Convulsionnaires - Définition

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Introduction

Le vocable « convulsionnaires » est forgé au XVIIIe siècle à partir du terme médical de convulsion. En effet, il sert à l'origine à désigner collectivement des individus atteints de troubles mentaux qui, lors de transes mystico-religieuses, présentent des convulsions, entre autres manifestations spectaculaires. Le terme est ensuite appliqué à un mouvement politico-religieux né dans le contexte de l'opposition janséniste à la bulle Unigenitus et à la répression politique et religieuse des prêtres appelants. Ce mouvement est défini par ses acteurs comme l'« Œuvre des convulsions ».

Le mouvement convulsionnaire est riche d'interprétations. Il se situe au carrefour de l'histoire du jansénisme, de pratiques religieuses traditionnelles, d'un sentiment d'indignation du petit peuple parisien, de la naissance de l'opinion publique et du monde sectaire. Il évolue durant le XVIIIe siècle et pousse ses derniers développements jusqu'au cœur du XIXe siècle.

À la fois religieuse et scandaleuse, l'« œuvre des convulsions », est objet d'attention, de réprobation et d'interrogations pour ses contemporains, tout en étant fermement condamnée par l'Église. Les convulsions sont souvent vues comme une déchéance du jansénisme. Au milieu du XIXe siècle, Sainte-Beuve parle ainsi, dans son Port-Royal, d'« ignominie des convulsions ».

Pour saisir ce que fut le mouvement convulsionnaire, il faut faire coexister la rationalité pure avec les pratiques religieuses populaires teintées de merveilleux qui font le quotidien des quartiers commerçants du Paris de la première moitié du XVIIIe siècle. L'origine des convulsions tient à la querelle janséniste. Si les convulsions semblent ne rien avoir de commun avec l'austère piété des habitants de Port-Royal-des-Champs, leur existence est pourtant directement liée à la persécution contre les religieuses et les prêtres liés au jansénisme.

Nota bene : l'orthographe des citations de documents d'époque a été conservée.

Du jansénisme aux convulsions

Les paroisses jansénistes parisiennes dans la première moitié du XVIIIe siècle.

La proclamation de la bulle papale Unigenitus en 1713 a théoriquement mis fin à la controverse janséniste. Condamnation ferme du jansénisme, ce texte rejette les thèses jansénistes sur la grâce et la prédestination. Cependant cela n'empêche pas une certaine démocratisation du débat, qui se restreint de moins en moins à un simple débat théologique réservé aux élites. Le petit peuple de Paris a pris fait et cause pour le clergé janséniste. Celui-ci, présent dans les quartiers populaires du centre de Paris, se distingue souvent par sa simplicité, sa pratique de la charité et la qualité de la vie spirituelle qu'il offre aux fidèles. Dans les années 1730, près de la moitié des prêtres de ces quartiers se situent dans la mouvance jansénisante.

Alors que la Régence rompt avec l'autoritarisme de la fin du règne de Louis XIV, un grand nombre d'évêques, de prêtres, de moines, et même de laïcs font « appel » de la bulle Unigenitus auprès du pape. On les nomme les appelants. Ils sont condamnés par les autorités ecclésiastiques, mais leur condamnation est mal acceptée par le peuple parisien, qui commence à s'intéresser, selon l'expression de l'époque, aux « affaires du temps ». Cette naissance de l'opinion publique est favorable aux jansénistes, d'autant plus qu'elle est tenue au courant de toutes les affaires par les Nouvelles ecclésiastiques, journal clandestin janséniste qui est très diffusé dans les milieux populaires.

La cause janséniste est donc devenue une cause populaire. Elle lie dans un sentiment d'opposition au pouvoir et à Rome toute une part de la population parisienne : clercs, gens de la robe (avocats, parlementaires, etc.), petit peuple, sont prêts à prendre le parti des jansénistes.

Marguerite Périer, nièce de Blaise Pascal, guérie par le miracle de la Sainte-Épine.

D'autre part, le mouvement janséniste a toujours fait une part importante aux miracles. C'est pour eux une manière de sentir l'approbation divine. Ainsi, le miracle de la Sainte-Épine, qui guérit la jeune Marguerite Périer en pleine période de condamnation du jansénisme, est-il vu comme une intervention de Dieu en faveur de leur cause.

Au début du XVIIIe siècle, alors que la condamnation du jansénisme est définitive, il ne reste donc plus que le recours à Dieu pour défendre leur cause.

Les premiers miracles liés aux appelants ont lieu dans les années 1720. Celui de madame Lafosse fait autant de bruit à Paris que celui de Marguerite Périer en 1656 : le 31 mai 1725 la dame Lafosse, qui souffre de pertes de sang « qui l'avaient réduite à l'extrémité » depuis une vingtaine d'années, suit la procession de la Fête-Dieu. Elle est subitement guérie, alors même que le prêtre qui portait l'ostensoir, Jean-Baptiste Goy, est appelant. Le miracle est reconnu comme une preuve de la présence réelle, et la paroisse Sainte-Marguerite, où il a eu lieu, le commémore pendant près d'un siècle. Ce miracle attire l'attention du monde parisien : Voltaire cherche à savoir si le miracle est véridique, rencontre la femme et lui offre une somme d'argent qu'elle refuse. Cela n'empêchera pas le philosophe de dénigrer le miracle quelques années après, dans son Siècle de Louis XIV, en disant que « le Saint-Sacrement guérit en vain la femme Lafosse, au bout de trois mois et en la rendant aveugle. »

Deux ans après meurt Gérard Rousse, un chanoine du diocèse de Reims, prêtre et appelant. Sur sa tombe se multiplient alors les miracles, comme ceux de la dame Stapart et d'Anne Augier. Des gravures de Jean Restout sont diffusées largement et illustreront par la suite le livre de Louis Basile Carré de Montgeron, La vérité des miracles de M. de Pâris démontrée contre M. l'Archevêque de Sens (1737). Ces miracles sont très populaires.

Le mouvement convulsionnaire naît, en tant que tel, des événements qui se produisent sur la tombe d'un simple diacre appelant mort en 1727 : François de Pâris.

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