Dragon de Komodo - Définition

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Écologie

Gros-plan sur une patte arrière et la queue d'un dragon de Komodo.

Le dragon de Komodo apprécie les lieux chauds et secs et vit en général dans des zones de prairies, de savanes ou de forêts tropicales à basse altitude. En tant qu'animal poïkilotherme, il est plus actif dans la journée, même s'il présente une certaine activité nocturne. Il est très souvent solitaire, se rapprochant des autres seulement pour s'accoupler et manger. Il peut courir jusqu'à 20 km/h sur de courtes distances, plonger jusqu'à 4,5 mètres de profondeur, grimper dans les arbres lorsqu'il est jeune en utilisant ses griffes puissantes. Pour attraper des proies hors de portée, il peut se dresser sur ses pattes arrière en utilisant sa queue comme point d'appui. Lorsque le dragon de Komodo arrive à l'âge adulte, il utilise les griffes de ses pattes antérieures afin de creuser des galeries qui peuvent atteindre 1,3 mètre de large. En raison de sa grande taille et de son habitude de dormir sous terre, il est capable de conserver la chaleur de son corps tout au long de la nuit et de minimiser sa période de réchauffement matinale. Le dragon de Komodo chasse généralement l'après-midi, mais reste à l'ombre dans les racines traçantes d'un arbre pendant les heures les plus chaudes de la journée. Ses lieux de repos sont généralement situés sur des corniches balayées par une brise de mer fraîche, marquées par ses déjections et débarrassées de toute végétation. Elles servent également d'emplacements stratégiques à partir desquels ils peuvent tendre une embuscade à un cerf.

Régime alimentaire

Dragons de Komodo sur l'île de Rinca

Les dragons de Komodo sont carnivores. Les adultes, bien qu'ils se nourrissent essentiellement de charognes, peuvent également tuer des proies dont ils s'approchent furtivement. Arrivés à proximité de leur proie, ils attaquent soudainement et la mordent au ventre ou à la gorge ou, si elle n'est pas de trop grande taille, lui brisent la colonne vertébrale d'un coup de gueule. Ils sont en mesure de localiser leurs proies en utilisant leur sens de l'odorat très développé (la langue, voir plus haut) ; celui-ci leur permet de localiser un animal mort ou mourant à une distance de plusieurs kilomètres. On a vu des varans de Komodo assommer des cerfs ou des porcs d'un coup de queue.

Les dragons de Komodo mangent en déchirant de grands morceaux de chair qu'ils avalent tout en maintenant la carcasse avec leurs pattes avant. Pour des proies plus petites -jusqu'à la taille d'une chèvre-, leurs mâchoires élastiques, leur crâne souple et leur estomac extensible leur permettent d'avaler l'animal tout entier. Ils évitent de consommer les végétaux contenus dans l'estomac et les intestins de leurs proies. Ils produisent une grande quantité de salive qui leur permet de lubrifier leur nourriture, mais la déglutition est toujours un processus long (il leur faut 15 à 20 minutes pour avaler une chèvre entière). Ils peuvent en accélérer le déroulement en appuyant la carcasse contre un arbre pour la forcer à s'enfoncer dans leur gorge, poussant parfois avec une telle force que l'arbre tombe. Pour ne pas s'étouffer en avalant leur proie, ils respirent à l'aide d'un conduit placé sous la langue et relié aux poumons. Après avoir mangé jusqu'à 80 pour cent de leur propre poids en un repas, ils s'installent dans un endroit ensoleillé pour accélérer la digestion, afin d'éviter que la nourriture ne pourrisse et les empoisonne. En raison de leur métabolisme lent, les grands dragons peuvent survivre grâce à 12 repas par an. À la fin de la digestion, les dragons de Komodo régurgitent les cornes, poils et dents de leurs proies (bézoard) entourés d'un mucus malodorant. Après s'être débarrassé de ces phanères indigestes, ils se frottent la gueule dans la terre ou sur les buissons environnants pour se débarrasser du mucus, ce qui donne à penser qu'ils n'apprécient guère l'odeur de leurs propres déjections.

Jeune dragon de Komodo photographié sur l'île de Rinca en train de se nourrir de la carcasse d'un buffle.

Les plus gros dragons mangent généralement en premier tandis que les plus petits suivent dans un ordre hiérarchique. Le plus grand des mâles affirme sa position dominante et les subalternes affichent leur soumission par des attitudes corporelles, des sifflements et des grondements. Les dragons de même taille peuvent avoir recours à la "lutte". Généralement, les perdants battent en retraite mais ils peuvent aussi être tués et mangés par les vainqueurs.

