Deepwater Horizon - Définition

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Introduction

Deepwater Horizon
Bateaux-pompes combattant l’incendie de la plate-forme pétrolière le 21 avril 2010.
Bateaux-pompes combattant l’incendie de la plate-forme pétrolière le 21 avril 2010.
Généralités
Type Plate-forme pétrolière
Époque 2001-2010 (explosion)
Lieux Golfe du Mexique

(N 28°12′, W 088°48′)

Caractéristiques courantes
Taille 4 426 tpl
Propulsion Diesel électrique
Matériaux acier
Autres 130 couchettes

Deepwater Horizon était une plate-forme pétrolière louée par la compagnie pétrolière BP pour forer dans le golfe du Mexique (dans les eaux territoriales américaines) le puits le plus profond jamais creusé en offshore.

Elle a explosé le 20 avril 2010 générant un incendie puis une marée noire, qui serait la plus importante aux États-Unis depuis la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989 et un désastre écologique sans précédent. La pollution engendrée affecte l’écosystème et l’économie locale, menaçant plus de 400 espèces, dont des baleines, des dauphins, des lamantins et de nombreux oiseaux (aigrettes, hérons, etc.).

Histoire et contexte géostratégique

Carte montrant les 3858 plateformes pétrolières ou gazières actives du Golf du Mexique.

À la fin du XXe siècle, alors que les États-Unis refusaient d'investir prioritairement dans les économies d'énergie comme le prônait le protocole de Kyoto pour limiter l'effet de serre et alors même que la demande en hydrocarbures continuait à croître, les forages pétroliers et gaziers du Golfe du Mexique en eau profonde, mais surtout en eau « peu profonde » ont connu une forte baisse de débit. Le total des réserves prouvées de gaz naturel y a spectaculairement chuté (de près de 46 billions de pieds cubiques (= 46.1012 pieds cubiques pour "Trillion Cubic Feet" en mesures non-métriques US, TCF) en 1986 à environ 24 TCF en 1999).

La production a été maintenue grâce à de nouveaux forages en eau plus profonde (64 nouveaux puits en 2002), mais ces réserves s'épuisent vite et s'avèrent plus éparpillées et moins riches que prévu. Craignant de manquer de gaz (un quart des besoins énergétiques du pays) et de pétrole dès 2001, l'administration Bush et la NEP (National Energy Policy, créée par le président Bush) ont poussé le Minerals Management Service (MMS, service auquel le Département de l'Intérieur a délégué le droit de prélever des redevances sur l'exploitation pétrolière) à adopter de fortes incitations fiscales ou financières pour encourager les forages offshore profonds. Le MMS devait encourager un « changement radical dans l'exploration et les modèles de développement ». Les pétroliers ayant récemment découvert des indices de réserves très profondes et importantes (à ces profondeurs l'imagerie sismique est imprécise), la NEP a de toute urgence recommandé que « le Secrétaire de l'Intérieur explore toutes les possibilités d'offrir des réductions de redevances pour l'extraction d'hydrocarbures et de gaz pour encourager l'exploitation en eau très profonde [de -15 000 à -20 000 pieds, où les forages sont plus risqués et donc plus coûteux] et l'exploitation de petits champs qui sans cela ne seraient pas rentables ».

Ces incitations ont été renforcées le 26 janvier 2004, avec une diminution ou suppression des royalties en cas de forage gazier profond et très profond, puis en août 2005 via l'Energy Policy Act, toujours pour favoriser le forage profond à plus de 15 000 pieds sous la surface de la mer. Les règlements d'application de ces dispositions ont été publiés le 18 novembre 2008.

Le MMS semble aussi s'être montré moins exigeant sur les études d'impact et le contrôle des procédures de sécurité, bien qu'admettant qu'exploiter des puits à cette profondeur représentait encore un défi technologique. Les royalties versées au Trésor Fédéral étaient en 2000-2004 de 2 à 4 milliards de dollars/an, mais le MMS comptait surtout sur une augmentation de la production gazière en échange d'exemption de redevance sur la production de gaz. Il visait 4,4 billions de pieds cubiques (TCF) de production supplémentaire d'hydrocarbures (dont 3,6 TCF en gaz) au cours des seize prochaines années, estimant que grâce à des prix modérés les consommateurs économiseraient 500 millions de dollars/an en coût d'achat du gaz naturel de 2004 à 2015.

