Stratégies des femelles et choix cryptique
Le rôle des femelles dans la compétition spermatique a longtemps été ignoré. En effet on pensait que les femelles n’avaient qu’un rôle passif dans la reproduction. Cependant, Thornhill et Eberhard émirent l’idée selon laquelle le lieu de compétition spermatique, i.e. le tractus génital de la femelle, pouvait éventuellement donner la possibilité aux femelles d’agir sur la sélection du sperme. Ce phénomène est appelé « Choix cryptique des femelles » et décrit les processus pré et/ou post copulatoires amenant la femelle à favoriser le sperme d’un mâle au détriment des autres. Cependant, il reste difficile de mettre en évidence spécifiquement cette compétition et de la dissocier de la compétition spermatique des mâles.
Stratégies pré-copulatoires
Avant la copulation les mâles rivalisent d’ingéniosité pour attirer les femelles (ornements, combats), cependant ce sont les femelles qui en général choisissent avec quels mâles elles s’accoupleront. Par ailleurs, les femelles peuvent favoriser certains mâles en s’accouplant plusieurs fois avec.
Stratégies post-copulatoires
En dehors du comportement pré-copulatoire et de quelques cas particuliers, la compétition spermatique chez les femelles a lieu après la copulation et elle a lieu généralement dans les voies génitales de celles-ci.
- Sélection des éjaculats - Selon plusieurs études, les femelles semblent pouvoir agir sur la paternité des œufs en sélectionnant le sperme du mâle qu’elles « préfèrent ». Les mécanismes sous-jacents sont encore mal connus, mais quelques pistes sont données. Les femelles peuvent avoir un contrôle de la paternité en expulsant les éjaculats des mâles. Les spermathèques chez les insectes, auraient un grand rôle dans la sélection des éjaculats. En effet les femelles ayant un contrôle sur la fermeture ou l’ouverture de celles-ci, permettraient de favoriser les mâles de leur choix. Notamment chez Scathophaga stercoraria, les muscles de la spermathèque permettent de modifier le stockage du sperme.
- Sélection des spermatozoïdes - L'incompatibilité génétique des spermatozoïdes serait une forme de sélection des spermatozoïdes par la femelle. Par exemple on retrouve ce processus chez les plantes, entre un grain de pollen (mâle) et le stigmate (femelle) où s'il y a incompatibilité génétique entre ces deux composants, le tube pollinique qui permet au grain de pollen de féconder l'ovule ne se développe pas. Ce mécanisme peut avoir plusieurs sources : la dominance ou la surdominance d'un gène, des conflits inter ou intragénomiques, etc. Ceci permettrait d'éviter tout avortement (chez les mammifères) ou perte des œufs (chez les insectes) et ainsi de minimiser les coûts de la fabrication des ovules. Chez les Diplosoma, ascidies hermaphrodites coloniales marines, le sperme est directement relargué dans l'eau avant d'atteindre l'oviducte des femelles. Si le sperme est incompatible avec l’oviducte, il sera détruit par l’individu femelle. La fécondation ne pourra avoir lieu. Un autre mécanisme existerait dans le règne animal : la sélection des spermatozoïdes par les pronucléus femelles. En effet (d’après Carré 1991) chez Beroë ovata appartenant à la famille des Cnétaires ou Cténophores, le choix spermatique dans la femelle peut s'observer directement (l'animal et les œufs étant transparents). Les scientifiques ont pu mettre en évidence que les spermatozoïdes après avoir pénétrés l'ovaire vont être choisi par les pronucléus femelles qui vont tourner autour avant de fusionner avec.
Ainsi de nombreux exemples tendent à prouver que les femelles ont un rôle actif dans le choix de la paternité des œufs, même si tout ne peut être affirmé de façon catégorique. Car la différence compétition mâle-mâle et femelle-mâle reste floue. Les stratégies pré-copulatoires sont moins controversées que les stratégies post-copulatoire car elles sont basées sur des fais bien observables : le comportement des femelles.