La distribution Debian s'est à l'origine principalement développée autour de son utilisation sur des serveurs, elle est donc particulièrement adaptée à ce rôle (par exemple elle distingue toujours l'administrateur système de l'« utilisateur final »).
Pourtant le but a toujours été d'obtenir un système universel, donc tout autant utilisable sur des ordinateurs personnels, mais l'utilisation du système a longtemps été réservé aux utilisateurs ayant des compétences d'administrateur. Par exemple son installation a longtemps été rédhibitoire pour les novices, et en cas de problèmes les messages d'erreur demandaient régulièrement de contacter l'administrateur système.
Ce problème a en partie été résorbé par son adaptation par des distributions orientées « utilisateur final » (comme knoppix depuis 2000 ou Ubuntu depuis 2004), ce qui a accéléré l'évolution vers d'autres mode d'utilisation et les progrès du côté de l'ergonomie.
Cette utilisation originellement orientée serveurs a également influencé son cycle de sortie de nouvelles versions. Une fiabilité irréprochable était nécessaire, ce qui a entraîné des délais très longs entre les versions stables (surtout à l'époque des versions 3). Cela avait pour conséquence de fournir des applicatifs stables mais parfois désuets ou dépassés au moment de la sortie d'une nouvelle version.
En 2008, pour résoudre ce problème, la version "Etch et demi" propose une mise à jour des paquets au sein d'une version stable, ce qui est une première dans l'histoire de Debian.
En 2009, il est décidé de commencer à geler les paquets à la fin de chaque année impaire (c'est-à-dire de stopper les mises à jours des éléments constituants pour se concentrer sur leurs bonnes interactions). Cette nouvelle stratégie laisse apparaître un cycle de développement de deux ans, et avec une nouvelle version stable au début de chaque année paire (comme les versions LTS d'ubuntu, mais sans fixer la date de sortie). La première de ces versions issue d'un développement lié au calendrier est donc attendue en 2010.
D'une manière générale la sécurité est réputée être un point fort de Debian. La politique de sécurité (commune aux systèmes libres) est de toujours afficher les failles de sécurité découvertes.
En mai 2008, Luciano Bello, développeur Debian et chercheur en sécurité informatique découvre que des changements effectués dans la version d'OpenSSL distribuée par Debian avaient provoqué une faiblesse dans le générateur de nombres aléatoires. Ainsi les clés de sécurité générées par une machine utilisant la version « Etch » étaient prédictibles. Cette faille a concerné aussi les distributions dérivées de Debian telles que Ubuntu et Knoppix.
On relève aussi des problèmes sur le plan de la communication (site web à l'aspect peu moderne et peu actualisé par exemple), mais aussi des problèmes de communication entre les développeurs. Ces aspects avaient notamment été pointés du doigt par Sam Hocevar lors de la campagne pour le poste de chef de projet en 2007.
La distribution GNU/Linux contient environ 25 000 paquets logiciels élaborés et maintenus par un millier de développeurs. Debian est réputé pour sa fiabilité et son gestionnaire de paquets original (APT), au format de fichier .deb, permettant les mises à jour et garantissant un système homogène. Debian est disponible pour une dizaine de plateformes de matériel informatique : m68k, SPARC, Alpha, PowerPC, x86, IA-64, PA-RISC, MIPS (big et little-endian), ARM, OS/390 et plus récemment AMD64.
Pour chaque branche, trois sections sont disponibles :
Dpkg est le programme principal pour manipuler les fichiers de paquets (APT y fait d'ailleurs appel pour l'installation desdits programmes).
APT pour « Advanced Packaging Tool » (soit « Utilitaire de gestion de paquets avancé » en français) est une interface avancée pour le système de gestion des paquets Debian, qui consiste en plusieurs programmes dont les noms commencent par « apt- » (apt-get, apt-cache, apt-cdrom...). Outre sa facilité d'emploi et sa polyvalence, son intérêt réside dans sa gestion automatique des dépendances entre les différents paquets. Il existe également une interface graphique pour ce programme : Synaptic.
Dselect est l'interface utilisateur historique, permettant une gestion plus aisée des paquets. Cet utilitaire tend à céder la place à Aptitude.
