Dassault Mirage III - Définition

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Engagements

Un Mirage III israélien avec 13 marques de victoire

Le Mirage III fut engagé au combat pour la première fois par Armée de l'air israélienne pendant la guerre des Six Jours, en juin 1967. Les Mirage israéliens effectuaient plus de douze sorties par jour. Étant donné que l'appareil semblait être très supérieur à tous les autres, les armées de Jordanie, de l'Égypte et de la Syrie pensaient que l'avion était secrètement développé et produit par les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le Pakistan a engagé ses Mirage III lors de la Troisième Guerre indo-pakistanaise en 1971, obtenant au moins 3 victoires aériennes.

La guerre de Kippour (1973) vit s'opposer des Mirages israéliens et arabes, ce qui conduisit les Israéliens à peindre très rapidement des triangles orange sur les ailes de leurs avions afin de permettre leur identification immédiate, et d'éviter des confusions tragiques lors des combats aériens.

Entre 1978 et 1982, l'Afrique du Sud a engagé ses Mirage III pendant la Border War avec l'Angola. Les Mirage y ont effectué des missions d'attaque, de supériorité aérienne et de reconnaissance.

Un Mirage III C de l'armée argentine

L'Argentine engagea ses Mirages III EA et ses Dagger pendant la guerre des Malouines (1982), pour des missions d'attaque anti-navire et de combat aériens.

Carrière

En Afrique du Sud

Un Mirage IIICZ sud africain

L'Afrique du Sud reçoit ses premiers Mirage III fin 1962 et, dix ans plus tard, se trouve équipée au total de 3 Mirage IIIBZ (biplaces), 16 Mirage IIICZ (monoplaces), 14 Mirage III DZ (biplaces), 17 Mirage III EZ (monoplaces), et 8 Mirage III RZ (monoplaces). Les 15 derniers avions livrés (désignés Mirage III D2Z et R2Z) auraient été équipés d'un réacteur Atar 9K50.

Ne pouvant remplacer ces avions en raison de l'embargo total sur les armes imposé par l'ONU, l'Afrique du Sud charge les ingénieurs de la société locale Atlas de les moderniser au début des années 1980. Ce programme de modernisation donne naissance au Cheetah.

A l'exception des avions transformés en Cheetah, tous les Mirage III sont retirés du service en 1990.

En Australie

Deux Mirage IIIO australiens, dont un biplace au premier plan
Mirage IIIO(F) (fighter) du Royal Australian Air Force (2 Operational Conversion Unit).

En 1960, l'Australie choisit le Mirage III pour remplacer ses vieux F-86 Sabre au sein de la Royal Australian Air Force, de préférence au Lockheed F-104 Starfighter. Ayant cependant émis le souhait d'équiper le Mirage du réacteur Rolls-Royce Avon utilisé par ses autres avions de combat, un Mirage IIIA est modifié pour mener les essais nécessaires. Le premier vol avec ce réacteur a lieu le 13 février 1961 mais, bien que les performances soient nettement améliorées, le coût d'adaptation s'avère trop élevé et l'Australie renonce à cette modification pour conserver le Atar 9C.

Un contrat de fabrication sous licence est alors signé, prévoyant une montée en puissance progressive de la part de fabrication australienne dans l'assemblage des avions. Ainsi, les deux premiers exemplaires sont entièrement fabriqués en France, l'assemblage des deux suivants est terminé en Australie, et les premières pièces produites localement sont intégrées à partir du 16e exemplaire. Les exemplaires australiens reçoivent la désignation Mirage IIIO et sont équivalents aux Mirage IIIE français, bien qu'ils intègrent environ 180 modifications pour la plupart mineures.

Le premier des deux Mirage IIIO fabriqués en France fait son vol inaugural le 14 février 1963. Ils doivent être suivis par 48 exemplaires destinés à des missions de chasse/interception (Mirage IIIOF) et 50 exemplaires destinés à des missions d'attaque au sol (Mirage IIIOA). Finalement, fin 1968, il est décidé de mettre tous les avions au standard Mirage IIIOA. En complément, 16 biplaces (Mirage IIID) destinés à l'entraînement sont produits en deux lots : un premier de 10 avions en 1966/1967 et le second de 6 avions en 1973/1974.

