Djerba - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Démographie

Les habitants de Djerba, les Djerbiens, sont en 2004 au nombre de 139 517, répartis sur trois délégations qui correspondent à trois municipalités aux fonctions très différentes :

  • Djerba-Houmt Souk, la ville de Houmt Souk étant considérée comme la « capitale » de l'île avec 44 555 habitants (64 892 habitants pour l'ensemble de la municipalité) ;
  • Djerba-Midoun, la ville de Midoun qui constitue le centre le plus proche des activités touristiques compte 30 481 habitants (50 459 pour l'ensemble de la municipalité) ;
  • Djerba-Ajim, la ville d'Ajim, plus en retrait par rapport à la dynamique insulaire, compte 13 950 habitants (24 166 habitants pour l'ensemble de la municipalité).

Ces délégations correspondent à trois municipalités : Djerba Houmt Souk, Djerba Midoun et Djerba Ajim.

Municipalité Arrondissement Population (2004)
Djerba Houmt Souk Houmt Souk 44 555
Erriadh 11 268
Mellita 9 069
Djerba Midoun Midoun 30 481
El Mey 9 131
Sedouikech 6 280
Beni Mâaguel 4 567
Djerba Ajim Ajim 13 950
Guellala 10 216
Sources : Institut national de la statistique

Les habitants de l'île sont principalement arabophones même s'il s'y trouve une grande communauté berbérophone (Kutamas, Nefzas, Hawwaras, etc.). La plus grande partie de l'île est occupée par des villages d'origine berbère comme Mezraya, Ghizen, Tezdaine, Wersighen, Sedouikech, Ajim et Guellala qui parlaient le tamazight, appelé également chelha, langue aux consonnances explosives où la lettre « t » revient presque à chaque mot. La tradition berbérophone est maintenue surtout par les femmes. Il existe par ailleurs une petite et très ancienne communauté juive « pétrifiée dans les traditions hébraïques les plus anciennes » et qui descendrait des exilés de Jérusalem. Elle a vécu en vase clos pendant des millénaires.

Une communauté d'origine arabe se serait installée à Djerba lors de l'invasion des Hilaliens. Djerba compte aussi une importante communauté noire musulmane arabophone d'origine principalement soudanaise, installée surtout à Arkou, non loin de Midoun. Une communauté originaire du sud de la Tunisie (région de Beni Khedache) vit dans son propre quartier à Houmt Souk, Houmet Ejjoumaâ ou Chouarikh, et s'habille différemment des autres Djerbiens (en particulier les femmes) :

« Ainsi, dans cette île-carrefour, les populations berbères, judéo-berbères, arabes, africaines islamisées, nègres, quelques Turcs et même de vieux pêcheurs maltais se sont donnés rendez-vous et ont vécu en bons termes mais sans se mélanger. La barrière religieuse, malgré la proximité des races, a constitué un obstacle quasi-infranchissable et les mariages, par leur caractère endogamique, ont permis de maintenir une certaine homogénéité ethnique. »

Dans son livre intitulé Djerba. L'île des Lotophages, Salah-Eddine Tlatli parle des « caractères ethniques » des Djerbiens « qui définissent un type humain à part en Afrique du Nord [...] La forme de leur crâne et leur taille : un crâne globuleux, massif, laissant à découvert un front bombé, limité par d'épais sourcils et des bosses pariétales accusées [...] Le corps est assez petit, trapu, musclé, avec de larges épaules [...] contraste avec les populations voisines. Les israélites ont des crânes plus allongés d'où la conclusion qu'il ne s'agit pas de Djerbiens judaïsés ». Charles-André Julien reprend la classification de la population de la Berbérie orientale de Bertholon et Chantre et parle du type de Djerba comme de « petite taille, brachycéphale, mesorhinien, à ceveux bruns, yeux foncés, peau bistre en pigment jaunâtre ».

La population nombreuse et l'insuffisance des ressources locales, à l'origine de crises liées le plus souvent à de mauvaises récoltes, ont contribué à la mise en place d'un processus migratoire saisonnier et temporaire mais devenu petit à petit structurel et définitif. La grande majorité des Djerbiens qui quittent leur île travaillent dans le commerce en raison de la position stratégique de leur lieu d'origine. Même si la grande majorité d'entre eux restent dans un premier temps en Tunisie, où ils détiennent une position dominante dans le commerce alimentaire et de détail, les réformes du ministre Ahmed Ben Salah menées dans les années 1960, qui regroupèrent le commerce de détail en coopératives, poussent les Djerbiens à émigrer majoritairement en Europe et plus spécifiquement dans l'agglomération parisienne. L'argent rapatrié par les Djerbiens vivant à l'étranger joue un rôle important dans l'économie de l'île. La migration des Tunisiens du continent (majoritairement originaires des gouvernorats du sud et du centre-ouest du pays) sur l'île s'est progressivement accrue et ces derniers représentent désormais près de 45 % des habitants et 60 % des actifs. Dans ce contexte, ils concurrencent progressivement les Djerbiens sur leur marché de l'emploi.

Compte tenu de l'espace limité, des maigres ressources de l'île et de la rigueur du rite ibadite, la tradition populaire veut que le Djerbien soit généralement connu comme un travailleur discipliné, rigoureux, parcimonieux et bon gestionnaire, de caractère plutôt réservé, calme et poli. Dans les familles ibadites, le fils même adulte ne fumait pas devant ses parents et la grand-mère gérait la famille d'une main de fer, ses fils, belles-filles et petits enfants lui devant obéissance. Frères et associés allaient faire du commerce à l'extérieur de l'île à tour de rôle afin que quelques hommes adultes restent travailler la terre avec les femmes, enfants et hommes âgés.

Page générée en 0.007 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise