Dépression (psychiatrie) - Définition

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Introduction

Las de la vie Peinture de Ferdinand Hodler (1892).

En psychiatrie le terme dépression (ou dépression nerveuse), du latin depressio, « enfoncement » est d'un usage relativement récent, c'est autour du XIXe siècle qu'il est apparu dans son usage psychologique,.

Il a progressivement et - en partie - supplanté le terme ancien de mélancolie qui est devenu « lypémanie » (« folie triste ») avec Esquirol (1819) puis à nouveau « mélancolie », réhabilité à la fin du 19ème avec Emil Kraepelin pour désigner les syndromes qu'on appelle aujourd'hui « dépression majeure » (troubles bipolaires, cyclothymie, etc.). Notons que Kraepelin l'entendait surtout dans le sens de psychose maniaco-dépressive avec l'alternance des phases maniaques ou hypomaniaques et dépressives.

Autant donc préciser d'emblée que tous ces termes sont souvent utilisés pour désigner des entités aux contours qui ne sont pas clairement établis. Si l'on ajoute que les pays où ils ont été utilisés n'ont pas tous la même tradition psychiatrique, que ce soit pour les terminologies ou la nature des troubles décrits on comprend qu'une certaine confusion règne qui n'a pas été totalement abolie par les nouvelles classifications internationales CIM ou américaine DSM. Il n'est donc pas banal ni totalement absurde de dire que la - ou les - dépressions en psychiatrie sont aujourd'hui ce que soignent les antidépresseurs et ceci même si c'est loin d'être satisfaisant du point de vue épistémologique! Roland Gori se demande comment on en est arrivé à la diffusion du diagnostic "déprimant" de dépression classé comme un des fléaux de santé du moment. Il interroge le fait qu'on en soit arrivé à un diagnostic qui selon lui est au moins autant en rapport avec les normes sociales qu'avec la réalité d'une entité réélle que serait la dépression: -un diagnostic "liquide" pour une civilisation "liquide" (...) Peut-être la notion molle de dépression n'est-elle que le cache misère de cette civilisation qui désavoue la valeur de la mélancolie ? se demande-t-il encore. Il poursuit en affirmant qu'au delà d'une pathologie, dans la mélancolie résident 'les fondements de la subjectivité de l'individu.

Définitions

(on peut retrouver ce thème sur wikipédia dans le chapitre Souffrance, section Psychologie)

Le terme recouvre actuellement et au moins trois significations : il peut se rapporter à un symptôme, un syndrome ou une entité nosologique, dans le langage actuel une maladie qui se manifeste par une perte de l'élan vital (lassitude, dépréciation de soi, pessimisme, etc.) qui entraîne notamment avec soi et les autres, l'entourage en particulier. Selon Henri Ey dans une définition qui reste totalement pertinente : « il 'agit d'un processus pathologique extrêmement complexe (...) De toute manière, soit comme conséquence soit comme simple association, on trouve ajoutés aux troubles de l'humeur deux autres phénomènes : "l'inhibition" et la "douleur morale" ». L'inhibition est « une sorte de freinage ou ralentissement des processus psychiques de l'idéation qui réduit le champ de la conscience et les intérêts, replie le sujet sur lui-même et le pousse à fuir les autres et les relations avec autrui. Subjectivement, le malade éprouve une lassitude morale, une difficulté de penser, d'évoquer (troubles de la mémoire), une fatigue psychique. (...) La douleur morale s'exprime sous forme d'auto-dépréciation qui peut devenir auto-accusation, auto-punition et un sentiment de culpabilité. » Les mécanismes biologiques, neuropsychiques, psychologiques, sociologiques de la dépression sont constamment en interaction et il n'est pas possible aujourd'hui de réduire la dépression à l'un d'eux exclusivement même si des progrès importants ont été réalisés ces dernières années. Le plus notable de ces progrès est donc que médecins et patients disposent maintenant de médicaments efficaces (antidépresseurs) qui agissent sur les effets de certaines dépressions mais sans par ailleurs pouvoir en atteindre les causes. Ces médicaments entraînent souvent par ailleurs des effets secondaires non-négligeables (prise de poids, baisse de la libido) qui rendent le médecin attentif à la balance « coûts-bénéfices » dans l'indication et la durée du traitement prescrit. Il faut être attentif qu'en psychopathologie on utilise parfois encore la distinction entre dépression et mélancolie (cf. Kraepelin) qui, pour la dernière, en est la forme la plus grave et dangereuse en terme de risques suicidaires. Notons que les troubles dépressifs se doublent souvent de troubles physiques, douleurs d'origine indéterminées, anorexies, etc., etc.; on parlait d'ailleurs de dépression masquée pour toute une série de troubles physiques cachant une dépression. Les dépressions peuvent aussi se déclarer avec d'autres psychopathologies, psychoses, névrose traumatique, etc.

Comme entité nosologique au contour plus ou moins précisément établis les dépressions sont fréquentes et, d'après des études statistiques, atteignent presque 20 % de chaque humain au cours d'une vie. Le risque évolutif le plus grave de cette pathologie est le suicide, en particulier quand la dépression passe inaperçue et qu'elle n'est pas prise en charge. Ainsi et en France, on estime à près de 70 % des personnes décédant par suicide qui souffraient d'une dépression le plus souvent non diagnostiquée et traitée. Les dépressions peuvent se manifester chez le nourrisson, l'enfant et l'adolescent (rarement sous la même forme que chez l'adulte), chez l'adulte et chez les personnes âgées chez qui elle est fréquente.

  • Il ne faut pas confondre la dépression avec ce qu'on appelle communément « coup de blues » ou « déprime » qui traduit une tristesse passagère, normale dans une situation difficile.
  • Le terme dépression en psychanalyse est différent de celui de la psychiatrie phénoménologique descriptive, il décrit un processus psychique douloureux lié à une perte sans être nécessairement pathologique. On distingue une dépression, ("dépressivité", Position dépressive) normale d'une dépression pathologique.
  • En philosophie, en littérature on utilise souvent le terme mélancolie comme équivalent de la dépression ou dépression existentielle.
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