Le premier escadron sur Mirage IIIO est déclaré opérationnel en août 1965. Les Mirage sont progressivement remplacés par des F-18 Hornet à partir de 1985. L'avion est officiellement retiré du service en octobre 1988, et le dernier vol d'un Mirage australien a lieu le 8 février 1989. En 23 ans de carrière, environ 40 avions ont été perdus lors d'accidents. En 1990, le Pakistan a racheté d'occasion 50 des Mirage restants (43 monoplaces et 7 biplaces).

Au Brésil

En mai 1970, le Brésil commande 13 Mirage IIIEBR et 4 biplaces Mirage IIIDBR qui sont livrés entre octobre 1972 et mai 1973 à la Force aérienne brésilienne. Ces avions sont complétés par une quinzaine d'exemplaires (rachetés d'occasion à l'Armée de l'Air française par petits lots entre 1980 et 1999) pour compenser les pertes. Au total, le Brésil recevra finalement 32 Mirage III, désignés localement F-103.

En 1989/1990, les Mirage brésiliens subissent un premier programme de modernisation consistant, entre autres, à installer des plans canards. En 1997, ils sont à nouveau modifiés par ajout de lance-leurres et de la capacité de tir du missile israélien Python 3. Les Mirage sont finalement retirés du service en décembre 2005, après 33 ans de carrière et plus de 67 000 heures de vol.

En Espagne

L'Espagne commande 24 Mirage IIIEE et six biplaces Mirage IIIDE en 1968. Destinés à la fois à la défense aérienne et à l'attaque au sol, les avions sont livrés entre 1970 et 1972. Leur désignation locale officielle est C.11 pour les monoplaces, CE.11 pour les biplaces. Les Mirage espagnols ne seront jamais employés au combat, même s'ils seront déployés brièvement aux îles Canaries en novembre 1975, suite à la marche Verte organisée par Hassan II pour récupérer le Sahara occidental alors possession de l'Espagne.

En 1987, le choix par l'Espagne du F-18 Hornet annonce la prochaine disparition des Mirage III mais, en raison de la réduction du nombre de F-18 commandés, un programme de modernisation est malgré tout envisagé. L'industrie aéronautique espagnole remporte le contrat en décembre 1988, avec une proposition proche des Kfir israéliens. Alors que les travaux de conversions de quelques C.11 en C.11(M) ont commencé, le gouvernement annule finalement le projet en juillet 1990.

Les Mirage III sont définitivement retirés du service en 1992. En 22 ans de carrière, 6 monoplaces et 2 biplaces ont été perdus lors d'accidents.

En France

Un Mirage IIIR du 3/33 Moselle

La France commande 100 exemplaires du Mirage IIIC en octobre 1958. Les livraisons se font de d'octobre 1960 à novembre 1962, mais seulement 95 avions rejoindront l'Armée de l'Air française tandis que les 5 restants sont utilisés pour développer les autres versions du Mirage III. L'Escadron de chasse 1/2 Cigognes à Dijon est la première à être déclarée opérationnelle sur cet avion, en janvier 1962, et quatre autres unités seront équipées. Les Mirage IIIC sont progressivement remplacés par des Mirage F1 à partir de 1974, mais les derniers exemplaires ne sont retirés du service qu'en août 1988.

56 Mirage IIIB seront livrés entre juillet 1962 et janvier 1966. Les biplaces seront répartis à raison de 2 exemplaires par unité dotée de monoplaces, en complément d'un escadron spécifique destiné à la formation des nouveaux pilotes. La France recevra également 5 Mirage IIIB1 destinés à des essais en vol et 10 Mirage IIIB2 équipés de la perche de ravitaillement du Mirage IV, destinés à entraîner les pilotes au ravitaillement. Enfin, 20 Mirage IIIBE seront livrés à partir de 1971.

Entre 1964 et 1976, l'Armée de l'Air française reçoit 192 Mirage IIIE. L'Escadron de chasse 2/13 Alpes de Colmar est la première unité déclarée opérationnelle, en avril 1965. Certaines unités déjà équipées de Mirage IIIC reçoivent le IIIE à la place, cédant alors leurs intercepteurs à d'autres unités. Les autres Mirage IIIE sont affectés à des unités d'attaque/bombardement « tous temps » ou de frappe nucléaire tactique. Dans ce dernier cas, le IIIE est armé d'une bombe atomique AN52 de 15 kilotonnes. A partir de 1984, les Mirage IIIE sont progressivement remplacés par des Mirage 2000. La dernière unité sur Mirage IIIE sera l'Escadron de chasse 3/3 Ardennes, qui les conservera jusqu'en 1995.

