Classe Mistral - Définition

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Caractéristiques

La hauteur du Mistral (L9013) par rapport à celle de ses remorqueurs est décelable lors de son lancement à Brest (6 octobre 2004)

Au sein de la Force d’action navale de la Marine nationale, le Mistral et le Tonnerre sont les plus importants bâtiments en tonnage après le porte-avions nucléaire (PAN, CVN selon l’OTAN) Charles-de-Gaulle, qu’ils dépassent d’ailleurs en hauteur d’un mètre au niveau du pont d’envol. Déplaçant 21 300 tonnes à pleine charge, ils ont une longueur de 199 mètres, une largeur de 32 m et un tirant d’eau de 6,2 m.

La classe Mistral a bénéficié d’évolutions technologiques militaires significatives mais également d’autres, inspirées du civil, y compris grâce à des achats « sur étagère » de technologies éprouvées. Il répond ainsi à une norme mixte "civilo-militaire" dite BV Mili.

Capacités aéronautiques

L'îlot du Mistral vu du pont d'envol (14 novembre 2009)

Pont d’envol

Comparés aux 1 450 m2 de surface de pont d'envol du TCD Foudre (3 spots sur plate-forme avant) ou aux 1 536 m2 du TCD Siroco (3 spots sur plate-forme avant et 1 sur plate-forme arrière), les 6 400 m2 des BPC s’étalent sur un pont continu comprenant 6 spots. Les hélicoptères alliés «moyens lourds» comme le «EH101 Merlin» (16 tonnes), peuvent se poser sur le pont d'envol. Les hélicoptères «super lourds» comme le «Super Stallion» américain (35 tonnes) disposent d’un spot dédié (spot n° 1).

Mise en œuvre d’hélicoptères

Si la mise en œuvre simultanée d’hélicoptères passe seulement de 4 à 6, le nombre de ces derniers stockés, réparés et prêts à décoller, passe lui de 4 à 16 au sein d’un hangar de 1 800 m2 situé au pont inférieur. Une zone de maintenance aéronautique équipée d’un pont roulant, divers ateliers et magasins aéronautiques autorise l’entretien complet des hélicoptères embarqués. Les installations d’avitaillement en carburant aviation (kérosène TR5) permettent d’effectuer des pleins ou reprises sur 4 hélicoptères simultanément sur le pont d’envol grâce à un monte-munitions ou de mener cette opération à l’intérieur du hangar.

Ascenseurs

Les BPC sont dotés de 2 plates-formes élévatrices Mac Gregor de charge de 13 tonnes, la première de 225 m2(15 x 15 m ), permettant la montée au niveau du pont d’envol d’hélicos voilures déployées (écourtant le délai de décollage), la seconde de 120 m2soit (18,5 x 6,5 m) à proximité d’une grue de charge de 17 tonnes. Selon le capitaine de vaisseau Gilles Humeau, commandant du Mistral, « la taille du pont d’envol permettait [en opérations, ndlr] de mettre en œuvre 30 aéronefs en utilisant les 6 spots ».

Aide à l’appontage

Pour faciliter l’appontage, les installations comprennent un radar d’approche DRBN-38A Decca Bridgemaster E250 et une optique comprenant un Indicateur de Pente et de Descente (IPD) et une Barre de Repère Horizontale (BRH).

Capacités amphibies

La vitesse de ces 2 LCACs du USMC est visible aux gerbes d’écume qui les entourent lors de cet exercice au large de Thaïlande (28 mai 2002)

Les BPC peuvent embarquer 450 militaires et tous les engins de l’armée de Terre, du véhicule léger tout-terrain Peugeot P4 au char de bataille Nexter AMX-56 Leclerc. En dépit d’un hangar véhicules de 2 650 m2 (contre 1 000 m2 pour ses prédécesseurs de la classe Foudre), les BPC ne peuvent stocker que 59 blindés dont un escadron de 13 chars Leclerc (contre environ 100 véhicules dont 22 chars Nexter AMX-30 pour les TCD Foudre). De même, le radier de 885 m2 des BPC est prévu pour accueillir 4 CTM (Chalands de Transport de Matériel) contre 8 sur 1 732 m2 pour les Foudre.

Néanmoins, les BPC possèdent une plus-value de taille : pouvoir embarquer dans un radier deux aéroglisseurs LCAC de 95 tonnes de l’US Marine Corps (USMC) qui, si la Marine française en faisait l’acquisition, permettraient un plageage sur quasiment 70 % des côtes mondiales, contre seulement 15-30 % pour les TCD, limités aux plages de sable ou aux zones marécageuses. Enfin, la vitesse du LCAC (54 nœuds) permet d’envisager un positionnement de la force à distance de sécurité au-delà de l’horizon, soit over the beach (OTB).