BP proposa alors de faire le forage en mer le plus profond du monde. Il loue, jusqu’en septembre 2013, plate-forme pétrolière ultra-moderne de Deepwater Horizon, construite en 2001 et appartenant à Transocean. Celle-ci est positionnée à 60 km (50 miles) des côtes américaines (Louisiane) où le 2 septembre 2009, elle fore le plus profond puit de pétrole et de gaz jamais réalisé, avec une profondeur verticale de 5 500 mètres dont 1 500 m sous l’eau, jusqu'à l'accident fatal.

Edward J. Markey, sénateur démocrate du Massachusetts, estime que le climat des relations de grande proximité et de mélange d'intérêts unissant pétroliers et autorités de contrôle était propice à un accident grave : « Le comportement agressif de promotion (« boosterism ») nourrit la complaisance et l'autosatisfaction qui entrainent des catastrophes. »

De mai à juin 2010, les écologistes et certains sénateurs clés (dont le sénateur Judd Gregg, qui soutenait antérieurement le forage offshore) appelèrent à réévaluer les exigences de sécurité pour les activités pétrolières et gazières en mer, après que l'administration Bush les a encouragées et défiscalisées. Greenpeace s'inquiétait aussi d'une autorisation récemment donnée pour de nouveaux forages en conditions extrêmes en Alaska.

Dans le même temps, la presse faisait savoir que le MMS avait autorisé BP à louer et utiliser la plate-forme Deepwater Horizon, tout en l'exonérant par une « exclusion spéciale  » (« categorical exclusion ») du 6 avril 2009 de l'obligation de respecter le NEPA (loi sur l'environnement dite « National Environmental Policy Act »). BP, 11 jours seulement avant l'explosion, faisait encore du lobbying pour élargir les exemptions dont bénéficient les pétroliers dans la région du Golfe. Toby Odone, porte-parole de BP défend son entreprise en expliquant que les dérogations déjà accordées par le NEPA étaient fondées sur l'historique des réponses données par le pétrolier aux incidents dans le golfe du Mexique. Après le développement de la marée noire, il estimait que « les causes de cet incident ne peuvent être utilisées pour changer le régime de réglementation qui sont nécessaires pour protéger l'environnement ».

Le MMS était placé par son administration de tutelle dans une position particulièrement ambiguë : il devait collecter les royalties, contrôler la faisabilité et sécurité des forages, tout en étant sommé par la loi d'encourager l'augmentation de la production par des forages très profonds. Il est maintenant accusé de confiance aveugle voire de franche complaisance dans ses évaluations environnementales et dans celles des pétroliers œuvrant dans le centre et de l'ouest du Golfe du Mexique.

Depuis les années 2000, il était soumis à de fortes pressions (dont celle de la loi) qui l'incitait à encourager le développement des forages dans le Golfe, tout en le privant de revenus suite à la défiscalisation de ces opérations. Selon Suckling , l'agence a abandonné ses missions de contrôle et fait à peine plus qu'apposer ses tampons pour entériner les projets de forage et notamment « donner un blanc-seing à British Petroleum et à ses plans de forage en self-service ».

Le MMS a produit trois évaluations environnementales en 2007, dont l'une concernait le contrat de location BP pour Deepwater Horizon. Dans chaque cas, il semble avoir minimisé la perspective d'une fuite majeure. Dans un cas, il estimait qu'« une importante marée noire à partir d'une plate-forme ne devrait pas dépasser le volume de 1 500 barils de pétrole », et qu'un déversement « en eau profonde», au large du plateau continental interne du golfe ne pourrait pas atteindre la côte ». Dans un autre cas, il estimait que la plus grande marée noire possible ne dépasserait probablement pas 4 600 barils et que ce pétrole serait en grande partie dissipé en dix jours, avec une faible probabilité de toucher terre.

Le MMS semble mandater les entreprises de forage dans certains domaines, pour identifier ce qui pourrait en vertu du NEPA réduire l'impact environnemental d'un projet ou reprend à son compte – sans vérifier par des contre-expertises - leurs assertions et arguments. Selon Matt Lee-Ashley, porte-parole du Département de l'Intérieur, « le service des subventions du MMS a accordé de 250 à 400 dérogations par an pour les projets de forages du golfe du Mexique ». Il ajoute que, suite à l'accident, le département de l'Intérieur a créé le « premier » Conseil chargé d'examiner les procédures de sécurité du forage offshore, promettant un rapport dans les 30 jours (début juin 2010) sur la marée noire de BP et « un examen plus large des questions de sécurité ».

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