Debian est toujours disponible en trois versions (trois branches) qui sont :
De plus, il existe un dépôt de paquets nommé experimental ; il contient des paquets expérimentaux de logiciels dont l'utilisation pourrait dégrader le système. Cependant, le dépôt experimental ne contient pas tous les paquets disponibles dans les branches stable, testing et unstable. Voilà pourquoi il n'est pas considéré comme une branche à part entière.
Les différentes versions de la distribution empruntent leur nom aux personnages du film d'animation Toy Story des studios Pixar :
Version | Nom | Date de sortie | Définition du personnage | Commentaire |
---|---|---|---|---|
0.01 à 0.91 | août 1993 à janvier 1994 | |||
0.93R5 | mars 1995 | |||
0.93R6 | novembre 1995 | |||
1.1 | Buzz | 17 juin 1996 | Le ranger de l'espace | ELF ; noyau Linux 2.0 |
1.2 | Rex | 12 décembre 1996 | Le tyrannosaure | |
1.3 | Bo | 2 juin 1997 | La bergère | |
2.0 | Hamm | 24 juillet 1998 | Le cochon-tirelire | Premier portage : m68k |
2.1 | Slink | 9 mars 1999 | Le chien à ressort | Apparition de APT ; 4 architectures |
2.2 | Potato | 15 août 2000 | Monsieur Patate | 6 architectures (+ARM, +PowerPC) ; 2 000 paquets |
3.0 | Woody | 19 juillet 2002 | Le cow-boy | 11 architectures ; 8 000 paquets |
3.1 | Sarge | 6 juin 2005 | Le chef des soldats | 11 architectures ; 15 000 paquets |
4.0 | Etch | 8 avril 2007 | L'écran magique | 11 architectures (+AMD64, −m68k) ; 18 000 paquets |
5.0 | Lenny | 14 février 2009 | La paire de jumelles | 12 architectures (+armel) ; 25 000 paquets |
6.0 | Squeeze | - | L'extraterrestre à 3 yeux (en) | L'actuelle version en test, actuellement gelée (depuis le 6 août 2010) |
7.0 | Wheezy | - | Le manchot au nœud papillon rouge (en) | La prochaine version |
Sid | En perpétuelle évolution | L'enfant qui casse les jouets | Correspondra toujours à la version unstable |
Note : il n'y a pas eu de version 1.0 du système Debian. En décembre 1995, un revendeur de CD (Infomagic) a fait presser des CD de la version de développement en les intitulant Debian 1.0. Cette version étant imparfaite et notoirement boguée, la première version officielle de Debian a donc été la 1.1 afin d'éviter toute confusion.
Si la version unstable s'appelle Sid en référence au garçon qui casse les jouets dans Toy Story, le nom est souvent utilisé en tant qu'acronyme de Still In Development.
Debian est née en août 1993 grâce à Debra Murdock et Ian Murdock, alors étudiants à l'université Purdue. Debian fut soutenu par le projet GNU de la Free Software Foundation de novembre 1994 à novembre 1995.
Les versions 0.01 jusqu'à 0.90 de Debian furent produites entre août et décembre 1993. Ian Murdock écrivait alors :
Il arrêta de travailler activement sur le projet en mars 1996 durant la préproduction de la Debian 1.0. Cette dernière fut renommée 1.1 pour éviter toute confusion avec un fabricant de disque compact qui nomma faussement 1.0 une version précédente. Cet incident mena au concept d'images ISO “officielles”, de façon à éviter aux vendeurs ce genre de bévue.
Durant le mois d'août 1995 (entre la version 0.93R5 et 0.93R6 de Debian), Hartmnut Koptein débuta le premier portage de Debian pour la famille des Motorola m68k. Selon lui : « De très nombreux paquets étaient construits autour de l'architecture i386 ("petit bout", -m486, -O6 et autres options de ce genre de la bibliothèque libc4) et ce fut un travail énorme que d'avoir une base de paquets de départ sur ma machine (un Atari Medusa 68040, 32 MHz). Après trois mois (en novembre 1995), je mis à disposition 200 paquets, sur les 250 disponibles, tous pour la bibliothèque libc5 ! » Depuis lors, le projet Debian s'est développé en incluant de nombreux portages vers d'autres architectures, ainsi qu'un portage vers un nouveau noyau, Hurd, et donc vers le système à micro-noyau GNU/Hurd.