Les livraisons des 50 Mirage IIIR et 20 Mirage IIIRD se font de 1963 à 1967. Ces avions équipent la 33e Escadre de Reconnaissance, alors installée sur la Base aérienne 124 Strasbourg-Entzheim et seule unité de l'Armée de l'Air française consacrée à la reconnaissance tactique. Ces avions sont remplacés par des Mirage F1CR à partir de 1983.

A partir de 1995, alors que tous les Mirage III ont quitté les unités opérationnelles, seul le Centre d'Essais en Vol de Cazaux conserve encore quelques avions de ce type. Le dernier vol d'un Mirage III français a lieu le 25 novembre 2005.

En Israël

Dessin d'un Mirage IIICJ montrant le camouflage adopté à partir de 1969

En 1959, Israël envoie un de ses meilleurs pilotes essayer le Mirage IIIA. Son compte-rendu est enthousiaste, et le Mirage III reçoit alors le surnom qu'il gardera pendant sa carrière israélienne : Shachak (coup de foudre). Ezer Weizman, alors commandant en chef de la Force aérienne et spatiale israélienne, cherchait un chasseur bombardier et non un intercepteur. En conséquence, les Mirages III israéliens ne furent pas équipés du moteur fusée SEPR 841, l'espace gagné étant utilisé pour emporter les canons de 30 mm et du carburant supplémentaire. Une commande pour 72 Mirage IIICJ et 5 Mirage IIIB ainsi que 2 mirage IIIR est signée en 1960.

Les avions sont livrés entre avril 1962 et 1968 et permettent d'équiper 5 escadrons. Malgré les très bons résultats obtenus par les pilotes israéliens pendant la Guerre des six jours, un certain nombre de défauts sont constatés, concernant la fiabilité du réacteur et du radar, ainsi que le tir au canon. Des modifications locales sont alors apportées pour corriger une partie de ces problèmes. En particulier, les Mirage IIICJ recevront au début des années 1970 le réacteur Atar 9C-3 en remplacement de l'Atar 9B. Quelques Mirage IIICJ furent modifiés temporairement pour effectuer des missions de reconnaissance, recevant alors un nez totalement modifié pour embarquer les équipements nécessaires.

Les Mirage III israéliens sont retirés du service au début des années 1980. En 20 ans de carrière, les pertes au combat et suite à accident sont estimées à environ 50 exemplaires. L'Argentine rachète d'occasion 19 monoplaces et 3 biplaces en 1982.

Suite à l'embargo français, Israël ne recevra jamais les Mirage 5 qu'il avait commandés en 1966. En conséquence, ce pays construira lui-même (sans licence) le Nesher (copie pure et simple du Mirage 5) puis le Kfir (version améliorée avec un réacteur General Electric J79 américain).

Au Liban

Ayant commandé 12 avions (10 monoplaces et 2 biplaces), le Liban reçoit ses premiers Mirage III en avril 1968, et les derniers en 1969. Ces avions sont affectés au squadron 5 jusqu'en 1973, puis au squadron 4 par la suite. Les Mirage libanais effectuent quelques rares missions de combat dans les années 1970 puis, alors que la guerre civile ravage le pays, sont stockés à partir de 1978 en attendant des jours meilleurs. Entre temps, un monoplace et un biplace ont été perdus lors d'accidents. Les 10 avions restants ne devaient cependant plus jamais reprendre l'air sous les couleurs libanaises, et sont finalement revendus au Pakistan en 2000.

Au Pakistan

Le Pakistan a reçu ses premiers Mirage III en 1968. A la commande initiale de 18 Mirage IIIE, 13 Mirage IIIR de reconnaissance et 3 Mirage IIID d'entraînement est venue s'ajouter quelques années plus tard celle de 64 Mirage 5 dans différentes configurations. En 1990, le Pakistan a racheté d'occasion 50 avions à l'Australie puis, un peu plus tard, 24 autres à l'Espagne et 9 au Liban. Enfin, 40 Mirage 5 retirés du service par la France ont été remis à niveau et livrés progressivement à partir de 1996. Au final, avec environ 180 exemplaires en service dans 5 unités, le Pakistan était devenu au début des années 2000 le plus gros utilisateur de Mirage III et 5. Preuve supplémentaire de l'effort de ce pays pour maintenir ces avions en service, il a racheté pour pièces 50 avions et 150 moteurs à la Libye en 2004.

