Déluge de Montréal - Définition

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Introduction

Déluge de Montréal
Déluge de Montréal

Type Orage violent à pluie torrentielle
Formée 14 juillet 1987 à 16h20 TU
Durée 2 heures
Largeur du corridor 30 km
Longueur du corridor 60 km
Quantité maximale 103 mm de pluie (officiel)
164 mm à 181 mm (officieux)
Dommages matériels 220 millions de $CAN (1987)
Mortalité 2
Régions affectées Montréal, Canada

Le Déluge de Montréal est une pluie torrentielle qui s'est abattue le 14 juillet 1987 sur la ville de Montréal (Canada). Après plusieurs jours de canicule, un système convectif de méso-échelle, caractérisé par plusieurs lignes de grain suivies d'une bande de précipitations stratiformes, s'est formé à l'ouest de la région de Montréal en après-midi. Le développement d'une circulation descendante de l'arrière vers l'avant du système et d'un courant ascendant peu profond, de l'avant vers l'arrière, mena à la génération de nuages stratiformes dans les bas niveaux à l'arrière des lignes d'orages ce qui augmenta la quantité de précipitations lors du passage des lignes. Les orages puis la ligne stratiforme laissent plus de 100 millimètres de pluie en deux heures sur le centre de l'île de Montréal.

Évolution météorologique

Une canicule avait perduré sur toute la province de Québec depuis plus d'une semaine, les températures ayant parfois atteint 35 °C. Les points de rosée observés dans cette masse d'air, exceptionnellement élevés pour la région de Montréal, ont atteint 25 °C. Au cours de la soirée du 13 juillet, un front froid orienté nord-est à sud-ouest s'est lentement déplacé sur l'ouest de la province, déclenchant sur son passage des orages violents mais isolés.

Analyse initiale

Carte des composantes météorologiques présentent le matin du 14 juillet 1987

Le front, que l'on voit sur la carte d'analyse de 1200 TU le 14 juillet, 8h locale, était supporté en altitude par un creux barométrique à 500 hPa d'intensité moyenne. La carte montre également la formation d'une dépression en surface, juste au sud-ouest d'Ottawa (Ontario). Cette cyclogénèse semble directement liée à l'amplification du creux d'altitude. La formation de cumulonimbus de forte extension verticale était favorisée en cette matinée par de l'air très chaud et très humide en surface, une intrusion d'air plus sec dans les niveaux moyens, une divergence des vents en altitude et d'une convergence accrue en surface à cause de la dépression.

L'évaluation du potentiel thermodynamique de la situation peut s'effectuer à partir de l'analyse d'un diagramme thermodynamique comme un téphigramme. Ce dernier montre la variation de la température et de l'humidité de la masse d'air avec l'altitude obtenu par radiosondage. En choissisant un téphigramme représentatif de la région et en le modifiant avec les données surface pour tenir compte des températures et points de rosée maximums au cours de la journée, on obtient le niveau d'instabilité de l'air et l'énergie potentielle de convection disponible. Avec l'hodographe associé au téphigramme, on obtient le cisaillement des vents dans les 4 premiers kilomètres de l'atmosphère qui nous donne les mouvements de rotation possibles dans les orages qui se développeront. La combinaison de l'énergie hydrostatique et du cisaillement, en plus des déclencheurs dynamiques, permet de procéder à la prévision des orages violents.

Le sondage de Maniwaki, au nord-ouest de Montréal, montrait une épaisse couche nuageuse, ainsi que la proximité d'une zone frontale. Le sondage d'Albany (New York), au sud de la région, se caractérisait lui par une masse d'air chaude et humide à bas niveaux, chevauchée par de l'air nettement plus sec aux niveaux moyens de l'atmosphère. L'analyse de ces sondages, en tenant compte d'une température et d'un point de rosée réalistes pour le secteur, soient 30 °C et 23 °C respectivement, permettait de conclure à un potentiel d'orages violents pour la journée.

Développement

Les échos radar entre 1620 et 1830 TU:
1) Les zones achurées représentent les échos de plus de 19 dBZ et ceux en noir les échos de plus de 47 dBZ.
2) Les différentes lignes d'orages sont indiquées par les lettres A, B, C et D.
3) L'île de Montréal est dans la partie centrale.

L'évolution dynamique de la situation vers le milieu de la journée indiquait que la possibilité de formation d'orages violents allait en s'accroissant : la dépression de surface s'est creusée et le champ de vents de surface de part et d'autre de la zone frontale indiquait une forte convergence de l'air humide de bas niveau vers la région de Montréal. Les images du satellite météorologique montraient que la couverture nuageuse associée au front froid se dégageait au sud de la région, permettant à la température de grimper dans ce secteur. Lorsque la bordure de l'air plus sec aux niveaux moyens de l'atmosphère a touché l'extrême sud de la province, la couverture nuageuse s'est fragmentée et la radiation solaire au sol en fut accrue, permettant au mercure de monter rapidement au-delà des 30 °C.

Les données des radars météorologiques indiquèrent ensuite une succession de cellules distinctes qui se sont formées dans le dégagement à l'ouest de Montréal, près de Valleyfield, et se sont propagées le long du même couloir sur l'Île de Montréal. On peut ainsi identifier 4 complexes distincts ayant traversé l'île du sud-ouest vers le nord-est (notés A, B, C et D sur l'animation à droite). Ces lignes d'orages se déplaçaient lentement pour frapper tour à tour sensiblement les mêmes secteurs de la ville. À partir de 1620 TU, 12h20 locale, les réflectivités sur les images radars CAPPI de 1,5 km d'altitude ont dépassé 47 dBZ (30-40 mm/h), indiquant de fortes précipitations. À trois reprises sur l'Île de Montréal, les réflectivités ont dépassé un niveau similaire à une altitude de 7 km, montrant que les orages contenaient des quantités importantes de précipitations sur une très grande épaisseur. Ceci est un indice du potentiel de rafales descendantes, de pluie torrentielle et éventuellement de la présence de grêle. Des vents violents (arbres déracinés) et de la grêle ont d'ailleurs été observés à Montréal lors du passage de ces fortes cellules, mais l'impact localisé de ces phénomènes a vite été éclipsé par l'ampleur des importantes inondations qu'a connu Montréal en cette journée.

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