Confrontation à la réalité de l'image du requin tueur des Dents de la mer - Définition

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Introduction

La tétralogie Les Dents de la mer (titre original américain : Jaws) a beaucoup contribué à la mauvaise réputation qu'ont les requins auprès du public, en installant durablement dans l'esprit du spectateur l'image d'un animal étant une impitoyable machine à tuer. Le film de Steven Spielberg a donné lieu à plusieurs ersatz, principalement italiens et américains, faisant souvent primer la surenchère sur une quelconque représentation plausible de la réalité.

Les Dents de la mer

Synopsis • Production et tournage • Adaptation du roman au cinéma • Résultats au box-office • Comparaison avec les autres volets de la saga • L'image du requin tueur : mythe et réalité • Anecdotes

Une mauvaise réputation légendaire non méritée

Dès le Moyen Âge, la mauvaise réputation du requin est déjà un fait établi :

« Ce poisson mange les autres, il est très goulu, il dévore les hommes entiers, comme on a connu par expérience ; car à Nice et à Marseille on a autrefois pris des Lamies, dans l'estomac desquelles on a trouvé homme armé entier. »

— Guillaume Rondelet, De piscibus marinis, libri XVIII, in quibus veræ piscium effigies expressæ sunt (L'histoire entière des poissons), Lyon, 1554.

En 1876, dans Le petit Buffon illustré des enfants, le requin est décrit de manière encore plus terrifiante :

« Cet être vorace est le tigre de la mer. Il atteint quelquefois dix mètres de longueur ; sa gueule et son gosier sont très larges et lui permettent d’avaler un homme avec beaucoup de facilité, aussi en a-t-on trouvé maintes fois dans leur corps ; - on cite un requin, dans le ventre duquel on trouva deux hommes, dont l’un avait des bottes et l’épée au côté. [...] En somme, cet animal, armé pour la bataille, ne redoute que bien peu d’ennemis, et il ravagerait le monde de la mer, sans le cachalot qui l’arrête dans son œuvre de destruction, en le détruisant lui-même. Le requin montre une grande avidité pour la chair humaine ; une fois qu’il en a goûté, il ne cesse de fréquenter les parages où il espère en trouver. »
Tableau n°1 : Moyenne des décès/an liés à des animaux aux É.-U. de 1990 à 1999
Animal Morts/an
Cervidés 130 a
Chiens 18 b
Serpents 15 c
Pumas 0,6 d
Requins 0,4 e
Ce tableau est librement inspiré d'un fait réel, celui de l'attaque par un requin de Brook Watson, futur marin anglais alors âgé de quatorze ans, en 1749, dans le port de La Havane à Cuba.
Watson and the Shark de John Singleton Copley
Huile sur toile, 1778 (1,82 x 2,29 m)
Fond Ferdinand Belin Lammot
et Museum of Fine Arts (Boston) (réplique grandeur nature)
Paradoxalement la réputation du requin tient surtout à l'aspect exceptionnel et rare d'une attaque, d'autres animaux entrainant plus souvent la mort d'humains (voir : tableau n°1). En effet, l'hippopotame ou le cobra tuent des milliers de personnes chaque année dans le monde sans pour autant que cela soit médiatisé, en revanche une attaque ou même la seule présence d'un requin dans l'eau donne lieu à un article en bonne place dans les journaux. En fait, la raison de cette crainte est surtout liée à la perception psychologique voire psychanalytique des profondeurs sombres et inconnues des océans qui alimentent tous les fantasmes.

Le requin est un prédateur, notamment spécialisé dans le nettoyage de cadavres flottants et l'attaque d'animaux malades. Qualifier un requin de mangeur d'hommes est impropre car son régime ne comprend qu'exceptionnellement des êtres humains. La majorité des rares attaques de requins sont du type mordu-relâché (ou morsure d'exploration) sans autre suite que les conséquences de l'unique morsure (qui peut être mutilante et fatale pour cause d'hémorragie). Les requins n'ont pas l'habitude de consommer des êtres humains, cette nourriture ne faisant pas partie de leur menu habituel et commun.

Le plus souvent une attaque est liée à une erreur d'identification ou peut être motivée par la curiosité ; cette dernière hypothèse devenant de plus en plus crédible aux yeux de spécialistes du grand requin blanc comme R. Aidan Martin.

Un évènement aussi rare et spectaculaire qu'une attaque de requin a souvent une couverture médiatique mondiale disproportionnée alimentée par la recherche du sensationnel. C'est ce qui a amené George Burgess, spécialiste des requins du muséum d'histoire naturelle de Floride et responsable de la base de données mondiale des attaques de requins, à rappeler que statistiquement il y avait beaucoup plus de risque d'être tué en allant se baigner en Floride par une noix de coco qui tombe sur la tête que par un requin. Le risque est également bien plus grand de se faire écraser par une voiture en traversant la rue.

Depuis quelques années se développe la plongée sans cage avec des requins en milieu tropical. Des centaines de plongées sont organisées chaque jour dans le monde en compagnie essentiellement de requins de récif mais également à l'occasion en présence de requins tigres, de grands requins-marteaux ou encore de requins bouledogues. Cette activité, relativement peu risquée (pour l'instant), permet de démystifier le requin auprès des plongeurs et de l'observer en milieu naturel. Néanmoins, le mythe du « requin tueur sanguinaire » continue à rester profondément ancré dans l'inconscient collectif du grand public.

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