Poste de commandement

Un bâtiment « en réseau »

La passerelle du Mistral (L9013) (18 octobre 2007)

Les TCD Foudre disposent déjà d’installations de commandement très élaborées. Néanmoins, les dimensions des BPC leur permettent de mettre à la disposition d’un état-major un Poste de Commandement de Niveau Opératif Embarqué (PC NOE) ayant vocation à conduire depuis la mer une opération interarmées, nationale ou interalliée d’ampleur limitée ou un PC Amphibious Task Force ou Landing Force (ATF ou LF, selon l’OTAN) avec un effectif de 50-100 personnels. Les BPC disposent de 850 m2 de locaux préconnectés et modulables (150 postes de travail communiquant à 10 Mbit par seconde). Leur PC permet de gérer au mieux l’information récoltée dans le concept de combat en réseau infocentré (Network Centric Warfare) grâce aux senseurs du Système de Direction des Opérations (SDO), fédéré par le Système d’Exploitation Navale des Informations Tactiques (SENIT) de DCN (dérivé du Naval Tactical Data System (NTDS) américain) dont la version 9 a connu des retards. Le SENIT 9 comprend le Thales Multi Role Radar (MRR3D-NG) 3D à bande-C avec capacité d’Identification Friend or Foe (IFF). En outre, il permet la fédération des systèmes d’information et de planification et la mise en réseau, ensemble de nœuds (ou pôles) reliés entre eux par des liens (canaux ou links) comme la Liaison 11 et la Liaison 16 de l’OTAN et, à terme la Liaison 22.

Télécommunications

Alors que les télécommunications militaires étaient assurées par quatre satellites civils Telecom 2 du SYstème de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE (SYRACUSE), les BPC bénéficient des satellites SYRACUSE 3-A et -B, le premier réseau français sécurisé. Du 18 au 24 juin 2007 a été mise en place une visioconférence biquotidienne et chiffrée entre l’équipage du Tonnerre et de nombreuses personnalités dont le président de la République Nicolas Sarkozy, en visite au Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget.

Armement

La menace asymétrique

En matière d’autodéfense, le Mistral « n'est pas au top », confessait son commandant Gilles Humeau à la suite du conflit israélo-libanais de 2006 au cours duquel la corvette furtive israélienne Hanit de la classe Sa'ar V était touchée, le 14 juillet 2006, par l’un des 60 missiles de croisière chinois Ying-Ji C-802 fournis à l’Iran puis cédés au Hezbollah. Le contre-amiral Xavier Magne renchérit : « La force Baliste a opéré sous la menace de missiles anti-navires et la capacité d’autodéfense des bâtiments n’apparaît plus alors comme un luxe lorsqu’on transporte 1 400 passagers supplémentaires dans son bateau. Heureusement pour nous, alors que ces capacités avaient été purement et simplement supprimées de nos bâtiments pour économiser de l’argent, l’un de nos chefs d’État-major a eu le courage d’imposer les modifications indispensables pour retrouver un peu de cette capacité ». La menace asymétrique (ou menace terroriste) tels les attentats-suicide ou téléguidés à partir de petites embarcations du type canots pneumatiques, le tir de missiles subsoniques plus ou moins « bricolés » à partir des côtes ou d’actes de piraterie qui sont tous en recrudescence, empêche tout déploiement sans escorte d’un BPC dans une zone pouvant présenter des risques. En effet, un trou capacitaire (gap) d’au moins cinq ans existe entre le retrait de bâtiments d’escorte datant des années 1960-1970 et l’entrée en service en 2008 et 2009 des deux navires de la classe Horizon ou Forbin (D620 et D621) puis celle, de 2012 à 2016, des six premières des neuf FRégates Européennes MultiMissions (FREMM) de classe Aquitaine. Ces bâtiments mettront en œuvre des missiles anti-missiles et anti-aériens Eurosam AéroSpatial TERminal (ASTER) : respectivement ASTER-30 de moyenne portée et ASTER-15 de courte portée.

Canons

Par ailleurs, pour des questions budgétaires, les 4 tourelles simples OTO Breda-Mauser de 30 mm (800 coups par minute et tirs consécutifs à 120 coups par minute) initialement prévues en encorbellement (à bâbord avant et tribord arrière) n’ont toujours pas été installées. La DGA projette d'équiper les 3 BPC, dont celui en construction, de tourelles de 30 mm automatiques et téléopérées.

Protection à courte portée

Un tireur et un chef de pièce prêts à lancer manuellement un missile mer-air d’autodéfense MBDA Mistral.