Le dragon de Komodo a un régime alimentaire très varié, qui comprend des invertébrés, d'autres reptiles (y compris des petits dragons de Komodo), des oiseaux, des œufs d'oiseaux, de petits mammifères, des singes, des sangliers, des chèvres, des cerfs, des chevaux et des buffles. Les jeunes dragons mangent des insectes, des œufs, des geckos et de petits mammifères. Parfois, ils s'attaquent à l'homme (surtout aux enfants qui vivent à proximité et oublient le danger) et aux cadavres humains en creusant les tombes pour les déterrer. Cette habitude de s'attaquer aux morts a obligé les villageois de Komodo à déplacer leurs tombes des sols sablonneux vers des sols argileux et en les couvrant de tas de pierres pour dissuader les dragons de creuser. Le dragon de Komodo pourrait avoir évolué vers le gigantisme pour se nourrir de l'éléphant nain local, le Stégodon aujourd'hui disparu qui vivait sur l'île de Flores il y a encore 12 000 ans, selon le biologiste évolutionniste Jared Diamond. Le dragon de Komodo a également été observé surveillant les biches parturiantes dans l'espoir de récupérer les restes qu'ils pourront manger, une technique qui a également été observée chez les grands prédateurs d'Afrique.

Parce que le dragon de Komodo ne dispose pas de diaphragme, il ne peut pas aspirer l'eau pour la boire ni la lapper avec sa langue. Il recueille l'eau dans sa gueule puis relève la tête pour la faire couler dans sa gorge.

Venin et bactéries

Un dragon de Komodo en plein sommeil. Notez les longues griffes incurvées qui lui servent à se battre et à s'alimenter.

Fin 2005, des chercheurs de l'université de Melbourne sont arrivés à la conclusion que le varan Perenti (Varanus giganteus), d'autres espèces de varans et certains Agamidae pouvaient être légèrement venimeux. L'équipe de chercheurs a démontré que les effets immédiats des morsures de ces reptiles étaient causés par une envenimation locale. En observant les effets des morsures de doigts chez l'être humain par un varan bigarré (V. varius), un dragon de Komodo et un Varanus scalariset, on a constaté pour les trois types de morsure la survenue de symptômes similaires : apparition rapide d'un œdème du bras, perturbation de la coagulation sanguine locale, douleurs s'étendant au coude, certains des symptômes persistant plusieurs heures. On suppose que tous les reptiles, venimeux ou non, y compris les serpents, ont en commun un ancêtre venimeux.

La salive des dragons de Komodo est particulièrement riche en bactéries nocives ; plus de 28 souches gram-négatif et 29 souches Gram-positif ont été isolées. Si les premières morsures ne la tuent pas et si la proie s'échappe, ces bactéries vont provoquer une septicémie qui aboutira au décès de l'animal en moins d'une semaine. Les ou les varans en groupe vont pister l'animal malade, l'achever s'il est petit ou attendre sa mort s'il est plus gros. La bactérie la plus nocive dans la salive du dragon de Komodo semble être, selon des études faites sur des souris de laboratoire, une souche très pathogène de Pasteurella multocida. Il n'existe pas d'antidote spécifique à la morsure d'un dragon de Komodo (pas d'anti-venin), mais on peut généralement traiter la plaie par nettoyage de la zone blessée et par administration de fortes doses d'antibiotiques. Si la plaie n'est pas traitée au plus tôt, une nécrose locale peut rapidement se développer, pouvant nécessiter l'exérèse de la zone nécrosée, voire l'amputation du membre touché. Le dragon de Komodo semblant à l'abri de ses propres microbes, des recherches ont été faites pour découvrir la ou les molécules antibactériennes que possèderait l'animal, dans l'espoir d'une application médicale.

Reproduction

Les varans de Komodo s'accouplent entre mai et août et la ponte des œufs a lieu en septembre. Durant la saison des amours, les mâles s'affrontent pour la conquête des femelles et d'un territoire en se dressant sur leurs pattes postérieure, puis en maintenant le plus faible au sol. Les mâles peuvent vomir ou déféquer lors de leur préparation au combat. Le vainqueur de la lutte ira alors lécher la femelle de sa langue pour obtenir des informations sur sa réceptivité sexuelle. Les femelles sont opposantes et résistent avec leurs griffes et leurs dents au cours des premières phases de la cour. Par conséquent, le mâle enserre la femelle pendant le coït pour éviter d'être blessé. Une autre méthode de cour consiste pour le mâle à frotter son menton sur la femelle, à lui gratter fort le dos et à la lécher. La copulation se produit lorsque le mâle insère l'un de ses hémipénis dans le cloaque de la femelle. Les dragons de Komodo sont monogames et forment des couples, un comportement rare chez les reptiles.

