C'est en 1548 qu' Alonso Perez de Tolosa évoque pour la première fois un poison mortel utilisé pour les flèches par les indiens du sud du Lac Maracaibo en Colombie. En 1596, Sir Walter Raleigh mentionne un poison de flèche en son livre Découverte du grand, riche, et bel empire de la Guyane. On n'est pas certain que ces deux poisons soient du curare. Selon une légende, il aurait rapporté des flèches empoisonnées en Europe. Les récits des Conquistadors et religieux, tel Las Casas, ont fait ensnuite connaître ce poison. Au détour d’une expédition en Guyane, Lawrence Keymis mentionne à son tour, vers 1596, un poison appelé ourari. Au XVIIIe siècle, le Père José Gumilla (es) nomme le curare et décrit ses effets. Les sud-Amérindiens en enduisent les flèches qu'ils lancent avec une sarbacane pour chasser. Le gibier est empoisonné par paralysie musculaire quelques instants après avoir été touché, ce qui évite d'effrayer les autres cibles potentielles. La consommation de la viande reste possible, le curare n'étant pas actif par ingestion. C'est Charles Marie de La Condamine qui en rapporte les premiers échantillons connus, en 1745. Alcide d'Orbigny en fait la description en 1854 dans son récit de voyage mais l'attribue par erreur au bertholletia , son récit est très proche de celui de Alexandre de Humboldt dans le Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent entre 1799 et 1804 lequel a également décrit la préparation du curare, préparé avec la liane Mavacure ( Strychnos Rouhamon ) et les fruits (juvias) du Bertholletia excelsa (ce qui pourrait être une erreur d'attribution). Le médecin de Marine et explorateur Jules Crevaux (1847-1882) accompagné du breton Eugène Lejanne, fit plusieurs expéditions en Amazonie, il apprit à préparer le curare, grâce au tamouchy Apoïké et d'un sorcier Piaroa, une recette. Il identifia plusieurs espèces de Strychnos, comme le Strychnos Yapurensis celui qui porte son nom, S. Crevauxii.
Préparé à l'aide d'une liane Strychnos ( Strychnos castanea, Strychnos crevauxii ) , du Chonodendron tomentosum, de plantes de la famille des Logniaceae et de la famille des Menispermaceae et d'autres plantes destinées à l'épaissir, le curare, liquide noir brun, fut classé en quatre ou cinq variétés selon les origines territoriales:
On a aussi autrefois groupé les différentes sortes de curare en trois séries :
Le premier est préparé par les Macusis, les Arécunas et les Wapisianas ; le second par les Ticunas, les Pebas, les Yaguas et les Orégones, et le troisième par les Guinans et les Maiongkongs. De nombreuses autres tribus indiennes utilisent du poison pour le flèches empoisonénées tels les Jivaros, Makiritari et Aura, Kachúyana, Yanomamis , Nambikwaras, Cabixi, Pareci (Nord Amazonie), Chiquitos (Bolivie) , Puelches etc... Dans le Haut-Amazone il est toujours préparé avec une liane Strychnos et une plante Menispermacée comme l' Abuta ou le Cocculus Imena et dans le sud ( Nambikwaras) par une seule liane Strychnos ) aux petites feuilles, non identifiée.
Sont utilisée dans la préparation du curare : Les feuilles (curare de feuilles) , ou bien l'écorce des tiges (curare d'écorce) ou encore l'écorce des racines (curare de racines). En général, on fait infuser l'écorce coupée en petits morceaux ou broyée ; on concentre la liqueur afin que le curare devienne assez épais pour s'attacher aux flèches ; dans le même but, on y ajoute aussi un suc gluant et mucilagineux, fourni par une plante bulbeuse appelée Muramu ou par un arbre nommé Kiracaguero, suivant Humboldt. Quelques auteurs disent qu'on y introduisait également du venin de certains serpents, une tête de grenouille, des fourmis ...
Le curare est vendu dans le commerce, conservé soit dans des calebasses (Curare de Strychnos), soit dans des tubes bambous (Curare de Chenodendron), soit dans de petits pots d'argile d'une pâte fine et très dure. Il circulait sous la forme d'un oeuf et était utilisé comme monnaie d'échange chez les indiens Piaroa.