Un des tout emiers membres du projet, Bill Mitchell, se rappelle au sujet du noyau Linux :
Ian Jackson devint le responsable du projet Debian au début de l'année 1998 et devint tout de suite après vice-président de la Software in the Public Interest. Après la démission du trésorier (Tim Sailer), du président (Bruce Perens) et du secrétaire (Ian Murdock), il devint président et trois nouveaux membres furent choisis : Martin Schulze (vice-président), Dale Scheetz (secrétaire) et Nils Lohner (trésorier).
La version 2.0 de Debian (Hamm) sortit en juillet 1998 pour les architectures de processeurs Intel x86 et Motorola m68k. Cette version se caractérise par l'introduction d'une nouvelle version des bibliothèques C (libc6 reposant sur la glibc2). Au moment de sa sortie, il y avait plus de 1 500 paquets maintenus par plus de 400 développeurs Debian. Wichert Akkerman succéda à Ian Jackson comme chef de projet Debian en janvier 1999.
La version 2.1 de Debian sortit le 9 mars 1999, après avoir été retardée pendant une semaine par des demandes de corrections de dernière minute. La Debian 2.1 (Slink) supporte officiellement deux nouvelles architectures : l'Alpha et le Sparc. Les paquets contenant le système X-Window furent profondément réorganisés par rapport aux précédentes versions. Elle inclut aussi APT, l'interface de gestion de paquets de la génération suivante. Ainsi, cette version de Debian fut la première à requérir deux cédéroms pour le jeu de cédéroms officiels ; elle contient environ 2 250 paquets.
Le 21 avril 1999, Corel Corporation et le projet KDE formèrent effectivement une alliance avec Debian lorsque Corel affirma son intention de fabriquer une distribution Linux basée sur Debian et l'environnement de bureau du projet KDE. Durant le printemps et l'été suivants, une autre distribution basée sur Debian fit son apparition, Storm Linux. Le projet Debian choisit alors un nouveau logo, en créant à la fois une version officielle à utiliser sur le matériel utilisant Debian, comme les cédéroms ou les sites webs officiels du projet, et une version non-officielle pour une utilisation dérivée de Debian ou mentionnant son nom. Un nouveau portage, unique en son genre, débuta à ce moment avec le Hurd. C'est la première tentative d'utiliser un noyau non-linux, avec le GNU/Hurd, qui est lui-même basé sur le micro-noyau GNU Mach.
La Debian 2.2 (Potato) est sortie le 15 août 2000, cette version ajoute le support des architectures PowerPC et ARM, avec Wichert Akkerman en tant que chef de projet, cette version de la distribution compte 3 900 paquets maintenus par près de 450 développeurs.
Debian 3.0 fut nommée « Woody » et supportait toujours plus d'architectures, avec l'ajout des IA-64, HP PA-RISC, MIPS et S/390. Le projet compte alors 900 développeurs et 8 000 paquets, dont pour la première fois KDE, après que le conflit de licence de la bibliothèque Qt eut été résolu.
Debian « Sarge », soit la version 3.1, fut finalisée le 6 juin 2005 et compte pas moins de 15 000 paquets et 11 architectures.
La version 4.0, « Etch » est sortie le 8 avril 2007 et inclut les éléments suivants :
Le 27 juillet 2008, la quatrième révision de « Etch » est sortie. Outre les mises à jour de sécurités habituelles, cette version inclut aussi « etch-and-a-half ». Ce dernier propose un nouveau noyau (2.6.24), des drivers plus récents pour Xorg, ainsi que divers autres changements permettant de faire fonctionner Debian avec un matériel plus récent.
Le 15 août 2008, Debian peut s'installer sur le téléphone Neo FreeRunner.
La version 5.0, « Lenny » est sortie le 14 février 2009 après 22 mois de développement et est aujourd'hui en version stable. Elle inclut les éléments suivants :