La cynophagie est une pratique alimentaire qui consiste à se nourrir de viande de chiens. Cette habitude gastronomique répandue dans différents pays autour du monde, les pays asiatiques (Viêt Nam, Corée, Chine, chez les chrétiens d'Indonésie), en Afrique, en Amérique est souvent perçue avec « dégoût » par les Occidentaux (Poulain, 1997) à la fin du XXe siècle.
Le dédain de la viande de chien comme des autres animaux domestiques (le chat par exemple) est principalement causé par la logique de proximité des animaux qui sont divisibles en trois catégories : « sauvages », « domestiques » et « familiers ». Les chiens entrant dans cette dernière classe dans certaines catégories de la population sont donc frappés par un interdit dans la cuisine occidentale (Poulain, 1997). Elle est toujours appréciée en Suisse, et repoussée en Chine (par exemple) par les populations bourgeoises aisées élevant des chiens. D'autres animaux domestiques comme le cochon ou le canard n'ont pas ces interdits légaux, si ce n'est dans les religions abrahamiques qui interdisent également le chien (sauf dans le christianisme).
Cependant, cet interdit est récent. La consommation de viande de chien était répandue dans l'antiquité romaine, Aztèque et un peu partout autour de la planète. Elle semble n'avoir jamais cessé en Europe ; on trouvait encore des boucheries canines en France au début du XXe siècle. Récemment, les grandes guerres furent autant d'occasions où on dut se rabattre sur des viandes de qualité perçue comme inférieure ; pendant la guerre franco-allemande de 1870, en particulier, les boucheries de viande de chien furent nombreuses à Paris : le marché au chien se tenait alors rue Saint-Honoré.
Pendant la Première Guerre mondiale, on renverra au témoignage de Guillaume Apollinaire, dans La maison des morts (in Alcools) :
« Quelques-uns nous quittèrent
Devant une boucherie canine
Pour y acheter leur repas du soir »
La viande de chien fut consommée en Allemagne jusque pendant la Seconde Guerre mondiale, comme en témoigne l'établissement, par les autorités du Troisième Reich, d'un contrôle sanitaire sur cette marchandise en 1943.
De son côté, la cuisine vietnamienne prend en compte la proximité homme/chien en sélectionnant les chiens qui entreront dans son menu. Le procédé est simple : une assiette de viandes de chien est présentée au mammifère canin qui sera digne d'être le compagnon de l'homme s'il refuse de se cannibaliser ou sera voué à faire le régal des clients s'il en ingère (Poulain, 1997). Les Aztèques cuisinaient également une race de chien qu'ils engraissaient spécialement.