Aux pages 624 et 625 du tome troisième du Dictionnaire raisonné universel d'histoire naturelle on peut lire :
Toutes les parties de cette plante ont une odeur plus ou moins forte & qui cause quelquefois des nausées. La racine excite la salive & la fait paroître un peu amere : prise intérieurement elle est un poison ; car elle gonfle comme une éponge dans la gorge & dans l’estomac, en sorte qu'elle suffoque : on éprouve en même temps une pesanteur & une chaleur considérables autour de l'estomac, un déchirement dans les entrailles, des démangeaisons par tout le corps ; on rend du sang par les selles avec des morceaux de la racine même : indépendamment de l'émétique, l'usage du petit lait & des lavemens adoucissans & émolliens sont très-salutaires en pareil cas.
Le colchique pris intérieurement est, comme nous venons de le dire ci-dessus, un poison très-violent; mais comme les plus grands poisons peuvent devenir de grands remedes, quand ils font maniés comme il convient, celui-ci paroît être à présent dans ce cas. C'est à M. Stork, Médecin à Vienne en Autriche, que nous sommes redevables d'avoir découvert les vertus médicinales du colchique. Cet habile Médecin digne de la reconnoissance de tous les hommes, après avoir reconnu les effets du colchique, par des épreuves faites sur lui-même, a découvert que la racine de cette plante à la dose d'une once dans une livre de vinaigre, qu'on réduit ensuite en oxymel, peut être prise intérieurement sans danger ; & que cet oxymel est un des plus puissans diurétiques qu'on puisse employer. M. Stork a guéri avec ce remede, & comme par miracle, plusieurs hydropisies qui paroissoient désespérées. La dose d'oxymel de colchique est d'un gros, une ou plusieurs fois par jour, suivant les cas, dont le Médecin est seul en état de juger. La Dissertation que M. Stork a publiée à ce sujet a été traduite en François. M. Haller dit que l'onguent de colchique n'a pas réussi en Angleterre.
La mort peut subvenir jusqu'à 10 jours après l'ingestion.
La plante entière produit un alcaloïde très toxique, la colchicine qui possède des propriétés mutagènes et antimitotiques (qui bloque les mitoses).
La colchicine, dont l'indice thérapeutique est étroit, est utilisée :
En horticulture, la colchicine est utilisée comme agent mutagène pour modifier génétiquement des plantes, sans insertion de gènes étrangers, afin de produire au hasard de nouvelles variétés parmi les sujets viables produits. C'est un moyen de doubler ou quadrupler le nombre de chromosomes (polyploïdie). Ce type de molécule pourrait éventuellement jouer dans la nature un rôle en produisant de nouvelles variétés, voire de nouvelles espèces, mais les mutations induites par cette molécule sont rarement viables.
La démécolcine est une molécule proche de la colchicine, mais n'est guère utilisée de nos jours. Le thiocolchicoside (Coltramyl®, Miorel®), un dérivé semi-synthétique, est utilisé comme myorelaxant.