Pendant que, influencés par les idées socialistes, se développent en Palestine les premiers kibboutzim, avec leur plan sévèrement égalitaire et communautaire, la réflexion menée par les architectes de la fin du XIXe siècle débouche sur la notion d'urbanisme, terme qui apparaît en France au début du XXe siècle.
Tony Garnier, auteur de La Cité Industrielle (1917), reprend les principes antiques d'une division fonctionnelle de l'espace urbain tout en conservant des préoccupations esthétiques et hygiénistes en supprimant la clôture de l'ilot de la « ville-parc » et en utilisant des matériaux contemporains. La ville de Lyon a fait appel à lui pour concevoir et réaliser des quartiers industriels qui ne sont pas à l'image de son manifeste où s'articulent zones d'activités et zones résidentielles à faible densité et faible hauteur en gabarit. Son œuvre théorique influence à son tour les architectes soviétiques.
Ces préoccupations sociales se retrouvent chez Adriano Olivetti, qui développe ses idées en matière d'architecture et d'urbanisme dans Città dell'uomo (La Cité de l'homme), publiée à titre posthume. Il met en œuvre certaines de ces idées dans le développement de la vallée d'Aoste et dans la reconstruction de l'Italie d'après guerre.
Le projet de Baldwin Hills Village, qui voit le jour au début des années quarante aux États-Unis, se situe dans la tradition des cités-jardins.
La figure de proue de la tradition utopique dans l'urbanisme d'après-guerre est peut-être l'architecte Le Corbusier dont les idées, le purisme notamment, vont essaimer dans le monde entier, inspirant l'architecture des villes nouvelles d'Europe de l'Est et les instigateurs du brutalisme anglo-saxon. Son nom est intimement lié à la naissance de villes modernes telles que Chandigarh, dont il est l'architecte avec Albert Mayer, mais aussi Brasilia, dont le plan d'urbanisme est réalisé par Lucio Costa et Oscar Niemeyer. La « Charte d'Athènes » de 1933 est une tentative pour synthétiser les concepts qui doivent, selon Le Corbusier et ses amis, présider à l'élaboration de la « ville fonctionnelle ».
Louvain-la-Neuve est une ville nouvelle dont la construction débute dans les années 1970. Ses concepteurs ont essayé de répondre aux critiques faites aux villes modernes en posant trois principes : mixité, architecture sans gigantisme à taille humaine, absence de circulation automobile.
Cependant la construction de cités idéales reste un projet accessible à l'initiative utopique privée. Le mouvement pacifiste des années soixante, par exemple, se traduit par la fondation d'Auroville, ou par la multiplication de communautés hippies informelles dans les pays industrialisés.
Dans les années soixante-dix, des artistes américains mettent en place le projet d'« Illichville », d'après le nom du penseur de l'écologie politique Ivan Illich. « Illichville » est une utopie urbaine centrée sur la notion de décroissance et de convivialité. C'est à la même époque qu'apparaissent des concepts comme l'Arcologie de l'architecte Paolo Soleri, qui préconise un développement vertical de la cité, concepts qui sont largement popularisés par les auteurs de science-fiction. Plus modeste dans sa conception, l'écovillage naît du rejet de la société de consommation et de son gigantisme à la fin du XXe siècle.