De fait, pour se défendre contre les menaces asymétriques, les BPC ne disposent actuellement que de deux Systèmes Intégrés Mistral Bi-munitions pour l’AutoDéfense (SIMBAD). Ces deux lanceurs manuels (bâbord arrière et tribord avant) bi-munitions et montés sur affût sont directement manœuvrés par le corps sanglé du tireur, tandis que le chef de pièce lui diffuse ses informations grâce à un viseur optique et l’aide à réapprovisionner le missile. Ce dernier, le MBDA Mistral mer-air à très courte portée (5 kilomètres) n’équipait jusqu’alors que les grandes unités de soutien ou les navires de combat à bord desquels il constitue l’arme d’« ultime défense » et non des bâtiments de 1er rang, qui disposent de lanceurs sextuples SADRAL.

La Marine nationale a, un temps, envisagé ce dernier système éprouvé qui, bien qu’utilisant le même missile, est intégré dans le système de coordination et de conduite de tir du bâtiment et permet le téléchargement des données relatives à la cible pour un lancement automatique de jour comme de nuit de 4 missiles (tir du premier cinq secondes après réception des données et du second trois secondes plus tard). Ce qui éviterait à la Royale d’avoir à remplacer SIMBAD par le système plus onéreux de défense aérienne de zone à courte portée de huit missiles MBDA Vertical Lauch-Missile d’interception, de Combat et d’Auto-défense (VL-MICA) dont l’intégration avait pourtant été prévue à l’origine dans les mêmes encorbellements. Finalement, ni les systèmes TETRAL et VL-MICA ne seront installés.

Hôpital

Le plateau technique des BPC est comparable à celui d’un hôpital d’une ville de 25 000 habitants, soit un hôpital de rôle 3 pour l’OTAN (contre rôle 2 pour le Charles-de-Gaulle ou les TCD classe Foudre, le rôle 4 étant dévolu à un Hôpital d’Instruction des Armées (HIA) terrestre). Il permet le traitement à bord de toutes les pathologies (y compris les plus complexes tels des actes de neurochirurgie) grâce, notamment, à un système de télémédecine via SYRACUSE. Cet hôpital, deux fois plus spacieux que celui des TCD type « F », comprend une vingtaine de locaux dont 2 blocs opératoires pouvant fonctionner simultanément avec 7 lits de soins intensifs, une salle de radiologie avec scanner et 69 lits, dont 50 pour les soins intensifs. L’embarquement de modules médicaux du Service de santé des armées (ou Formations sanitaires de campagne (FSC), les fameux « hôpitaux de campagne ») dans le hangar hélicoptères permet d’étendre la capacité à 50 autres lits.

Manœuvrabilité

Deux des trois moteurs diesel Wärtsilä du Mistral (avril 2006)

Mistral et Tonnerre sont les premiers bâtiments de la Marine nationale à être dotés d’une propulsion à base de 2 pods (propulseurs en nacelle), moteurs-propulseurs suspendus en nacelle sous la coque et dotés chacun d’une hélice. Ces pods sont alimentés par la machinerie interne du vaisseau (5 moteurs diesel Wärtsilä) et sont orientables à 360°, lui conférant une très bonne manœuvrabilité et libérant de l’espace, puisqu’il n’y a pas d’arbre d’hélice. Il n’est pas étonnant que Alstom/Chantiers de l'Atlantique aient proposé ce procédé tout électrique, utilisé sur de plus en plus de navires civils, dont le Queen Mary 2 qu’ils ont construit. Au chapitre des inconvénients, la fiabilité militaire à long terme de ces systèmes d’installation récente n’est pas encore prouvée, bien qu’en service sur les 4 LPD néerlando-espagnols des classes Rotterdam et Galicia (type Enforcer 13 000), commissionnés de 1998 à 2007 et les 2 LPD britanniques de la classe Albion entrés en service en novembre 2001 et juin 2003. En cas d’avarie des pods, le bâtiment devra effectuer un coûteux passage en cale sèche qui l’empêcherait d’être contractuellement opérationnel 210 jours de mer par an.

Habitabilité

L’espace gagné grâce à la propulsion par pods assure aux BPC (à la différence du PAN Charles-de-Gaulle conçu à une époque où l’ergonomie n’était pas de mise), qu’aucun câble ou tuyauterie n’est visible dans les larges coursives de la partie de vie avant. Dans le cadre de la gestion des crises et de la nécessité de « durer à la mer », la Marine prend en compte le soutien de l’homme. Conçue par les Chantiers de l'Atlantique, la partie avant offre un niveau de confort souvent comparable à celui de ses paquebots. Les 15 officiers du bord ont chacun leur propre poste avec bureau intégré et salle de bains. Les officier-mariniers supérieurs partagent la plupart du temps une cabine à deux. Les troupes embarquées sont de 4 à 6 par cabine, un confort spartiate mais « plus confortable que dans nos casernes », indique le lieutenant Jean-Pierre Royet de la Légion étrangère. Le vice-amiral Mark Fitzgerald, commandant la Deuxième flotte américaine, lors de sa visite du Tonnerre en mai 2007, aurait confié au commandant que lui-même aurait pu y loger 500 hommes, soit 3 fois plus que l’équipage actuel.

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