gueuses de fonte et de ciment. L'un des seuls vestiges intacts restant de son époque flamboyante est la cloche de quart, qui sera rapatriée de Brest ultérieurement.

Suite à l'invitation du maire, l'association Les Amis de la Duchesse Anne se constitue alors en mars 1982 sous la présidence de Benoît Venturini pour entreprendre sa restauration, avec le soutien de la municipalité et de nombreuses personnalités du monde maritime, dont notamment celui du commandant Luc-Marie Bayle (précité), accompagné du commandant Jean Randier qui s'est déjà occupé de la restauration du Belem à Paris. À partir de 1982, principalement quai des Hollandais, le voilier est ainsi déblayé, le plus souvent à la main, puis soigneusement et patiemment remis en état sous la direction bénévole du commandant Michel Danioux auquel succède à partir de 1989, en raison de la complexité technique du chantier, Alain Bryche (ingénieur en chef du service infrastructure de la ville de Dunkerque), dans l'optique d'en faire plutôt un bateau musée lorsqu'il aura retrouvé tout son lustre.

Mais le temps de restauration initialement prévu pour trois ans et le coût des travaux estimé à quatre millions de francs avaient largement été sous-évalués compte tenu de l'état réel du voilier. Celui-ci ne réclame pas seulement une restauration mais pas loin d'une reconstruction.

La majestueuse proue du Duchesse Anne partiellement reconstituée par R. Blaevoet, permanent du bord lors de la restauration (Photo J.-L Molle)

Ainsi, d'innombrables problèmes techniques et une succession de mauvaises surprises s'accumuleront, occasionnant autant de retards, le chantier devant également trouver en réponse de nombreux partenariats financiers : ceux de l'État, de la Région du Nord-Pas-de-Calais, du Département du Nord, de la Ville puis de la Communauté urbaine de Dunkerque qui finalement deviendra de facto propriétaire du trois-mâts ; sans compter, la solidarité de nombreuses entreprises locales, l'intervention des stagiaires des Compagnons du devoir et du lycée professionnel qui intervinrent souvent gracieusement, ainsi que des manifestations destinées à soutenir l'intérêt populaire en faveur du trois-mâts, comme une régate en son honneur (Cf. ). Entre temps, l'association avait obtenu le classement aux monuments historiques en novembre 1982 pour faciliter l'octroi de subventions.

Une fois globalement restauré dans le respect des traditions (Cf. ), remâté et repeint fraîchement dans ses couleurs d'origine (blanc, vert, marron et jaune), le Duchesse Anne est remorqué le 22 août 1998 par les remorqueurs Attentif et Allègre, sous les applaudissements du public massé sur les quais, en présence du nouveau maire de Dunkerque, Michel Delebarre, jusqu'à sa destination finale, devant le Musée portuaire de Dunkerque, où lui seront encore apportées les dernières finitions.

Celles-ci prendront néanmoins encore plus de deux ans et demi, soit près de vingt années, au total, pour réhabiliter la vieille Duchesse.

Page générée en 0.022 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise