Cocaïne - Définition

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Pharmacologie

La cocaïne a des effets nooanaleptiques majeurs similaires à ceux des amphétamines, notamment à ceux de la méthamphétamine. C'est un stimulant.
Elle agit sur le système nerveux central, en bloquant la recapture des monoamines dans l'espace synaptique.
Son effet est attribué au fait qu'elle bloque la recapture de la dopamine et entraîne donc une augmentation de la concentration du neurotransmetteur dans diverses régions du cerveau notamment le nucleus accumbens. Elle bloque aussi le transport de la sérotonine et de la noradrénaline, mais ces mécanismes ne sont pas considérés comme appartenant aux effets psychostimulants.

Chimie

La cocaïne est peu soluble dans l'eau mais son sel l'est.

Stéréochimie

La cocaïne possède quatre atomes de carbone chiraux dont deux (C1 et C5) sont les atomes tête de pont du 8-azabicyclo[3.2.1]octane et se trouvent de ce fait obligatoirement dans la conformation (R,S) pour des raison de contraintes géométriques. Ils peuvent néanmoins se présenter sous les deux formes (1R,3S) et (1S,3R) dans la cocaïne car ses substituants cassent la symétrie du bicycle. les carbones C2 et C3 quant à eux peuvent donner chacun deux formes aussi. Il y donc 23=8 formes énantiomères/diastéréoisomères de la cocaïne mais la forme naturelle, extraite des feuilles d'une plante nommée Erythroxylon coca, consiste uniquement en le diastéréoisomère (1R,2R,3S,5S).

Usage détourné et récréatif

Cocaïne en poudre

La cocaïne se présente le plus souvent sous la forme d'une poudre blanche et floconneuse, plus rarement sous forme de cristaux. La cocaïne (ou chlorhydrate de cocaïne de son nom scientifique) qui alimente le trafic clandestin est la plupart du temps coupée - « allongée » - dans le but d'en augmenter le volume, avec des substances diverses telles que le bicarbonate de soude, le sucre, le lactose ou divers autres produits pharmaceutiques et parfois avec du verre pilé. Ces produits de coupe sont susceptibles d'en accroître les dangers par une potentialisation des effets ou par une interaction entre deux produits. La poudre vendue sur le marché clandestin comme étant de la cocaïne n'en contiendrait en fait que 3 à 35 %.

Sa saveur est amère et provoque une sensation d'engourdissement sur la langue quand on la goûte.

La cocaïne est considérée comme le premier psychotrope illicite ayant donné lieu à un trafic organisé mettant en place les stéréotypes de ce type de marché soit le fournisseur (futur dealer) et la pratique du coupage. Elle est également utilisée à des fins de dopage.

Habitudes de consommation

Usage le plus répandu 
  • prisée (ou « sniffée » en langage courant) : méthode consistant à inhaler la cocaïne sous forme de poudre, en général au moyen d'un petit tube creux appelé « paille ». La cocaïne est alors disposée en petits tas filiformes, appelés « traits », « barres », « rails », « lignes », « tracks »,« lichettes », « poutres » ou « traces ». L'effet se fait sentir au bout de deux minutes et dure environ une heure.
Usages courants 
  • freebase : cocaïne base (libérée de son sel) en mélangeant le chlorhydrate (cocaïne poudre) avec de l'ammoniac (ou du bicarbonate de soude), ensuite chauffée jusqu'à apparition des cristaux (il s'agit de cocaïne sous forme de sa base libre) est ensuite lavée à l'eau, ceci pour éliminer toutes les traces d'alcali (ammoniaque, bicarbonate, etc.) ayant servi à sa préparation. Sous forme de sa base libre, elle est volatile, et se fume dans une pipe spécifique (parfois considéré comme analogue au crack). L'effet se fait sentir au bout de deux minutes et dure environ 30 minutes.
  • fumée en joint.
  • « chasser le dragon » : méthode consistant à inhaler les vapeurs de cocaïne, chauffée la plupart du temps sur une feuille d'aluminium par le dessous.
  • ingérée en parachutes une dose de cocaïne est enveloppée dans du papier à cigarettes et gobée. L'effet se fait sentir au bout de 20 minutes et dure environ 1 heure.
  • injectée en intraveineuse. L'effet se fait sentir au bout de 10 secondes et dure environ 20 minutes. Elle se rencontre généralement chez les polytoxicomanes.
Usages anecdotiques 
  • appliquée sur certaines muqueuses (rectale, vaginale ou gland). L'insensibilité obtenue passe pour prolonger l'acte sexuel car ces zones sont anesthésiées.
  • par voie orale sous forme d'extrait, de teinture ou de vin. Cet usage était majoritaire au XIXe siècle.

Elle est parfois consommée avec de l'héroïne (speed-ball) afin de compenser les effets dépresseurs de l'héroïne par les effets stimulants de la cocaïne. Avec de l'alcool, ceci augmente la toxicité des deux produits.

Effets et conséquences

Chez la femme enceinte, la cocaïne traverse la barrière placentaire et expose le fœtus à des risques de retard de croissance, accidents vasculaires, malformation.

Effets ressentis

L'usage de la cocaïne provoque :

– la sensation d'avoir la gorge gonflée ;
– une forte euphorie ;
– un sentiment de puissance intellectuelle (illusion de tout comprendre et d'avoir une intelligence inconcevable) et physique (voire sexuelle) qui provoque une désinhibition ;
– une indifférence à la douleur, à la fatigue et à la faim.

Ces effets vont laisser place ensuite à ce qu'il est commun d'appeler « descente » ou craving : un état dépressif et à une anxiété que certains apaiseront par une prise d'héroïne ou de médicaments psychoactifs tels que antidépresseurs, anxiolytiques, calmants divers.

Effets à court terme

  • augmentation du rythme cardiaque (tachycardie), voire troubles du rythme cardiaque ;
  • augmentation de la pression sanguine (hypertension) et de la respiration ;
  • hyperthermie ;
  • crampes, tremblements, spasmes, épilepsie ;
  • saignements de nez, anosmie durant 48 heures en cas de prise par voie nasale.

La levée des inhibitions peut provoquer une perte de jugements entraînant parfois des actes inconsidérés, tels que la violence, des comportements très agressifs.

Effets à long terme

Consommée de façon régulière, la cocaïne peut provoquer :

  • une contraction de la plupart des vaisseaux sanguins : les tissus, insuffisamment irrigués, se nécrosent. C'est souvent le cas de la cloison nasale avec des lésions perforantes pouvant aller jusqu'à la nécrose des parois nasales chez les usagers prisant régulièrement la cocaïne ;
  • des troubles du rythme cardiaque pouvant entraîner des accidents cardiaques ;
  • des troubles de l'humeur : irritabilité, paranoïa, attaque de panique, dépression ;
  • troubles du système nerveux : panique, sentiments de persécution, actes violents crises de paranoïa et hallucinations.
  • une augmentation de l'activité psychique : des insomnies, des amnésies, des difficultés de concentration, tics nerveux, etc. ;
  • une dépendance psychique rapide et forte. On estime que 20% des usagers deviennent dépendants. La dépendance à la cocaïne est parfois réversible mais même après un arrêt complet de consommation, il faut attendre de 12 à 18 mois sans rechute pour être considéré comme « guéri ».

La tolérance ne concerne que certains des effets notamment l'euphorie et est fortement liée aux sensibilités individuelles.

Le syndrome de sevrage n'a été officialisé qu'en 1987 et ses manifestations physiques ne sont pas toujours observables.

La consommation « en rail » favorise les transmissions virales (hépatite B, hépatite C et sida) par le partage de pailles ou de seringues (dans le cas d'une absorption par injection).

Décès lié à la cocaïne

Les cas de décès imputés à la cocaïne sont dus à :

– un état de santé incompatible avec la prise de cocaïne (antécédent de problèmes cardiaques, hypertension, insuffisance respiratoire, asthme, épilepsie, problèmes hépatiques ou rénaux, diabète) ;
– un dosage trop élevé, dit "overdose" ;
– un mélange avec d'autres substances aggravantes (risque de coma toxique en mélangeant alcool et cocaïne ; troubles cardiaques en mélangeant cocaïne et boissons stimulantes, tabac, Viagra, amphétamines).

Traitements de la cocaïnomanie

Laurent Karila et collaborateurs ont récemment publié une revue sur les différents traitements de l'addiction à la cocaïne. Parmi eux, on retrouve la N-AcetylCysteine, le topiramate, le modafinil, l'aripiprazole, le vaccin anticocaïne

Statistique

Évaluation de la consommation

En 2000, il est estimé que 14 millions de personnes consomment de la cocaïne. Selon le rapport de l'OICS du 1er mars 2006, la cocaïne arrive au deuxième rang des drogues dont l'usage est le plus répandu en Amérique du Nord. Il est estimé que les États-Unis comptent à eux seuls 2,3 millions d'usagers. Il est cependant signalé une baisse de 70% de la consommation de cocaïne dans ce dernier pays entre 1985 et 1999 et une nouvelle baisse d'un quart au cours des années 2000. À l'opposé, le nombre de consommateurs de cocaïne a augmenté en Europe, passant de 2 millions en 1998, à 4,1 millions en 2008.

Évaluation de la production

De 900 à 1 000 tonnes de cocaïne sont produites chaque année.

La Colombie a été longtemps le premier pays producteur de cocaïne, totalisant à elle-seule 776 tonnes par an (données 2005), mais en 2009, les statistiques de l'ONU indique la Pérou produit 45,4% de toute la cocaïne produite dans le monde suivi par la Colombie avec 39,3% et de la Bolivie avec 15,3% du total.

Évaluation du trafic

Fin 2008, le marché européen était estimé représentait 34 milliards de dollars et le marché américain estimé à 37 milliards de dollars.

En 2004, plus de 64 000 saisies, soit 74 t de cocaïne, ont été effectuées sur le territoire de l’Union européenne. L’Espagne a effectué la moitié des saisies en nombre et en volume.

Selon un rapport de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) du 18 octobre 2006, les saisies en France de cocaïne de 2005 (5 tonnes) sont en progression de 16 % par rapport à 2004, qui constituait déjà un record.

Le marché américain reçoit alors 600 des 900 à 1 000 tonnes produites chaque année.

En Europe, en 2005, le coût de la cocaïne est d'environ 26 000 à 28 000 euros le kilo (soit 26 à 28 euros le gramme).

Termes dérivés

Cocaïnomanie

Ce terme est composé de cocaïne et de manie, du grec mania pour « folie, passion ». Il désigne une consommation régulière et non-contrôlée de cocaïne, amenant un état de dépendance, soit une toxicomanie.

Cocaïnomane

Ce terme dérivé du précédent désigne les personnes atteintes de cocaïnomanie.

Cocaïnisme

Ce terme désigne une intoxication chronique à la cocaïne.

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