Les dernières acquisitions ont été effectuées dans le cadre d'un gros programme de modernisation lancé au début des années 1990 et désigné ROSE (Retrofit Of Strike Element). Il comprend un remplacement complet de l'avionique avec l'ajout d'un nouveau viseur tête haute, d'un nouveau système de navigation et de tir (incluant une centrale à inertie), d'un détecteur d'alerte radar et de lance-leurres. L'installation d'un radar italien Griffo-M et la capacité de tir du missile AIM-9 Sidewinder furent ajoutés par la suite.

Ce standard ROSE-I aurait concerné 45 Mirage III. De leur côté, les 40 Mirage 5 rachetés à la France ont été portés par SAGEM au standard ROSE-II, sans le radar Griffo mais avec un FLIR. D'autres améliorations seraient prévues, notamment avec un standard ROSE-III.

En Suisse

Radar Taran 18 des Mirage IIIS
Avant d'un Mirage IIIRS, montrant les plans canards

Les Mirages IIIS, BS et RS

A la fin des années 1950, la Suisse est à la recherche d'un avion de chasse moderne pour remplacer ses De Havilland Vampire, devenus totalement obsolètes. Elle commande des Hawker Hunter en janvier 1958, mais ceux-ci sont déjà dépassés par une nouvelle génération d'avion capable de voler à Mach 2. Une campagne d'évaluation est alors menée, opposant le Saab 35 Draken, le Lockheed F-104 Starfighter, le Fiat G-91, le Grumman F-11F Super Tiger et le Mirage III. Ce dernier est finalement retenu en 1961, et des crédits débloqués pour 100 exemplaires qui doivent être intégralement construits sous licence en Suisse (y compris les réacteurs).

En attendant le lancement de la fabrication, un Mirage IIIC est acheté en 1962 et deux biplaces Mirage IIIBS en 1964. Cependant, les nombreuses modifications envisagées sur les exemplaires de série (Radar Hughes TARAN-18 à la place du Cyrano, modification du train d'atterrissage avant pour faciliter l'utilisation dans les installations souterraines, installation de canons de 30mm d'origine suisse, adaptation de fusées JATO d'assistance au décollage, etc...) et la mise à niveau des machines-outils nécessaire pour pouvoir usiner les pièces font exploser le budget prévu et provoquent un scandale national. Une commission d'enquête parlementaire est instituée, plusieurs militaires de haut rang et un conseiller fédéral contraints à la démission. Finalement, le budget sera légèrement augmenté mais la commande réduite à seulement 57 exemplaires.

36 Mirage IIIS (chasse/interception) ont été livrés entre 1966 et 1969, 17 Mirages IIIRS (reconnaissance) entre 1968 et 1970, complétés par 2 Mirage IIIBS (biplaces d'entraînement) en 1971. En 1983, deux biplaces supplémentaires sont achetés. Entre 1988 et 1992, les Mirage suisses subissent une remise à niveau : ajout de plans canards et de lance-leurres, installation d'un nouveau siège éjectable. Ils reçoivent également un nouveau camouflage en deux teintes de gris à cette occasion.

Lorsque, fin 1997, une première unité de l'armée de l'air suisse devient opérationnelle sur F-18 Hornet, les jours du Mirage sont comptés : les 29 Mirage IIIS restants sont réformés le 31 décembre 1999, suivis exactement 4 ans plus tard par les 16 Mirage IIIRS et 4 Mirage IIIBS. De 1966 à 1999, 10 avions auront été perdus lors d'accidents.

Le Milan

Fin 1967, à la demande de la Suisse, Dassault lance des études pour une version plus manœuvrable du Mirage : le Milan. L'idée est d'ajouter des petites surfaces rétractables à l'avant de l'avion pour réduire la distance de décollage et la vitesse d'approche lors de l'atterrissage, mais par contre augmenter le taux de virage et la charge utile. Des essais sont réalisés sur un Mirage 5 modifié en 1968 (surfaces non rétractables), puis sur un Mirage IIIR modifié en 1969 (surfaces rétractables) et désigné Milan 01. Un prototype réel est ensuite construit, à partir d'un Mirage IIIE équipé du réacteur Atar 9K50 du Mirage F1 et d'un système d'armes amélioré. Le premier vol a lieu le 29 mai 1970 et le Milan participe à une campagne d'essais en Suisse en 1972. Le projet est abandonné en 1976, lorsque la Suisse décide d'acheter des F-5E Tiger II.

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