Sur cette image, on voit bien la longue queue et les griffes du dragon de Komodo.

La femelle pond ses œufs dans des terriers à flanc de colline ou dans les nids abandonnés de mégapodes de Reinwardt avec une préférence pour la seconde méthode. Les portées contiennent une moyenne de 20 œufs qui ont une période d'incubation de 7 à 8 mois. La femelle se place sur les œufs pour les couver et les protéger jusqu'à ce qu'ils éclosent vers le mois d'avril, à la fin de la saison des pluies, lorsque les insectes sont nombreux. L'éclosion est un effort épuisant pour les jeunes varans, qui sortent de leur coquille en la perçant avec leur diamant (une petite excroissance pointue sur le museau qui disparaît peu après). Après avoir cassé leur coquille, les nouveau-nés doivent se reposer pendant des heures avant de sortir du nid. Ces petits sont sans défense, et nombreux sont ceux qui sont mangés par des prédateurs.

Les jeunes dragons de Komodo passent une grande partie de leurs premières années dans les arbres, où ils sont relativement à l'abri des prédateurs, y compris des adultes cannibales, pour qui les jeunes dragons représentent 10% de l'alimentation. Selon David Attenborough, l'habitude de cannibalisme peut être avantageuse dans le maintien de la grande taille des adultes. Quand les jeunes sont menacés par un adulte, ils s'enduisent de matières fécales ou se cachent dans des intestins d'animaux éviscérés afin de se protéger. Il faut environ trois à cinq ans aux dragons de Komodo pour arriver à maturité, et ils peuvent vivre jusqu'à 50 ans..

Parthénogenèse

Un dragon

Un dragon de Komodo femelle du zoo de Londres, nommé Sungai, pondit des œufs à la fin de 2005 après avoir été prêté par le zoo de Thoiry et séparé de la compagnie de tout mâle depuis plus de deux ans. Les scientifiques avaient d'abord cru qu'elle avait été en mesure de stocker le sperme de sa première rencontre avec un mâle, un type particulier de superfécondation. Le 20 décembre 2006, Flore, un autre dragon de Komodo vivant en captivité au zoo de Chester en Angleterre, fut le deuxième dragon de Komodo à pondre des œufs non fécondés : elle a pondu 11 œufs, 7 d'entre eux ont éclos, tous des mâles. Les scientifiques de l'Université de Liverpool en Angleterre effectuèrent des tests génétiques sur trois œufs avortés après les avoir placés dans un incubateur et vérifièrent que Flore n'avait eu aucun rapport sexuel avec un dragon mâle. Après cette découverte sur les œufs de Flore, les tests sur ceux de Sungai confirmèrent qu'ils n'avaient pas non plus été fécondés.

Bébé dragon de Komodo parthénogénétique du zoo de Chester.

Les dragons de Komodo sont porteurs de chromosomes sexuels WZ contrairement aux mammifères porteurs du système XY. Dans ce système, les mâles possèdent deux chromosomes sexuels ou gonosomes ZZ identiques, alors que la femelle a deux gonosomes différents WZ. On suppose à l'heure actuelle qu'au moment de la deuxième division de la méiose, lors de l'anaphase, les chromosomes simples brins restent dans un des deux ovocytes, le second dégénérant de sorte que les individus seront porteurs des mêmes gonosomes WW ou ZZ. Or les individus WW ne sont pas viables, le chromosome W étant déficient en un certain nombre de gènes indispensables à la vie (un peu comme le YY) et donc seuls les individus ZZ (des mâles) seront viables

On suppose que ce mode de reproduction permet à une femelle vivant seule dans une niche écologique isolée d'assurer sa descendance dans un premier temps par parthénogénèse en lui permettant de donner la vie à de futurs mâles reproducteurs, dans un deuxième temps en s'accouplant avec les mâles procréés d'obtenir une nouvelle génération possédant mâles et femelles. Malgré les avantages d'une telle adaptation, les zoos ont été avertis que la parthénogenèse pouvait être préjudiciable à la diversité génétique de l'espèce.

Le 31 janvier 2008, le zoo du comté de Sedgwick à Wichita, au Kansas, est devenu le premier zoo américain à observer une reproduction par parthénogenèse de dragons de Komodo. Le zoo a deux femelles adultes de dragons de Komodo, l'une d'elles a pondu 17 œufs les 19 et 20 mai 2007. Seuls deux œufs ont été incubés et ont éclos pour des questions de place, le premier est né le 31 janvier 2008, tandis que le second est né le 1er février. Les deux nouveau-nés étaient des mâles.

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